Sylvie Weil est la fille du célèbre mathématicien André Weil, et la nièce de la philosophe Simone Weil. Elle rapporte avec humour, dans ce récit autobiographique, le quotidien de cette famille de génies. Elle choisit délibérément de ne pas entrer dans une biographie académique de l’un ou l’autre membre pour mieux se focaliser sur celle qu’elle connait le mieux, elle-même. En effet, ce livre est de toute évidence un moyen pour la fille et nièce de se situer et de s’affirmer en tant que Sylvie Weil avec et/ou malgré l’ombre de ces géants, auxquels toute comparaison vous écrase – comment ne pas décevoir de parfaits inconnus qui admiraient tant votre sainte tante ou votre prix Nobel de père ? Les comparaisons ne lui ont pas été épargnées laissant place à des situations souvent cocasses si ce n’est parfois profondément désespérantes. Que reste-t-il de la modeste Sylvie dans de telles circonstances ?
C’est avec beaucoup d’autodérision et d’affection moqueuse que Sylvie Weil dénoue un à un les nœuds familiaux dont elle a irrémédiablement hérité. Le fond n’en ai pas moins riche de la lucidité d’une femme qui a su finalement trouver et assumer sa place dans ce complexe imbroglio familial, et nous parler simplement de l’homme et de la femme que sont André et Simone.
Chez les Weil est un vrai délice de lecture, un bon moment assuré, qui vient alléger l’image usuelle et usée de ces monstres d’intellect que sont les membres de la famille Weil, tout en offrant au lecteur un bel exemple de construction de soi à l’ombre de puissante figures familiales.
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Chez les Weil : André et Simone – Sylvie Weil
Préface de Michèle Audin
Libretto, 2013, 224 p.
Première publication : Buchet/Castel, 2009