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Un petit tour dans certaines des conférences du FIBD 2024 ?

Par Juju-Gribouille @JujuGribouille

A côté des multiples expositions que nous n'avons pas pu toutes explorer tant elles étaient nombreuses, il y avait aussi des conférences. Là encore, on croulait sous le choix et la variété. Et les choix, j'ai dû en faire car je ne pouvais malheureusement pas tout couvrir.
Aussi, je vais vous parler de quelques unes de ces rencontres, sur des sujets bien différents.
Pour une fois, j'ai été traîné mes baskets du côté de la médiathèque, située juste derrière la gare d'Angoulême. Là, j'ai pu assister à deux rencontres passionnantes. Si vous avez lu l'article qu'on a consacré aux expositions avec Katia, vous savez par qui je vais commencer...

Rintaro, du Roi Léo à Albator !

Tout d'abord, honneur aux anciens, Rintaro était venu du Japon. Un moment passionnant où nous avons découvert toute sa carrière. Avoir en face de soi quelqu'un qui a travaillé avec Osamu Tezuka, le fondateur du manga tel qu'on le connaît aujourd'hui, c'est quelque chose. Rintaro a été engagé par le studio Mushi productions, fondé Par Tezuka, qui voulait alors se lancer aussi dans l'animation. Rintaro a travaillé sur Astro mais il a obtenu le poste de réalisateur sur l'adaptation du Roi Léo en série (c'était dans les années soixante). Un beau début ! Quand Mushi Productions a fermé pour des soucis financiers, il a rebondi en intervenant pour plusieurs studios et, dans les années soixante-dix, a réalisé la série Albator, adapté du manga de Leiji Matsumoto.

Dans les années quatre-vingt, il a réalisé son premier long-métrage, Galaxy Express 999. Puis dans les années 2000, il a réalisé Metropolis, d'après le manga de Tezuka, lui-même inspiré du film de Fritz Lang.

Rintaro est un jeune homme fringuant de... plus de quatre-vingt ans ! Heureux d'être là, de raconter son parcours, de nous livrer quelques anecdotes, c'était un beau moment et une chance d'avoir pu assister à cette rencontre.

Si vous l'avez raté, sachez que une BD est sorti revenant sur sa vie : Rintaro, ma vie en 24 images par secondes, parue chez Kana. Un grand et gros pavé, on en attendait pas moins pour plus de soixante ans de carrière...

Restons dans le manga avec Tony Valente !

La seconde rencontre à laquelle j'ai pu assister était celle avec Tony Valente, l'auteur du manga Radiant. Là encore, c'était un plaisir et une chance. On ne se rend compte qu'en l'écoutant de l'humilité de cet auteur. Les dix ans de sa série était l'occasion d'organiser cette conférence. Tony Valente revient sur ses débuts, sur le bonheur de voir son manga adapté au Japon en série animée, son travail de scénariste et de dessinateur. Il explique les soucis que peuvent occasionner les traductions dans différentes langues, l'anime est en japonais, mais le manga a été traduit en plus de vingt langues. Toujours avec modestie, il nous livre des moments de vie, des souvenirs, son organisation de travail, comment il compose avec ses qualités et se défauts pour tâcher d'être le plus efficace possible. Grâce aux questions du public, il a aussi donné quelques conseils à des auteurs et autrices en herbe. Tony Valente étant autodicacte, il ne vous conseillera pas une école de manga, car il n'a d'avis sur aucune, mais en tout cas, le travail, le travail, le travail. Dessiner, dessiner, dessiner, et effectivement, le fait d'avoir des retours sur ses planches de pro dans des écoles peut être intéressant et permettre de progresser plus vite que tout seul.

Après la médiathèque, pourquoi ne pas faire un tour au pavillon jeune talent ?

Et une conférence sur la protection des œuvre, une !

J'ai pu assister à deux conférences, parmi le paquet qui étaient proposées dans ce lieu. La première, très instructive, sur la protection de ses créations graphique, était animée par Yann Basire et Chloé Pildore, venus de Strasbourg.

Ils nous débroussaillaient le monde du droit, entre droit d'auteurs, droit des marques, des dessins modèles ou des produits dérivés. En s'appuyant sur des exemples concrets, ils ont pu expliquer de manière simple (enfin, autant que ça l'était possible) les problématiques de gestion des droits. L'occasion de découvrir ce qui peut être protégé dans une création de BD, et ce qui ne peut pas l'être.

Une rencontre très dense, avec deux animateurs disponibles pour répondre aux questions en même temps qu'ils essayaient de présenter l'ensemble de ce qu'ils tenaient à nous dire. Un challenge compliqué presque tenu, tant le sujet était dense.

On parle Webtoon ?

