Pourquoi Paul McCartney a-t-il quitté les Beatles ? La vraie histoire

“Envisagez-vous un nouvel album ou single avec les Beatles ? Non. Prévoyez-vous une reprise du partenariat d’écriture Lennon-McCartney ? Non.”

Ces deux réponses monosyllabiques de Paul McCartney, rapportées par le journal Daily Mirror le 10 avril 1970, ont profondément touché tous les fans des Beatles à travers le monde.

McCartney ne l’a pas dit directement. Il n’en avait pas besoin. Tout le monde savait ce que cela signifiait, et le titre du Mirror résumait la situation : “Paul quitte les Beatles”. Le groupe qui avait défini une génération plus que tout autre et changé la musique pour toujours n’existait plus.

Bien sûr, heureusement, ce n’était pas tout à fait la fin de l’histoire. Après quelques années de batailles juridiques et de rancunes, notamment entre John Lennon et Paul McCartney, les Beatles se sont plus ou moins réconciliés. Lennon et McCartney étaient en bons termes lorsque Lennon a été tragiquement assassiné en 1980.

Et après sa mort, les autres Beatles ont même réussi à se réunir et à transformer trois de ses démos en nouveaux singles du groupe. Le plus récent, “Now and Then”, est devenu le 18e single numéro un du groupe au Royaume-Uni l’année dernière.

Mais qu’est-ce qui se cachait derrière la décision de Paul McCartney de quitter le groupe ? Pourquoi cela s’est-il terminé ainsi en avril, avec le communiqué de presse qui a choqué le monde ?

Yoko Ono est-elle à blâmer ?

La seconde épouse de John Lennon, Yoko Ono, est souvent accusée d’avoir provoqué la rupture des Beatles. Lorsqu’on lui a demandé à propos d’Ono, de son influence et de son travail avec Lennon dans son communiqué de presse, McCartney a déclaré qu’il aimait et respectait Lennon, mais que cela ne lui apportait pas vraiment de plaisir.

Il y avait une antipathie très médiatisée de la part de McCartney envers Ono pendant que les Beatles enregistraient leurs trois derniers albums. Lennon l’a confirmé dans une interview en 1970 avec Jann Wenner pour Rolling Stone.

Lennon incluait Ono dans presque toutes les sessions de studio lors de l’enregistrement des trois derniers albums du groupe. Elle est même apparue sur les chansons “The Continuing Story of Bungalow Bill” et “Revolution 9”. McCartney semblait ressentir son inclusion dans ce qui avait été auparavant un cercle fermé, avec des sessions d’enregistrement strictement limitées aux quatre Beatles et au producteur George Martin, ainsi qu’à des musiciens de session ou invités occasionnels.

Mais il est injuste de rejeter la faute de la démission de McCartney des Beatles sur Yoko Ono. Ils ont quand même réussi à enregistrer trois albums avec elle présente, et Lennon a expliqué comment les tensions avaient déjà commencé à se développer au sein du groupe lors de la réalisation de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band en 1967, avant même le début de sa relation avec Ono. George Harrison avait une implication minimale dans l’album, et Lennon se sentait lésé par McCartney qui prenait le contrôle de sa direction.

C’est l’augmentation de ces tensions entre les membres du groupe, dont Ono n’était au mieux qu’une cause secondaire, qui a finalement conduit à sa dissolution. Lennon avait pratiquement quitté le groupe en septembre 1969, et l’annonce de McCartney en avril suivant était la suite logique.

Comme l’a dit Ono elle-même dans une interview avec Dick Cavett en 1971 : “Il est très difficile pour quatre artistes si brillants et talentueux d’être ensemble et de tout faire ensemble.” La tension provoquée par la cohésion des Beatles a produit des étincelles de génie artistique pendant près d’une décennie, mais cela devait inévitablement exploser. Avec ou sans Ono.

Et Allen Klein ?

Le communiqué de presse de McCartney ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit du dernier manager des Beatles, le magnat de la musique Allen Klein.

Lorsqu’on lui a demandé si Klein était impliqué dans son premier album solo, McCartney a répondu : “Pas si je peux l’éviter.” Poussé sur la nature de sa relation avec Klein, le nouveau ex-Beatle n’a pas mâché ses mots : “Il n’y en a pas. Je ne suis pas en contact avec lui, et il ne me représente en AUCUNE manière.”

Les autres Beatles avaient fait appel à Klein, connu pour ses tactiques de négociation intransigeantes, pour obtenir un meilleur contrat avec leur maison de disques et leur société d’édition. Dès le début, McCartney ressentait de la rancœur envers le comportement autoritaire de Klein, sa microgestion du groupe et son contrôle sur leurs décisions commerciales.

Sa préférence pour leur nouveau manager avait été l’homme d’affaires Max Eastman, le père de son épouse Linda. Ainsi, il se sentait également ignoré lorsque le reste du groupe a opté pour Klein à la place.

Le dernier clou dans le cercueil de la relation commerciale de McCartney avec Klein a été la décision du manager de remettre les bandes de l’album avorté des Beatles Get Back au producteur de musique Phil Spector. Aux yeux de McCartney, Spector avait ruiné ce que le groupe avait enregistré en surproduisant ce qui allait devenir l’album Let It Be, en ajoutant des overdubs orchestraux et choraux pompeux sur de nombreuses pistes.

McCartney s’est battu pour empêcher la sortie de Let It Be, mais s’est heurté à Klein, qui a convaincu le reste du groupe de le publier dans la forme déterminée par Spector. De cette manière, Klein était certainement responsable du timing du communiqué de presse de McCartney annonçant qu’il quittait les Beatles.

Let It Be devait sortir le 8 mai 1970. Ainsi, en annonçant son départ du groupe le 10 avril, puis en sortant son premier album solo une semaine plus tard, McCartney sentait qu’il devançait Klein.

Les raisons personnelles de McCartney

Lorsqu’on lui a demandé directement les raisons de son départ des Beatles dans son communiqué de presse, McCartney les a expliquées de manière simple et succincte : “Différences personnelles, différences commerciales, différences musicales, mais surtout parce que je passe un meilleur moment avec ma famille.”

En 1970, les Beatles, et en particulier le duo de compositeurs Lennon et McCartney, s’étaient éloignés dans leurs vies personnelles, leurs goûts musicaux et leurs efforts collaboratifs. Le désordre de la gestion de leur entreprise Apple Corps, en particulier avec l’ingérence de Klein, avait accentué la distance croissante entre eux.

McCartney avait également ses propres raisons pour choisir la date et la manière de son départ du groupe. Et ce n’était pas seulement pour contrer la sortie d’une version de Let It Be qu’il n’avait pas approuvée.

Il était sur le point de se lancer dans une carrière solo entièrement indépendante des autres membres des Beatles. En étant le premier membre à annoncer au monde qu’il quittait le groupe, il maximisait une opportunité promotionnelle pour sa nouvelle carrière et son premier album solo, McCartney.

Ce mouvement semblait fonctionner commercialement. McCartney a atteint le top cinq dans les charts de 10 pays, y compris la première place aux États-Unis.

Cependant, l’album a été mal reçu par la plupart des critiques musicaux. Il a rappelé à beaucoup ce qu’ils allaient manquer dans les années à venir, les fab four ne collaborant plus artistiquement pour créer des œuvres de grandeur que même leurs propres membres ne pouvaient espérer égaler individuellement.