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Le palais au-delà de la mer, Xenia V.

Par Maliae
palais au-delà mer, Xenia

Résumé : Heiankyō, 1042 : à la cour impériale, une mystérieuse artiste-peintre subjugue l’ensemble des courtisans grâce à ses estampes qui prennent vie sous son pinceau. Enchanteresse ou sorcière, dame Shimoko attire bientôt l’attention de l’empereur…

Tōkyō, 2007 : Sanae Nagakurai est la fierté du lycée Hanagawa. Travailleuse, autoritaire, déterminée, elle représente tout ce que l’on attend d’une élève modèle. Mais c’est sans compter sur la tyrannie qu’elle exerce autour d’elle, sur tous ceux qui ne répondent pas à ses critères de perfection. Elle n’a qu’une idée en tête, être meilleure que sa sœur aînée Izumi, l’enfant prodige de sa famille. Mais lorsque Sanae découvre que son père entretient une relation extra-conjugale avec la mère d’une de ses camarades de classe, toutes ses convictions s’effondrent, et elle prend la fuite en s’engouffrant dans le premier métro.
Contre toute attente, celui-ci l’emmène bien plus loin que ce qu’elle espérait, jusqu’à une île isolée où se dresse un étrange château monumental. En voulant rebrousser chemin, Sanae réalise qu’il est impossible de quitter ce Palais au-delà de la Mer.

Pour public averti

Avis : Je voulais tenter ce livre car il m’intriguait même si j’avais très peur de ce qu’il allait me faire ressentir. En effet, Sanae n’est pas un gentil personnage qui répand le bien autour d’elle, c’est une personne terrible qui harcèle ceux qui ne lui conviennent pas, et quand je dis harcèle, elle va très très loin dans ce qu’elle fait. Entourée de ses deux meilleures amies Kagura et Mizuko, elle fait régner la loi dans son lycée. Mais tout n’est que façade. Sanae est hantée par le fantôme de sa sœur Izumi, supporte des parents qui ne se satisfont jamais d’elle et de ce qu’elle fait pour leur plaire malgré ses talents pour la calligraphie. Elle est prise dans une relation adultère avec un adulte beaucoup plus vieux qu’elle. Sa vie est loin d’être facile et d’une certaine façon, elle fait subir aux autres ce qu’elle se fait subir à elle-même. Alors ça pardonne pas ce qu’elle fait, ça l’explique. Et puis suite à des événements, Sanae va se retrouver enfermée dans le palais au-delà de la mer et va chercher par tous les moyens d’en sortir.

En parallèle, on a l’histoire de Dame Shimoko qui a un talent pour la peinture, ses œuvres sont magiques, elle peint dans l’eau et dans l’air, et fascine la cour de l’Empereur, en même temps qu’elle s’attire les jalousies des courtisanes.
Les deux histoires se retrouvent liées.

Cette lecture était étrange, pas seulement par ses événements mais dans l’était où elle m’a mise aussi. Sanae est détestable et j’ai été incapable de complètement la détester. Elle m’a touché alors qu’elle aurait dû me répulser. L’autrice a réussi par son écriture, à mettre des mots sur la souffrance de Sanae, et même si oui, je continue à le dire, ses agissements sont impardonnables, l’histoire est plus profonde que simplement une fille qui harcèle les autres et le personnage de Sanae est bien construit.

On se retrouve plongé dans un monde fantastique, où le réel ne semble plus avoir prise et Sanae se retrouve prisonnière et va chercher à s’enfuir. C’était un peu un mélange entre Alice au pays des merveilles et le voyage de Chihiro, mais en plus sombre, plus glauque et plus dangereux. J’aimerais ne pas trop en révéler du livre, mais Sanae ne sera pas complètement seule (même si elle ignore une partie de ce qu’il se passe). Et plus j’avançais dans l’histoire plus je me suis attachée à Sanae. Mais également aux relations amicales et à la relation de Sanae avec Izumi.

L’autrice a une écriture sublime, elle arrive à faire naître des décors de dingue dans notre esprit et mêle la poésie à des personnes qui jurent comme des charretiers par moment. L’art est omniprésent dans cette histoire, sous toutes ses formes ou presque.

J’ai vraiment adoré ma lecture, plonger dans les pages, dans la magie du livre et dans ses horreurs. J’ai été surprise par les révélations, j’ai été prise par les événements, j’ai été percuté et touché aussi, j’ai pleuré pas mal. Que ce soit de tristesse ou d’émotion. C’était une lecture qui coupe un peu le souffle par moment.

Une très belle découverte, même si la violence qui se dégage de la beauté peut sans doute heurter les lecteurs et lectrices. D’où le « pour public averti ».

Phrases post-itées :
« Parfois, quand j’ai l’impression d’être dépassée par la vie, je ferme juste les yeux, et je m’imagine dans une pièce magique qui s’ouvre exactement sur l’endroit où j’ai envie d’être. »

« Si tout le monde était mort, elle aurait été la meilleure, n’est-ce pas ? Mais pouvait-on vraiment être la meilleure, si personne n’était là pour le reconnaître ? »

« L’art était un royaume immobile où elle aurait voulu avancer sans personne, avec seulement ses yeux pour voir, et son cœur pour ressentir. »

« Quand l’irrationnel est banalisé, c’est la raison qui passe pour une folle. »

« Mais je ne peux pas m’empêcher de penser que Sanae souffrait beaucoup, et qu’elle faisait payer aux autres ce qu’elle se reprochait d’abord à elle. »

« Parfois, même si on s’aime, on aspire à des choses différentes. »

éé

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