Parallèlement à l’exposition-événement L’Atelier rouge d’Henri Matisse et à la Rétrospective de l’oeuvre d’Ellsworth Kelly, la Fondation Vuitton présente du 4 mai au 9 septembre 2024 une sélection d’oeuvres de sa Collection autour du sport en résonance avec le passage de la flamme olympique dans le bâtiment tout en proposant une vision décalée et poétique de ce rendez-vous international.
Ce choix d’oeuvres de la Collection est exposé au deuxième niveau du bâtiment et le moins qu'on puisse dire est que la vision qui nous est proposée est décalée et poétique, assez polyphonique autour de la thématique du sport.
Sont ainsi réunis, de la galerie 9 à la galerie 11, les travaux de cinq artistes français et internationaux : Abraham Poincheval (1972, France), Andreas Gursky (1955, Allemagne), Roman Signer (1938, Suisse), Omar Victor Diop (1980, Sénégal), Jean-Michel Basquiat (1960-1988, USA) et Andy Warhol (1928-1987, USA).
Le parcours commence par Abraham Poincheval avec Marche sur les nuages (2019) dont l'ampleur est littéralement saisissante. C'est une performance artistique, également sportive car, comme tout ce qu'il fait, il s'est confronté à des conditions de survie très singulières qui ont pu, par le passé consister à demeurer une semaine enfermé dans un rocher de 12 tonnes. Ou rester pour une même durée au sommet d'un poteau d'une hauteur de 20 mètres à l'extérieur d'une gare parisienne.Dans ce film, l'artiste arpente la canopée des nuages en étant suspendu dans le vide, depuis une montgolfière (que nous ne verrons pas). Sa marche est capturée par des drones et le montage final prend une forme hypnotique.On devine l'harmonica avant qu'un plan serré nous confirme notre intuition et il est assez fou de le surprendre jouer de cet instrument à plusieurs dizaines de mètres d'altitude.Sa marche se déploie dans un territoire dépourvu de frontières, composé essentiellement d'air et d'eau à l'heure où ces éléments prennent une valeur extrême en raison des changements climatiques. Aucun élément ne nous permet de savoir où l'expérience s'est déroulée mais je sais qu'il s'agit du Gabon. Abraham Poincheval est né en 1972 à Alençon, il vit et travaille à Marseille. Il démontre que l'art est l'endroit de tous les possibles.Omar Victor Diop s'inscrit dans l'héritage de la photographie de studio africaine. il présente une série d'autoportraits, intitulée Diaspora (2014-2015),où il se met en scène dans des costumes empruntés aux siècles passés, du XVI° au XIX°.L'originalité, et le rapport avec le sport, est qu'il utilise un accessoire clairement symbolique du milieu sportif : un ballon, un carton rouge, des gants de goal, un sifflet … détournant ainsi l'apparence codifiée des personnages.On retrouve sans surprise les Olympic Rings (1985) de Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol qui avaient été présentés il y a un an. Le visage noir ajouté par Basquiat a une force évidente quand on se souvient que les Jeux furent une occasion importante de visibilité pour la communauté afro-américaine.
J'ai été saisie par l'installation avec kayaks (2003) de Roman Signer, un artiste suisse qui s'approprie les objets du quotidien pour les mettre en scène dans ses installations. Les kayaks pendent, en arrêt sur image, comme des saumons en attente de fumaison, soudain immobiles, perdant leur caractéristique première de vitesse. J'ai choisi cette photo pour illustrer l'article en raison de sa force, son humour, et son sens de l'absurde.La Collection, Rendez-vous avec le sport
8, avenue du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne, 75116 ParisDu 4 mai au 9 septembre 2024 (fermé le mardi) les lundi, mercredi et jeudi de 11 à 20 heuresVendredis de 11 à 21 h (nocturne le premier vendredi du mois jusque 23 h)Samedi et dimanche de 10 à 20 hSont présentées simultanément L’exposition événement L’Atelier rouge d’Henri MatisseLa rétrospective de l’oeuvre d’Ellsworth KellyConsulter le site pour connaître les visites et activités jeune public.