WAR RAOK’N ROLL #3 - La Grande Ourse - KO-MA - Saint-Agathon, le 24 mai 2024

Publié le 29 mai 2024 par Concerts-Review

WAR RAOK'N ROLL #3 - La Grande Ourse - KO-MA - Saint-Agathon, le 24 mai 2024

NoPo

KO-MA Vendredi 24/05/2024 - La Grande Ourse - War R&R anniversaire Distoufer

Le Fût chantant de Saint-Brieuc avait accueilli les tourangeaux le 23 Novemvre 2023... pendant que nous partions ailleurs faire un tour alors que Distoufer ce soir vient en séance de rattrapage..
Outre la traduction de tire-bouchon, Distoufer sait tout faire et notamment cette fête, parfaitement organisée.
Comme les concerts alternent entre la salle de la Grande Ourse et la scène extérieure, ce qui permet un enchainement court, le trio a tiré la verdure à la courte paille.
Avantage : le public, plus nombreux, qui se masse autour des buvettes et alimentation, assiste au show,
Inconvénient : moins de monde devant et une température un peu fraiche...

On avait KO-KO-MO de Nantes avec 2 'K', voici KO-MA de Tours, un 'K' (mais non pas l'indien!). En 2020, ils étaient 2... non pas les K mais les musiciens et maintenant, à 3, ils hésitent à appeler le groupe KO-KO-MA...
En route pour la présentation des artistes :
Léonard Szakow (chant clair et guitare + textes), Eliot Remblier (batterie et chant clair/saturé + mixage et mastérisation, de formation Jazz) and Pierre-Louis Geslin (Basse).

Au tableau (noir), un EP "Live Now and Again" paru en 2022, un 4 titres "Trencadis" (mosaïque) sorti fin 2023 et un maxi (qui fait bien mieux que le minimum), feat. Benjamin Charrier (pas un faux pas, Charrier!), publié en début d'année.
Leur musique prog-métal, post-rock, résonne dans des paysages mélancoliques voir dépressifs, tout ce que j'aime...

Ouverture avec le dernier titre de 'Trencadis', très long, intitulé 'T.P.Fact'.
Un arpège morose, à la guitare, accompagne un chant, d'abord morne, et qui dénivèle par monts et vaux. Après plusieurs ruptures, des ailes poussent à l'orchestration et la voix saturée s'emporte.
Puis, le morceau déroule une ambiance atmosphérique avec une basse caoutchouteuse et un rythme tout en contretemps. Le batteur au chignon, très expressif, se met à tout fracasser.
Très long, le titre amène doucement le public dans son cosmos avec une batterie éclatante et des lumières intenses avant de se dissiper comme un mirage sonore.

Pas de chance, au début du titre suivant, alors que les musiciens commençaient à mijoter et monter la sauce, plus de jus pour Léonard... pas un coup de barre hein, mais un blackout électrique!
Les techniciens s'affairent pour remplacer l'alimentation puis ça repart avec un coup de froid sur le climat.

'P.Time' enchaine sur des bases un peu plus rapides que le premier titre avec une rythmique utilisant le bord du cercle au début et une basse chaotique.
Les vocaux passent de Léonard à Eliot ou parfois ensemble clair/crié 'You tell me'. On peut penser à Biffy Clyro, Circa Survive, Bring me the Horizon.

Maintenant, la température pénalise les musiciens et casse la montée en puissance du set car Léonard doit se réaccorder entre chaque titre.

Des bandes de fumée enveloppent le climat sombre de 'U.Hills' où se succèdent passages plaintifs en équilibre précaire et brefs moments telluriques qui finissent par prendre le dessus.
Pierre-Louis se cache derrière ses cheveux qu'il secoue souvent. Eliot dégage beaucoup d'explosivité que Léonard tempère par sa voix plus calme.
L'éclairage apporte beaucoup à la pression globale de l'instant.

Ils déroulent le 4 titres, dans le bon sens cette fois, avec 'M.M.I'.
Les paroles s'accordent parfaitement au ressenti introspectif de tristesse jusqu'à l'angoisse.
Eliot expulse ses sentiments en cris saturés du plus bel effet. Final de toute beauté avec une orchestration pleine.

Les KO-MA jouent avec les points et non les virgules (comma) dans les titres. Avec des poings, le risque serait 'coma', mais le ko n'existe que dans la première syllabe.
Aaargh, d'après la set-list le prochain morceau s'appelle '#', bientôt /, ? ou ! impossible à prononcer... ah c'est pour ça qu'ils hurlent?

On tape dans l'EP, à présent, en démarrant par 'Square' qui reprend des successions de temps calmes, temps forts qu'on anticipe avec impatience.
Les clameurs, en chœurs, sur une guitare vindicative nous enivrent. La plage fonctionne telle la marée en va-et-vient.

'Beauty flaw' surfe sur cette combinaison vocale qui fait l'une des forces de KO-MA, une autre réside dans ses mélodies triturées qui nous emportent.

'Bitter mind' souffle, en entrée, une pulsation lente avant de cracher son amertume en déboulés de batterie et chant fébrile.
Le groupe aime les stops pour mieux lâcher ses breaks. Le riff de guitare, smashé, entraine une agitation qui pourrait conduire au pogo.
A mi-morceau, 'Oh temps suspend ton vol' juste pour une respiration coupée par un final explosif, Le batteur (cheveux défaits, plus de chignon) éructant ses gémissements émouvants tout en multipliant la double-pédale.

Suit l'enchainement vers 'Modern injury' sur une cadence sautillante frappée sur le cercle, bordée d'une guitare effervescente qui accompagne un chant désolant.
La dépression, pas loin, s'exprime par déflagrations ponctuelles alors que la basse caracole sur une cadence rampante et menaçante.
Comment expliquer qu'on trouve leurs hurlements harmonieux et leurs éruptions sonores euphoriques dans cette conclusion déchainée?

Le set atteint son paroxysme derrière lequel un riff rapide bascule vers 'Relief has a price' où se relaient, de nouveau, secousses et accalmies.
La batterie aime jouer la montre (tic-tac) puis se précipiter. La voix s'envoie en ton hip-hop.
Après un couloir de basse, on débouche sur un paysage sonore énervé, plein de déferlantes. Un moment épique!
Le groupe se lâche totalement, Léonard venant prendre la température au milieu des premiers rangs qui se rapprochent pour le tenir au chaud.
Un dernier morceau achevé dans des vibrations chaotiques.

Les musiciens, extrêmement impliqués et sympathiques, finiront par transmettre leur enthousiasme, un peu plombé (comateux?), au début, à cause de conditions techniques compliquées.
Chiadées, les compositions de KO-MA invitent l'auditeur à une plongée en apnée. Gros potentiel en cours de maturation mais qui envoie déjà du bois!