Ce matin
le chat endormi tranquille
contre l'oreiller
derrière le rouge des rideaux,
le soleil de mai.
Ouvrir la fenêtre, se faire un café,
de la musique,
dehors les oiseaux,
dehors les arbres, les fleurs du jardin
le coeur est lourd cependant
une lourdeur de fer le leste
et finalement
le soleil augmente l'angoisse
augmente les idées bizarres, tordues, mal foutues
Il faut sortir, aller au rendez-vous.
Mon visages est crayonné
c'est un dessin de brouillon,
il faudrait gommer des traits en trop
le repasser à l'encre de Chine,
repasser les paupières,
les joues
il faudrait tout repasser,
et tout gommer.
Voilà le vrai visage qui ne veut pas se montrer :
un trait de brouillon.
Il faut aller au rendez-vous.
Le corps, les idées,
tout est pris dans un étau,
mais il faut y aller
Alors j'y vais, je pars
sur mon scooter électrique, je suis fantomette,
je glisse en silence dans les rues,
je surprends les gens qui ne m'ont pas entendue.
Freinage.
Et puis le bois de Vincennes à traverser,
vraiment personne à cette heure,
je fends le vert, la terre,
je fends le bois en deux.
Le vent me fait pleurer,
une larme brouille mon oeil gauche.
Tout est calme.
Tres calme.
La Marne à traverser,
pas la mer, pas l'océan.
Aucune Amérique de l'autre côté.