Le présent article est consacré à Matisse, L’Atelier rouge, que je recommande de visiter en premier parce qu'elle affute notre regard. On enchainera ensuite avec l'exposition d'oeuvres de la collection puis par celle qui est dédiée à Ellsworth Kelly qui, chacune, font l'objet d'un article dédié.
L’exposition a été conçue par deux conservatrices du MoMA (Museum of Modern Art) et du SMK (Statens Museum for Kunst), avec le concours des Archives Henri Matisse. Elle a été présentée en 2022 à New York puis d'octobre 2022 à février 2023 au Musée national d’art du Danemark à Copenhague, avant d'être proposée au français à la Fondation Louis Vuitton.
Elle est consacrée à la genèse et à l’histoire du chef-d’oeuvre de 1911, l’une des oeuvres emblématiques du MoMA depuis son acquisition en 1949. L’artiste y représente son atelier et les peintures, sculptures et objets décoratifs qu’il contenait à ce moment-là.
"L’Atelier rouge, qui a maintenant plus de cent dix ans, est à la fois un point de repère dans la tradition séculaire des peintures d’atelier et une oeuvre fondamentale de l’art moderne", déclare Ann Temkin, conservatrice en chef au MoMA. "Ce tableau demeure une pierre de touche pour tout artiste s’aventurant à représenter son atelier. La décision radicale de Matisse de saturer la surface de l’oeuvre d’une couche de rouge (alors qu'on aurait pu le croire terminé) a fasciné des générations d’artistes, parmi lesquels Mark Rothko et Ellsworth Kelly. Cependant, il reste encore beaucoup à explorer pour ce qui concerne l’origine et l’histoire du tableau".
Si cette vision du refus comme un échec est osée elle permet de comprendre qu'une défaite n'est pas inexorable à long terme. C'est un formidable encouragement à persister dans ses convictions.
Enfin, en 1949, L’Atelier rouge entre au MoMA. Commence alors sa seconde vie. À partir de 1949, en effet, les artistes de New-York et tous ceux qui sont de passage s’arrêtent devant cette peinture dont la nouveauté radicale est soudain redécouverte. Matisse lui-même est revenu à la fin des années 1940 à ce qui faisait la spécificité de l’oeuvre de 1911: son "abstraction" par la présence obsédante du rouge, en dépit d’une description précise des meubles, tableaux et objets que contenait à l’époque son atelier d’Issy-les-Moulineaux. Il conçoit une nouvelle série de peintures prenant pour sujet l’environnement familier du peintre, notamment le Grand Intérieur rouge de 1948, qui rejoint la collection du Musée national d’art moderne en 1950 après avoir été exposé à New York par son fils Pierre Matisse en février 1949. Cette oeuvre est présente dans l’exposition, permettant d’évoquer l’importance de la peinture de Matisse dans les années d’après-guerre, à Paris comme à New York, et la présence de l’artiste au Mnam comme au MoMA.
Et Grand Intérieur rouge (1908) du Mnam/Centre Pompidou, permettant de restituer le parcours complexe du tableau de Matisse et le contexte de son acquisition par le MoMA.
Cette exposition n'est pas immense mais elle nous permet de comprendre le rapport de l'artiste à l'espace. Il se trouvait trop à l'étroit dans ses ateliers, que ce soit celui du 19 quai Saint Michel, le Couvent des oiseaux du 89 rue de Sèvres, ou celui du Sacré-Coeur au 33 boulevard des Invalides. D'où la concession qu'il fait des éloigner de 6 km de la capitale pour s'installer à Issy-les-Moulineaux, au 42 route de Clamart (renuméroté 92 en 1910) dans une propriété comprenant un jardin d'agrément, qu'il avait, rapporte Gertrude Stein, surnommé Le Petit Luxembourg, et surtout un grand terrain sur lequel il fait bâtir un atelier sur mesure.
L'homme assis sur le canapé pourrait être l'artiste Duncan Grant, un admirateur de Matisse que le peintre a accueilli dans son atelier d'Issy.
Cette peinture fit ses débuts aux côtés de l'Atelier rouge lors de l'exposition dont il vient d'être question. On y remarque le mur arrière de l'atelier et la petite porte, de couleur ocre, menant à la réserve couverte. Son ouverture révèle le paysage extérieur. C'est encore une fois la même table sur laquelle repose le bocal, le vase, et la sculpture de terre cuite, Nu allongé (1907). Cette peinture fait écho à l'Atelier rouge du fait de sa couleur (même si elle est cette fois bleue) appliquée sur la superficie.
8, avenue du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne, 75116 ParisDu 4 mai au 9 septembre 2024 (fermé le mardi) les lundi, mercredi et jeudi de 11 à 20 heuresVendredis de 11 à 21 h (nocturne le premier vendredi du mois jusque 23 h)Samedi et dimanche de 10 à 20 hMicro-visites de 15 minutes en français et en anglais tous les jours, toutes les 30 minutes, gratuit, sans réservationConsulter le site pour connaître les visites et activités jeune public.
A suivre, La rétrospective de l’oeuvre d’Ellsworth Kelly à la Fondation Vuitton
La sélection d’oeuvres de la Collection Vuitton autour du sport à la Fondation