S.A. Cosby – Les routes oubliées

Par Yvantilleuil

Après deux immenses coups de cœur pour « La Colère » et « Le sang des innocents », je me devais d’également lire ce premier roman signé S.A. Cosby.

« Les routes oubliées » nous invitent à croiser celle de Beauregard Montage, un ancien délinquant ayant participé à plusieurs braquages en tant que chauffeur. Cela fait cependant déjà trois ans que l’as du volant s’est rangé, s’occupant d’une part de sa femme et de ses enfants et d’autre part de ce garage qu’il tente de faire tourner avec son cousin. La seule petite ombre au tableau étant que les affaires vont au plus mal et qu’il croule désormais sous les dettes. Alors, même s’il veut à tout prix rester dans le droit chemin, la route la plus courte, qui lui permettra d’à nouveau joindre les deux bouts et d’effacer toutes ses ardoises, passe par un petit braquage apparemment sans risque…

Comme toile de fond de ce roman foncièrement noir, S.A. Cosby plante un drapeau confédéré dégoulinant de racisme dans un petit bled de Virginie nommé Red Hill. L’American Dream n’étant pas vraiment au menu de cet endroit parsemé de mobil homes délabrés, d’ivrognes et de junkies, l’espoir se construit autour de petites combines pour les moins bien lotis et de banditisme à plus grande échelle pour ceux qui ont de meilleures armes. S.A. Cosby nous dresse donc le portrait d’une Amérique raciste et inégale où même le plus droit des chemins s’avère parsemé de nombreux virages…    

Le lecteur ne met donc pas longtemps à s’attacher à la droiture de ce père de famille aimant qui a décidé de tourner le dos à la criminalité. Un homme subitement confronté à ses anciens démons et se retrouvant face à un dilemme d’envergure : un dernier coup juteux ou la faillite, la pauvreté et l’incapacité d’entretenir sa famille, de financer les études de ses enfants et de continuer à payer la maison de repos de sa mère ?

La première moitié de roman propose donc un récit assez classique, où un ancien malfrat se voit proposer un dernier coup dont on devine très vite qu’il va forcément mal tourner. La deuxième moitié est cependant plus rythmée, parsemée de courses poursuites et de cavales haletantes et sublimée par une plume particulièrement cinématographique, trempée dans l’adrénaline et la testostérone et incitant le lecteur à tourner les pages en enclenchant le turbo dopé au protoxyde d’azote.

Même si j’ai préféré « La Colère » et « Le sang des innocents », j’ai été totalement absorbé par ce bled où toutes les routes mènent à la criminalité et j’invite donc tout le monde à lire les romans de S.A. Cosby au plus vite.  

Les routes oubliées, S.A. Cosby, Sanatine, 341 p., 22€

Elles/ils en parlent également : Stelphique, Fabienne, Marcel, Domi, Calypso

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