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Tous finlandisés!

Publié le 23 août 2008 par Jlhuss

image.1219444669.jpg Avant chaque élargissement de l’UE, le débat a très vite été éludé. L’histoire de l’UE ressemble à une fuite en avant : on ouvre les portes du club et on verra ensuite comment faire fonctionner ce “machin”.

Pour les anciennes colonies de l’URSS les Européens de l’ouest avaient une dette d’honneur. N’oublions pas que le sommet de la CSCE d’Helsinki avec Giscard d’Estaing a l’époque s’accommodait de la division de l’Europe entre d’une part l’ouest libre et prospère et d’autre part des peuples condamnés au communisme ad vitam éternam. Alors nous payons aujourd’hui le manque de clarté et de courage.

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Ce sont les États-Unis qui ont réussi à ébranler l’empire totalitaire et ubuesque du Kremlin, pas la France ni l’Allemagne. Ceci même Mitterrand l’avait compris en refusant, malgré les hurlements des “pacifistes” que le déploiement décidé par Brejnev de missiles SS (je ne sais combien) reste sans réponse. Pour ces peuples asservis, l’espoir venait des États-Unis pas de l’Europe trop désunie, trop intéressée par ses intérêts mercantiles à court terme.

J’ai le respect le plus absolu pour les convictions européennes des individus, mais quand on passe au niveau des États, je suis désolé, mais je ne trouve pas que la France ou l’Allemagne ou les autres dits grands pays de l’UE aient la fibre européenne. On le sait bien, quand tout va bien, c’est grâce à nos princes, quand tout va mal, c’est de la faute de Bruxelles.

Et parlons-en de l’Europe. Devait-on pour s’opposer à l’aventure irakienne des USA forger un axe Paris-Berlin-Poutine??? C’était odieux, à vomir! Et vivant dans un “petit” pays frontalier de la Russie, je n’en frémissais que plus d’horreur!

Existe-t-il une Europe de la défense? Une armée européenne? La défense de l’Europe n’est-elle pas jusqu’à nouvel ordre du ressort de l’OTAN? Cette Europe de la défense n’existant pas, qui oblige tel ou tel pays à suivre la ligne qui lui semble la bonne, à tort ou à raison?

“On avait parlé de provocation à Cuba! C’est quoi ici ?” [Gèorgie] Je suis d’accord, le moment était on ne peut plus inopportun et j’en souffre, car ce sont les Géorgiens qui trinquent pour cette histoire, pour le Kosovo et toutes les avanies subies par la Russie, tenue pour quantité négligeable depuis l’effondrement du communisme.

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La Russie a repris les bons vieux réflexes et les bonnes traditions de l’empire des tsars: autoritarisme, presse muselée avec assassinats de journalistes, embastillement d’opposants potentiels, patriotisme délirant, sabre et goupillon sans gêne. Il y a une continuité terrifiante de l’avènement de Poutine à nos jours. On serre la vis, et grâce au pactole pétrolier on se réarme, on fait du chantage à tous ceux qui s’imaginaient que la Russie n’allait pas retrouver ses appétits impériaux.

Cette Russie ne reconnaît à ses voisins immédiats que deux statuts: le vassal plus ou moins finlandisé ou bien l’ennemi qu’on va mater soit en l’étranglant économiquement soit en encourageant les divisions ethniques soit aujourd’hui en envoyant l’armée.

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Il faut effectivement prendre au sérieux la menace contre d’éventuelles installations militaires américaines en Pologne. L’enclave de Kaliningrad pourrait bien accueillir bientôt des missiles. En tant que riverain de la Baltique déjà menacée par les tankers géants qui accostent à St-Pétersbourg et les navires nucléaires, j’ai toutes les raisons d’envisager l’avenir le plus sombre.

C’est à l’honneur des polonais de prendre fait et cause pour les géorgiens! Trouvez-vous normal qu’un pays minuscule de moins de 5 millions d’habitants, déjà dépecé par les Russes subisse ce qu’il subit? On semble reprocher à « son Président Mikheïl Saakachvili, jeune avocat, d’avoir été formé aux Etats-Unis et de ne jurer que par l’économie de marché ». Ah oui, quel crime impardonnable! Faire des études aux États-Unis est antipatriotique. Et au fait la France, c’est quoi ? Une économie dirigiste ? Est-ce que vous savez seulement dans quel état de délabrement se trouvait la Géorgie au moment de l’indépendance? C’est un pays qui s’est remis au travail, commençait à goûter un peu de prospérité et dont les succès de la lutte contre la corruption faisaient l’éloge de tous. Et ceci, c’est intolérable pour la Russie qui n’a de richesses que ses matières-premières qui ne profitent qu’à une infime partie de la population archi pourrie.

