Ringo Starr n’a jamais prétendu avoir la plus grande voix du monde. Autant les gens adoraient sa personnalité chez les Beatles, il aurait été tout aussi heureux de rester derrière les tambours et de plaisanter sur son manque de justesse plutôt que de devoir porter le groupe à chaque concert. Il est difficile d’être le moins talentueux des Fab Four lorsqu’il s’agit de chanter, mais l’une de ses performances les plus tendres sur The White Album est quelque chose qu’il en est venu à regretter après un certain temps.
Étant donné combien le groupe ne s’aimait pas pendant la réalisation de l’album, nous devrions nous estimer chanceux d’avoir eu des chansons de Starr sur l’album. Tout le processus a vu John Lennon, Paul McCartney et George Harrison se transformer en artistes solo sous nos yeux, laissant Starr comme le humble batteur de session la moitié du temps, essayant de tout tenir ensemble.
Pour une odyssée de chansons aussi longue que la plupart des longs métrages, comment diable est-on censé conclure les choses ? Certes, « Revolution 9 » a peut-être été une expérience amusante pour Lennon, mais laisser tout se terminer sur cette note aurait laissé tout le public désorienté à la fin.
En remplacement, Lennon a écrit « Good Night » comme une belle façon de tout conclure. Même selon les normes magnifiques des Beatles, c’est le genre de ballade que la plupart des compositeurs de Disney auraient aimé écrire, avec Starr comme chanteur principal accompagné d’un orchestre pour clore l’album.
En fait, Lennon devait prendre la voix principale et est même allé jusqu’à faire un enregistrement, mais la version de Starr fait tout aussi bien l’affaire. Malgré sa voix impressionnante, Starr a affirmé qu’il avait dû regagner une partie de sa crédibilité en tant que rock star après cette chanson.
En parlant à Rolling Stone, Starr pensait que c’était bien trop mièvre pour lui de chanter, disant : « Je blâme ce groupe. J’étais un chanteur de rock, et ils me donnaient toujours ces chansons sirupeuses. Et donc ils ont ruiné toute ma carrière ! » Certes, cette forme de « ruine » de sa carrière est probablement quelque chose dont Starr est encore reconnaissant chaque jour.
En regardant son catalogue solo, certaines des meilleures chansons de Starr viennent lorsqu’il reste dans son registre grave ou interprète une ballade occasionnelle. Bien qu’il soit beaucoup plus à l’aise derrière sa batterie, l’entendre en avant sur des albums comme Sentimental Journey est en fait une agréable diversion du batteur charmant qui était surtout connu pour les œuvres plus légères du répertoire du groupe.
Bien que sa voix fonctionne parfaitement bien lorsqu’il interprète des chansons comme « Boys » et « Act Naturally », l’entendre jouer le rôle de l’oncle bienveillant en chantant pour endormir l’auditeur est en fait la façon idéale de clore l’album. Les Beatles étaient encore en spirale en coulisses, et cela allait devenir encore plus laid au fil des ans, mais ils pouvaient encore mettre une jolie touche finale à l’un de leurs plus grands albums.