Pour l'internaute qui n'est pas au courant de l'affaire Nef, je rappelle que le brigadier Nef a été nommé chef de l'armée par Samuel Schmid, le piteux ministre suisse de la défense. Après sa nomination il est apparu que le général Roland Nef avait eu un comportement pour le moins répréhensible à l'égard de son ex-compagne, laquelle avait déposé plainte pénale contre lui pour harcèlement et contrainte. Ce comportement semait le doute sur la capacité du militaire à maîtriser ses nerfs au poste suprême occupé par lui. Samuel Schmid s'était montré dans ces circonstances égal à lui-même, c'est-à-dire nul (voir mes articles Samuel Schmid : 40 mois pour parachever la destruction de l'armée ? ,Samuel Schmid est surtout toujours capable... de ne rien faire , Samuel Schmid, le conseiller fédéral zéro ).
Pour Pascal Couchepin l'incident est clos avec la démission de Roland Nef, survenue le 25 juillet dernier et dont le Conseil fédéral n'a pris acte que ce mercredi, pour raison de vacances du pouvoir ... exécutif. Certes Samuel Schmid s'est un peu fait tirer l'oreille. Il n'aurait pas dû cacher à ses collègues du gouvernement que Roland Nef faisait l'objet d'une plainte pénale, mais ce n'était qu'"un accident de parcours" selon les termes du président de la Confédération qui a par ailleurs déclaré à propos de Samuel Schmid : "Il s'en tire bien ! D'autant mieux que cette année il a très bien organisé l'Eurofoot !" (voir 24 heures du 20 août ( ici ).
Roland Nef s'en tire très bien lui aussi. Lui sera versée la coquette somme de 275'000 francs d'indemnité de départ. Cette indemnité pouvait varier entre un mois et un an de salaire, soit entre 26'000 et 312'000 francs. Cette indemnité "convenable" en raison des "mérites du personnage", aux dires de Pascal Couchepin, est donc proche du maximum. Pourtant le général Nef n'est devenu chef des armées que le 1er janvier dernier. En un peu plus de six mois de commandement il aura donc mérité quasiment le maximum. Pour services rendus à la patrie ou pour sévices rendus à sa maîtresse ?
De plus ayant démissionné le 25 juillet dernier il recevra 156'000 francs, au titre de son délai congé de six mois pour la fin d'un mois, qui se terminera donc le 28 février 2009. Au total il recevra plus de 430'000 francs. Ce total a eu le don de faire monter au créneau les représentants de tous les partis politiques à l'exception du PDC qui est resté bien silencieux... S'ils ne contestent pas les salaires dûs au titre du délai congé, ils sont choqués par le montant de l'indemnité de rupture. Le vice-président de la Société suisse des officiers, Denis Froidevaux, déclare même : "Au niveau de l'éthique personnelle, je m'étonne que Roland Nef puisse encaisser 275'000 francs d'indemnité en connaissant les circonstances de son départ".
Par Le Matin du 21 août ( ici ) on apprend que la dernière édition de l'hebdomadaire Weltwoche ( ici ) donne peut-être les clés de ces largesses et du comportement de Roland Nef : "Le département de Samuel Schmid était au courant de la plainte qui pesait sur le futur chef de l'armée depuis le début de l'enquête de la justice zurichoise !" (il ne pouvait en être autrement puisque le département a donné son autorisation pour perquisitionner son ordinateur...); "pour les besoins de l'enquête, Roland Nef a subi un test psychologique (...) : il souffre d'un dérangement narcissique et n'a pas toute sa capacité de discernement" (le département de Samuel Schmid pouvait-il ignorer ce rapport ?) (voir sur ce dérangement l'article de Nathalie Ducommun dans Le Matin du 22 août ( ici ) ).
Le journaliste du Matin, Fabian Muhieddine, pose la question à 275'000 francs : "Au vu de la somme faramineuse versé (sic) à Roland Nef et puisque toute la lumière n'a pas été faite, le département de Samuel Schmid aurait-il payé le silence de son ancien employé ?".
Mais à part ça, tout va très bien Monsieur Couchepin !
Francis Richard