Les américains  « utiliseraient et amplifieraient les désaccords et les haines, [que l’on pense au démembrement yougoslave !] et ne favoriseraient la réconciliation entre les peuples.» C’est  retomber dans l’antiaméricanisme franchouillard. La  crédibilité y gagnerait en faisant la même analyse de la politique russe. Ah !  Je comprends maintenant le silence assourdissant des pacifistes. La Russie peut faire n’importe quoi, nul ne trouve à redire. On trouvera toujours le moyen d’imputer tout ce qui va mal aux “amerloques”! Les EU, Deus-ex-machina suprême, expert en machiavélisme le plus retors! Allons allons, ne soyons pas moins lucide qu’Ahmadinedjad qui voit bien que l’empire “amerloque” est en loques puisqu’il ne peut pas sauver son protégé géorgien des griffes de l’ours russe!

Devons-nous nous réjouir que le projet d’oléoducs et de gazoducs qui allait de l’Azerbaidjan à la Turquie via la Géorgie passe sous contrôle russe ? Toujours ça que les “amerloques” et les Britanniques n’auront pas! Les russes ont démoli la voie ferrée et coupé la Géorgie en deux, la BP a été obligée d’arrêter les acheminements de pétrole de la Caspienne. Tous ceux qui en Europe et en Turquie rêvaient d’échapper à la dépendance énergétique totale vis à vis de la Russie peuvent aller au diable.

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Soyons tous finlandisés! Je vis en Finlande, alors je sais ce que c’est la prospérité et la sécurité avec la trouille au ventre et les silences de l’autocensure!

Tout le monde est à peu près d’accord pour dire que le président géorgien doit apprendre à modérer ses propos, a être plus réaliste et ne pas céder aux provocations russes qui durent depuis des décennies pour sauver ce qu’il peut sauver. Il devra tôt ou tard payer le prix de ses erreurs, bien qu’il ait été élu sur la promesse faite aux 200 mille géorgiens épurés ethniquement d’Ossétie et Abkhasie en 1995 de retrouver leurs maisons. Mais il paiera lorsque les troupes russes auront mis fin à leur invasion accompagnée de pillages et de dévastations systématiques des infrastructures géorgiennes. Pas avant!

Je pense aussi qu’il devra mettre une croix sur l’Ossétie et l’Abkhasie qui pour moi sont des États aussi fantoches et non viables que le Kosovo. L’Ossétie, l’Abkhasie ne sont rien sans l’aide russe, de même que le Kosovo sans l’aide européenne et américaine. Avec une petite différence: les “dirigeants” ossètes et abkhases qui s’aviseraient de ne pas faire approuver leurs faits, mots et gestes par le Kremlin seraient impitoyablement éliminés comme cela s’est fait lors d’”élections” “présidentielles” en Abkhasie.

Je note bien que les Occidentaux déclarent que la réponse de Moscou a été “disproportionnée”, ils ne condamnent pas absolument la Russie et auraient toléré une réponse ciblée, limitée, bien cadrée. Or il apparaît que la Russie a tendu un piège à Saakashvili et massait des troupes depuis longtemps pour ramener la Géorgie sous son aile et l’empêcher d’aider ceux qui souhaitent se libérer de l’inquiétante dépendance énergétique à l’égard de la Russie. la Russie a malheureusement repris la politique ancestrale des tsars. Ses pressions et agressions contre les Baltes, la Moldavie, l’Ukraine, la Biélorussie même, et maintenant la Géorgie sans oublier les peuples qui vivent dans ses frontières, le démontrent.

Ce n’est pas en martyrisant un petit pays minuscule qu’elle va retrouver influence et crédit. Elle sortirait enfin du sinistre 20e siècle et des logiques perverses du 19e siècle en contribuant pacifiquement à l’édification d’une zone de prospérité de l’ensemble caucasien qui va de la Turquie à la Caspienne dans le respect de la liberté et de l’indépendance de tous les pays de la région. Il me semble alors que tout le monde serait gagnant, Russes, Américains, Européens et peuples de la région.

Enrico Merguez-Harissa, qui réagissait ainsi à la note “Cuba au Caucase


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