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ANTIDÉPRESSEURS : Difficile d’arrêter ?

Publié le 07 juin 2024 par Santelog @santelog
L'étude apporte des données réactualisées sur la prévalence des symptômes de sevrage, à l’issue d’un traitement par antidépresseurs (Visuel Adobe Stock 306823354)L'étude apporte des données réactualisées sur la prévalence des symptômes de sevrage, à l’issue d’un traitement par antidépresseurs (Visuel Adobe Stock 306823354)

Cette large méta-analyse, menée par une équipe de la Charité – Universitätsmedizin Berlin et de l’Université de Cologne, publiée dans le Lancet Psychiatry, apporte des données réactualisées sur la prévalence des symptômes de sevrage, à l’issue d’un traitement par antidépresseurs, précise les symptômes possibles et permet de mieux comprendre pourquoi chez le nombreux patients,

« la difficulté d’arrêter les antidépresseurs est souvent évoquée avec émotion ».

Est-il difficile d’arrêter de prendre des antidépresseurs ? Si l’on en croit les innombrables études scientifiques, l’arrêt de ces médicaments reste problématique et les médecins sous-estiment souvent les difficultés que ce sevrage implique pour les patients. On ignore cependant la fréquence précise de ces symptômes d’arrêt du traitement. Cette méta-analyse des données publiées sur le sujet aboutit à une première estimation :

  • 1 patient sur 3 signale des symptômes après l’arrêt du traitement antidépresseur ;
  • avec une conclusion néanmoins surprenante : la moitié de ces symptômes peuvent être attribués à des préjugés négatifs, c’est l’effet nocebo.  
  • Sur un plan strictement clinique, les antidépresseurs ne créent pas de dépendance. Contrairement aux « vraies » substances addictives, leur prise n’incite pas l’organisme à exiger des doses de plus en plus élevées pour maintenir le même effet thérapeutique.
  • Dans la vraie vie pourtant, de nombreux patients signalent des symptômes tels que des étourdissements, des maux de tête ou l’insomnie lorsqu’ils arrêtent de prendre ces médicaments.

Si de nombreuses recherches ont été menées sur ces symptômes de sevrage, « les résultats de ces études varient, et parfois considérablement », explique l’un des auteurs principaux, le Dr Christopher Baethge, chercheur en psychiatrie et en psychothérapie de l’hôpital universitaire de Cologne : « Il y a eu de nombreuses discussions, parfois passionnées, au sein de la communauté médicale mais aussi sur les réseaux sociaux, sur la prévalence et la gravité réelles de ces symptômes d’arrêt. »

L’étude est basée sur l’examen de plus de 6.000 recherche et, finalement, sur la méta-analyse de 79 études sélectionnées, comprenant à la fois des essais randomisés contrôlés par placebo et des études observationnelles sans groupe témoin. La méta-analyse est menée sur les données d’un total de 21.002 patients, 16.532 ayant reçu un antidépresseur et 4.470 un placebo. L’analyse fournit l’évaluation la plus solide à ce jour des conséquences de l’arrêt du traitement antidépresseur :

  • en moyenne, un patient sur 3 (31 %) ressent des symptômes après l’arrêt du traitement antidépresseur ;
  • seule la moitié de ces symptômes sont en réalité imputables au médicament lui-même ;
  • 17 % des témoins, ayant reçu un placebo, ont en effet déclaré des symptômes de « sevrage » similaires ; ce taux suggère que, chez les témoins, les symptômes sont soit apparus par hasard, indépendamment du traitement, soit sont le produit d’un effet nocebo ; l’effet nocebo est souvent considéré comme le reflet de l’effet placebo. Il explique l’observation selon laquelle les traitements inactifs peuvent être associés à des « effets secondaires ». Ces effets sont déclenchés uniquement par l’attente des patients -ou préjugés- quant à ces effets.
  • cela suggère finalement, qu’1 patient sur 6 ou 7 présente de « véritables symptômes de sevrage ».
  • dans la plupart des cas, les symptômes sont bénins ;
  • des symptômes jugés comme graves ont été relevés chez seulement 1 patient sur 35, soit 3 % des participants ;
  • enfin, les symptômes sont plus fréquents après l’arrêt du traitement par l’imipramine, la paroxétine, la venlafaxine et la desvenlafaxine.

La grande majorité des patients sous antidépresseurs pourront donc arrêter leur traitement sans présenter de symptômes cliniques. Cela signifie, en pratique clinique, que dans la plupart des cas, il n’est pas nécessaire de procéder à un processus de réduction long ou progressif.

 « Il est important que tous les patients souhaitant interrompre leur traitement par antidépresseurs soient suivis par des professionnels de santé et bénéficient d’un accompagnement individuel en cas de symptômes de sevrage », concluent les auteurs.

Source: The Lancet Psychiatry 5 June, 2024 DOI: 10.1016/S2215-0366(24)00133-0 Incidence of antidepressant discontinuation symptoms: a systematic review and meta-analysis

Équipe de rédaction SantélogJuin 7, 2024Équipe de rédaction Santélog

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