Magazine Culture
Pendant que les plus chanceux - dont je faisais partie, j'en parlerais très bientôt - des amateurs de rock indépendant parisiens allaient tous à la grand messe de retour de la discrète prêtresse Beth Gibbons à la salle Pleyel, les autres se rabattaient sur le concert des frappadingues de Fat White Family à la Cigale. Je n'ai pas encore eu l'occasion d'assister à une de leurs prestations mais ce groupe est connu pour ses lives déments où presque tout semble pouvoir se produire. A défaut de pouvoir le vérifier, je vais donc continuer à parler de leur production discographique avec le dernier album en date, le dénommé "Forgiveness is yours", plus maîtrisé et plus varié que jamais. Ceux qui croyaient - comme moi, j'avoue - que Fat White Family était juste un énième groupe de petits branleurs anglais bas du front sans talent particulier dont la carrière n'allait pas faire long feu, se sont bien trompés. On ne compte aussi plus les groupes parallèles (Insecure Men, Moonlandingz, Warmduscher) de leurs membres notamment le guitariste Saul Adamczewski, malheureusement parti définitivement avant cet album, preuve de leur générosité et de leur trop-plein d'inspirations.
Fat White Family, malgré leur style indéfinissable est trop étroit pour faire rentrer tous leurs désirs musicaux. En tout cas, ce "Forgiveness is yours" est une vraie réussite, surprenant et passionnant de bout en bout, distillant au passage son discours politique, forcément sombre. Le groupe est en train de s'installer progressivement parmi les formations rock les plus essentielles de l'époque, avançant à son rythme, véritable électron libre, en dépit de tout plan de carrière pré-établi.