L'autre conférence à laquelle j'ai assisté était orientée autour du webtoon. Un représentant de la plate-forme Webtoons (webtoon Naver) venait prodiguer des conseils pour réaliser son premier webtoon (et les suivants aussi d'ailleurs). Des conseils sur le choix des couleurs : opter pour des teintes vives, éviter le Noir et blanc qui est le moins lu sur la plate-forme. Bien sûr, il a abordé la narration verticale. Je dis bien sûr, car, si vous ne le saviez pas, le webtoon est une BD numérique qui se lit en scrolling vertical. Sur votre téléphone, vous faites défiler les cases en scrollant avec votre pouce.

Suivaient aussi des conseils de composition par rapport à ce format vertical, comme la technique du Zoom-in - vous vous rapprochez de votre personnage au fur et à mesure des cases, ou celle du cadre fixe - votre personnage évolue dans le décor cadré de la même manière, créant un effet un peu d'animation - . L'avantage de ces deux techniques est qu'elles vous permettent de réutiliser différemment tout ou partie de cases déjà dessinées.
D'autres conseils étaient aussi donnés sur la gestion de l'espace : comme éviter les bulles à la même hauteur. A côté de tous ces éléments pratiques, le rythme de publication était aussi abordé. Bien sûr, tous ces conseils étaient par rapport aux statistiques et études menées sur la plate-forme webtoon Naver. Mais comme il y a maintenant de nombreuses plate-formes de webtoon, ces règles peuvent fonctionner ailleurs mais ne sont pas règles d'or.

Nous avons aussi eu droit à une courte présentation dramaturgique inspiré du voyage du héros pour aider les apprentis auteurs à développer leurs scénario.

Rencontre avec Leaf, l'autrice de Because I can't love you

Puis, j'ai pu assister à une interview d'une autrice de Webtoon : Leaf, créatrice de Because I can't love you. Un webtoon romance qui va être adapté en format papier chez Dupuis/Vega. Elle revenait sur ses méthodes de travail mais aussi sur la pression qui reposait sur ses épaules. Sortir contre ventes et marées un épisode par semaine peut amener au burn-out l'auteur ou l'autrice non préparée. C'est ce qui lui est arrivée. Aussi, Leaf a lancé une recommandation à tous et à toutes, ayez une vie en-dehors du webtoon, si vous devez passer 24h sur 24 pour tenir un délai, vous ne tiendrez pas sur le long terme. Il faut s'aménager des pauses. Son éditrice, qui animait l'interview, a rebondi sur le sujet en expliquant que Webtoon avait constaté à un moment que ses auteurs étaient épuisés, voire cramés. Maintenant, ils leur demandent un nombre d'épisodes minimum à fournir avant de lancer la série, ce qui permet, en cas de mauvaises surprises, de maladie, d'avoir le temps de rebondir. Ils préconisent entre cinq voire dix épisodes d'avance.

Rencontre avec Claude Leblanc autour de Garo !

Et je voulais finir avec une conférence qui a été une vraie surprise pour moi, celle de Claude Leblanc sur le magazine japonais Garo.

Auteur d'un livre retraçant l'histoire de ce mensuel, paru en 1964 jusqu'en 2004 environ, Garo a été à la pointe de l'avant-garde manga.

Nombre de ces auteurs sont maintenant connus pour d'autres oeuvres alors qu'à l'époque, ceux et celles qui venaient chez Garo avaient souvent été refusés ailleurs. Le magazine, fondé par deux personnes, Sampei Shirato, l'auteur de Kamui-Den qu'il publia dans la magazine et Nagai Katsuishi qui était l'éditeur. Garo avait pour but d'éveiller les consciences des enfants sur la société japonaise avec des histoires à plusieurs degrés de lecture, comme Kamui-Den. Finalement, et de manière inattendue, ce sont les jeunes étudiants qui ont été motivés par Garo, dans un Japon en ébullition au coeur des sixties, manifestations étudiantes, conflit avec les forces de police, Garo est devenu un refuge pour nombre d'idéalistes, qui pensaient que le Japon pouvait être autrement.

Le magazine a évolué au fil du temps, Sampei Shirato a quitté Garo, qui, d'avant-garde idéologique, est passé dans l'avant-garde graphique et proposait des récits toujours différents, souvent tournés vers les histoires vécues, avec toujours des dessins originaux qu'on ne retrouvait pas ailleurs. Mais avec l'explosion de la surconsommation, et le retour à l'ordre, Garo a perdu du public, et finalement, après la mort de Nagai Katsuishi, le magazine a été racheté, mais devant les décisions du nouveau propriétaire, la majeure partie de l'équipe est partie et a fondé AX, qui a pris la relève de Garo.

Pour en savoir plus sur ce magazine, vous pouvez vous procurer le livre de Claude Leblanc La révolution Garo 1946-2002, paru aux éditions IMHO.

Unhappy end ?

Voilà un petit tour de quelques conférences qui ont émaillé le festival, il y en avait beaucoup d'autres que j'ai ratées, à mon grand regret. Mais j'essayerai de faire mieux l'année prochaine.


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