Magazine Politique
C'est une vraie crise de confiance que doit affronter la majorité présidentielle pour sa rentrée. Le sondage IFOP publié demain dans Ouest France est sans appel.
La période qui débute jusqu'en juin 2009 annonce le probable retrait du Premier Ministre pour qu'un nouveau temps du mandat présidentiel s'ouvre au plus tard à la sortie de l'été 2009.
C'est une période très délicate qui débute pour François Fillon.
Le 21 septembre les sénatoriales marqueront une diminution du nombre de sénateurs de la majorité présidentielle. Certes pas au point de menacer la Présidence de cette Assemblée mais assez pour rappeler à l'opinion la poussée de la gauche lors des dernières élections locales.
Cette période se terminera par des européennes qui devraient être une terrible défaite pour l'UMP car c'est le scrutin de tous les risques tant il est "parfait" pour témoigner son mécontentement sans conséquence perçue pour les électeurs.
Entre temps, la rentrée sera composée de :
* l'audition de Bernard Tapie,
* les questions sur les raisons de la présence de la France en Afghanistan et l'accusation d'un alignement sur la politique de Bush,
* la crise économique,
* la préparation des régionales avec des concurrences locales fratricides,
...
Il ne reste comme embellie que la perspective d'un Congrès dramatique pour le PS.
Ce contexte national s'accompagne d'une conjoncture internationale particulièrement menaçante :
* l'Afghanistan est appelé à devenir un théâtre de véritables opérations de guerre. Les talibans veulent en prendre le contrôle. Les pertes humaines seront croissantes,
* la Géorgie montre, si besoin était, les limites et les dangers de l'émancipation de territoires de l'ex-URSS,
* les Etats-Unis entrent dans la période d'élection puis de transition qui les paralysera jusqu'à mi-janvier 2009, date de l'installation du nouveau pouvoir présidentiel,
* le Canada va probablement entrer dans une période d'élections générales anticipées,
* l'économie internationale est en phase de récession avec une économie Américaine qui a encore une vingtaine de mois délicats à traverser pour purger ses secousses dans l'immobilier et le crédit,
….
Dans ce contexte, garder le moral au beau fixe serait presque une preuve d'inconscience.
François Fillon sait qu'il lui faut durer pour passer le témoin dans les moins mauvaises conditions pour ouvrir la nouvelle étape du mandat présidentiel.
En réalité, ce contexte inverse le déroulement attendu en mai 2007. Nicolas Sarkozy a empêtré sa première année dans des actes qui ont choqué son électorat.
Le décrochage de l'automne 2007 était impensable au printemps 2007. A cette époque, on était en droit d'attendre deux premières années d'état de grâce politique avec une érosion progressive.
L'érosion a été rapide et brutale.
Il faut donc ouvrir une phase longue de reconquête.
François Fillon a-t-il encore la crédibilité pour entreprendre cette reconquête ou est-il usé avant même d'avoir servi ?
C'est l'une des interrogations de la rentrée politique.
Ce sondage Ifop est une pierre sérieuse dans la cour de l'actuel occupant de Matignon.