Crédit photo : Sarah DeVries/SXC
Vous le savez maintenant, je suis l’éducatrice d’un groupe de 10 enfants qui prendront leur envol à la fin de l’été pour la maternelle. Malgré qu’ils n’aient que 4 ou 5 ans, mes enfants ont tous droit à leur opinion et très souvent, nous négocions ensemble. C’est une bonne manière d’arriver à un compromis satisfaisant sans que personne n’ait l’impression de perdre. Je ne me considère surtout pas comme le chef de mon groupe, je me plais à croire que je suis plutôt un guide de passage dans leur vie. J’essaie de leur donner le meilleur de moi-même et de respecter les valeurs véhiculées par mon CPE.
L’autre jour, je suis allée faire une petite visite dans le groupe des 2 ans. Je suis impressionnée de voir jusqu’où ma collègue a pu les mener depuis septembre. En la regardant faire ses interventions, je me dis souvent quel talent et quelle patience elle peut avoir cette fille! Elle n’a pas une minute de répit dans une journée et quand je dis une minute, je n’exagère même pas…
Malgré tout, elle trouve essentiel d’initier la négociation avec eux. Petit à petit, elle leur donne des options et, comprenant l’enjeu, ils en ressortent gagnants. Bien que ça soit elle qui donne les choix, l’enfant a quand même l’impression d’avoir son mot à dire… C’est d’ailleurs le but de l’exercice; leur apprendre à faire des choix. C’est bien plus simple quand nous pouvons nous permettre de faire des concessions. Je crois bien que mes pigeons l’ont compris maintenant. Ils ne le font peut-être pas toujours systématiquement mais lorsque je les observe en jeux libres, il n’est pas rare que je les entende s’offrir des choix entre eux. Je comprends maintenant pourquoi, ils ont déjà quelques années de pratique derrière eux!
Je vois souvent des parents qui tentent de donner des choix à leur enfant, mais est-ce toujours le bon moment? Je sais bien que ce n’est pas toujours facile… Moi-même, je suis toujours prête à négocier et j’aime initier cette négociation mais je crois aussi que tout ne se négocie pas, autant pour les enfants que pour nous! Par exemple, je ne crois pas qu’on doive systématiquement négocier avec un enfant son départ de fin de journée du CPE. Vous pouvez négocier pour qu’il termine son casse-tête en le faisant avec lui en toute complicité. En effet, le laisser finir une activité de courte durée, en fin de journée, peut lui permettre de rentrer chez lui avec le sourire, sans la frustration d’avoir commencé quelque chose sans pouvoir le terminer… Par contre, si à chaque soir, il vous faut systématiquement négocier un cinq minutes de plus et renégocier ce dernier cinq minutes par un autre cinq minutes… L’enfant comprend-il vraiment qu’il apprend à négocier ou bien n’a-t-il tout simplement pas l’impression d’avoir gagné, peu importe le choix?
Tout ne se négocie pas. Je ne négocie pas mon horaire de travail, pas plus que les heures d’ouverture de ma banque ou les dates des paiements de mes comptes mensuels… La vie est ainsi faite! Par contre, je vais négocier à quel resto j’irai manger avec des amis ou l’heure d’un départ pour une fin de semaine au chalet et bien d’autres petites choses de la vie quotidienne! En montrant aux enfants à négocier, nous leur montrons à choisir… ce qui n’est pas toujours facile! Nous leur montrons à faire preuve de tolérance et leur inculquons même que d’être enfant ou adulte ne donne pas nécessairement toujours raison.
Bonne journée,
Marie-claude
Réf: Petit monde.com