Andrea Arnold est une habituée de Cannes. Que ce soit avec ses films ou en tant que jury, la réalisatrice Britannique semble apprécier le printemps sur la Côte d’Azur. Cette année, elle présente Bird en sélection officielle.
Bird c’est l’histoire de Bailey, 12 ans, qui vit dans un appartement plein de vie, mais sacrément miteux avec son père (Barry Keoghan), son demi-frère et sa future belle-mère. Garçon manqué, elle traine qu’avec des garçons, pas plus gâtés par la vie qu’elle. Ensemble, ils forment une bande et même un gang puisqu’ils ont pris la décision de faire la justice pour donner une leçon aux méchants parents du quartier. Et tout le sujet de Bird est là. Des jeunes, dont les parents n’ont pas 40 ans et ne savent pas eux-mêmes quoi faire de leur vie. Alors dans cette situation, comment donner l’exemple à ses enfants ? Bug n’est pas méchant mais pour gagner sa vie, il décide d’élever un crapaud pour en extraire “la molécule de Dieu” sorte de drogue hallucinogène secrétée dans la bave qu’il pourrait facilement revendre. Dans leur cité, les enfants reproduisent les schémas parentaux et que faire quand, à 14 ans, sa petite amie attend un bébé ? Ils reproduisent et s’enlisent. Peuvent-ils seulement aspirer à autre chose ?
Là où Andrea Arnold est très forte c’est qu’elle refuse le misérabilisme. Ainsi, lorsqu’on est projeté dans une petite maison pavillonnaire où le nouveau petit ami de la mère se révèle violent, on dégaine le téléphone pour filmer et mettre de la distance. Quand on est désolé pour Bailey, les amis de son père, chante tous en coeur Yellow de Coldplay. Et que dire de cette apparition ? Cet ami, que l’on pourrait croire imaginaire, tant son arrivée colle parfaitement au timing. Bailey devient femme, ne comprend plus son père, ne supporte plus ses cheveux longs et elle va rencontrer ce drôle d’oiseau, Bird. Elle va l’aider à retrouver ses parents mais en réalité c’est lui qui l’aide à grandir. Une sorte de Mary Poppins qui partira quand tout sera réglé…
Si Bird ne tombe pas dans le pathos, c’est aussi grâce à la touche fantastique qu’elle apporte. Et cette touche donne au film des allures de conte poétique qui met le réel à distance. Comme des enfants qui s’inventeraient des histoires pour ne plus entendre leur parent se disputer dans la pièce à côté…
La parallèle aux oiseaux n’est pas anodine. Le film s’ouvre d’ailleurs sur un plan d’un oiseau qu’on filme à travers une grille. La liberté, l’évasion, l’innocence et la fin de celle-ci sont autant de thèmes qui traversent Bird. Et le charme de Bird réside là. Dans sa multiplication de petits moments du quotidien. Si bien, Quand Bird va chercher ses enfants en trottinette électrique et met de la musique de “daron” on est saisi par l’émotion.
En sortant de Bird on se demande comment Andrea Arnold a réussi à mettre autant de lumière sous le ciel anglais où même la mer ne donne pas envie d’y mettre un pied. Ce film est un petit miracle porté par un tout jeune acteur au regard immense : Nykiya Adams. Franz Rogowski, en cousin éloigné, de l’homme oiseau du Règne Animal livre aussi une performance incroyable. Et que dire de Barry Keoghan qui entraine toute la bande avec lui pour danser ensemble sur Ready To Go ? Un film sans prétention qui a tout d’un grand !
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