Comment ‘Sgt. Pepper’ des Beatles a Révolutionné la Musique

L’album phare de l’été de l’amour, Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles, reste un jalon dans l’histoire de la musique.

De nos jours, les éléments perturbateurs sont partout, dans tous les aspects de notre société, mais il fut un temps où les gens ne savaient vraiment pas ce qu’ils étaient. En 1967 est arrivé Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, le huitième album studio des Beatles… c’était le perturbateur musical. Avant la sortie de l’album, le 26 mai 1967, les disques de longue durée étaient fermement sous le contrôle des maisons de disques, qui pensaient savoir ce que les fans voulaient, et quand ils le voulaient.

La réalisation du huitième album studio des Beatles avait commencé un peu plus de six mois plus tôt, le 20 novembre 1966, lorsqu’ils ont commencé à travailler sur deux chansons dans le Studio Two d’Abbey Road qu’ils jugeaient parfaites pour leur prochain LP. Les chansons étaient « Strawberry Fields Forever », écrite par John Lennon et inspirée par un lieu à Liverpool, et, par juxtaposition, la composition de Paul McCartney qui faisait également référence à un endroit réel proche de sa maison d’enfance – Penny Lane.

Le travail a continué sur « Strawberry Fields Forever » en décembre, ainsi que les sessions d’enregistrement pour « When I’m Sixty-Four » qui devaient également figurer sur le nouvel album. L’enregistrement de « Penny Lane » a commencé deux jours avant le réveillon du Nouvel An et a été achevé près de trois semaines plus tard. Le précédent single des Beatles, « Yellow Submarine »/« Eleanor Rigby », était sorti début août 1966, et EMI était donc impatient d’en avoir un autre. « Penny Lane »/« Strawberry Fields » est sorti le 17 février 1967 après une attente de 196 jours – le plus long temps entre les sorties de singles depuis le début de leur carrière.

L’enregistrement du nouvel album a continué en janvier, avec la première de nombreuses sessions pour « A Day In The Life », puis le 1er février, ils ont commencé à travailler sur l’une des chansons de Paul, « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band ». Le nouvel LP avait un nom et un concept vague, dans la mesure où le groupe prétendait donner un spectacle en tant que groupe fictif.

Au moment où leur nouveau single est sorti, ils travaillaient sur « Good Morning Good Morning », « Fixing a Hole », « Only A Northern Song » (une chanson de George Harrison qu’il avait initialement proposée pour l’album), et « Being For The Benefit of Mr. Kite ». Au milieu de tous ces enregistrements, les Beatles ont également tourné leurs vidéos révolutionnaires pour « Penny Lane » et « Strawberry Fields Forever ».

Au cours des deux mois suivants, le travail a continué sur les chansons restantes de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band – « With a Little Help From My Friends », « Lucy In The Sky With Diamonds », « Getting Better », « She’s Leaving Home », « Within You Without You » et « Lovely Rita » – et l’album a été achevé le 21 avril. En tout, les Beatles, George Martin et l’ingénieur Geoff Emerick ont passé 700 heures à réaliser le disque.

Bien sûr, le temps passé ne garantit ni créativité ni un résultat brillant, mais chaque seconde en valait la peine. Et ne nous croyez pas sur parole : le professeur Kevin J. Dettmar, écrivant dans l’Oxford Encyclopedia Of British Literature, dit que Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band est « l’album de rock and roll le plus important et influent jamais enregistré ». Nous savons tous que les sondages ne comptent pas, mais le magazine Rolling Stone l’a souvent classé n°1 dans ses listes des 500 plus grands albums de tous les temps.

Et pourtant, tout cela aurait pu être très différent. Au début du printemps 1967, la presse britannique était pleine de reportages avec des titres tels que « Has the Bubble Burst? » ou « Beatles Fail To Reach The Top », tout cela parce que « Penny Lane » et « Strawberry Fields Forever » s’étaient arrêtés à la deuxième place du classement des singles britanniques. À l’insistance du manager Brian Epstein, aucune des deux chansons n’a été incluse dans le LP, une décision que George Martin a plus tard décrite comme « la plus grande erreur de ma vie professionnelle ».

Mais qu’est-ce qui rend l’album si révolutionnaire ? Le temps sans précédent passé en studio y a contribué, tout comme les techniques d’enregistrement développées par les techniciens d’Abbey Road pour donner aux Beatles plus que le simple équipement à quatre pistes utilisé précédemment. Ajoutez à cela le « flanging », l’utilisation de la vari-speed, le fait que le disque n’a pas été masterisé avec les espaces habituels entre les morceaux, et l’utilisation de crossfades sur quelques morceaux. Et puis il y a l’œuvre d’art de Peter Blake qui est si évocatrice de l’époque, sans oublier le fait qu’une feuille de paroles était incluse avec la pochette gatefold. Et bien sûr, de grandes chansons, brillamment interprétées.

Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band a été le premier album des Beatles à être publié simultanément dans le monde entier, et le premier où les listes de morceaux étaient exactement les mêmes pour les versions britannique et américaine. Il a fait ses débuts au Royaume-Uni à la première place – où il est resté pendant 22 semaines consécutives et est devenu la bande sonore de l’été de l’amour. Naturellement, il était également n°1 en Amérique, tout comme dans de nombreux pays à travers le monde. Plus important encore, cependant, le rock et la pop n’ont plus jamais été les mêmes…