Internet, dont l'accès est de plus en plus aisé, grâce aux téléphones portables, a pris une importance de plus en plus grande dans la vie des gens. D'aucuns s'en réjouissent quand d'autres s'en alarment.
À la faveur de ce développement, un nouveau métier est apparu, celui d'influenceur. Le dictionnaire Larousse donne les définitions suivantes de ce néologisme qui, bien sûr, se décline au féminin:
- 1. Personne qui, par sa position sociale, sa notoriété et/ou son exposition médiatique, a un grand pouvoir d’influence sur l’opinion publique, voire sur les décideurs.
- 2. Spécialement: Personne qui, en raison de sa popularité et de son expertise dans un domaine donné (mode, par exemple), est capable d’influencer les pratiques de consommation des internautes par les idées qu’elle diffuse sur un blog ou tout autre support interactif (forum, réseau social, etc.).
La rémunération d'un influenceur dépend évidemment du nombre de personnes qui le suivent - en bon français, ce sont ses followers - et du nombre d'interactions que ces derniers ont avec lui.
C'est ce milieu qui suscite la verve satirique de Quentin Mouron dans ce nouveau roman, dont le titre à rallonge est à lui seul tout un programme: La dernière chambre du GRAND HÔTEL ABÎME.
En fait l'auteur dirige ses projecteurs sur un petit monde parmi ces influenceurs. Qui se connaissent tous, plus ou moins, même au sens biblique, et ne s'interdisent aucune orientation sexuelle.
Dès le prologue, le lecteur sait que, dans ce roman, qui n'est pas un polar, un meurtre est commis: Sixtine est retrouvée par un employé, gisant, brisée et sans vie, à côté de la piscine de l'hôtel.
Qui sont ces influenceurs? Sam, qui a rompu avec Sixtine, Lola qui partage son lit avec Hugo, avec lequel Sam a plus que sympathisé, tous devant se retrouver pour une rencontre entre pros à Venise.
Sixtine, dont le lecteur connaît la fin tragique, se console avec Rocco de sa rupture avec Sam. Hugo, qui n'a pas beaucoup de considération pour elle, dans un message, lui débine son nouveau gars.
Ce petit monde, que l'auteur situe au départ en divers lieux d'Italie avant de le réunir à Venise, entretient des relations compliquées entre ses membres, qui naviguent entre le virtuel et le réel.
Comme ils se connaissent tous, leurs vies affectives se mêlent et s'entremêlent. Si certains préfèrent la réalité, la plupart semblent ne pas vouloir la distinguer de la virtualité, c'est-à-dire du théâtre.
Le lecteur doit savoir que l'auteur est engagé et que de temps en temps, une réflexion partisane lui échappe. Il ne la partagera pas forcément, mais, prévenu, il ne s'en offusquera pas outre mesure.
Ce qui permettra au lecteur, en désaccord avec l'auteur sur le fond, d'apprécier sa satire, c'est la forme, même si la ponctuation, singulière et changeante au cours du récit, peut parfois le chagriner.
Francis Richard
La dernière chambre du GRAND HÔTEL ABÎME, Quentin Mouron, 176 pages, Favre
Livres précédents:
Au point d'effusion des égouts, Olivier Morattel Éditeur (2011)
Notre Dame de la Merci, Olivier Morattel Éditeur (2012)
La combustion humaine, Olivier Morattel Éditeur (2013)
Trois gouttes de sang et un nuage de coke, La Grande Ourse (2015)
L'âge de l'héroïne, La Grande Ourse (2016)
Vesoul le 7 janvier 2015, Olivier Morattel Éditeur (2018)
Jean Lorrain ou l'impossible fuite hors du monde, Olivier Morattel Éditeur (2020)
Pourquoi je suis communiste, Olivier Morattel Éditeur (2022)
La haine des oiseaux, Olivier Morattel Éditeur (2022)