Le film "noir" n'a jamais eu rapport à la couleur de la peau. Les cinéphiles "sachent". C'est un ton. Sombre. Anti-héros, faillibles détectives au passé trouble, narrateur en voix hors champs de temps à autres, fusils qui vont finir par tirer au moins une balle, femmes fatales, trahisons entre gens troubles, esthétique et exagération dans les ombres projetées sur les murs, narration compliquées, ou pas du tout, mort toujours au rendez-vous.
J'ai vu 10 des films mentionnés plus bas. En possède 6. Ce seront les titres bordés d'un astérisque. J'ai donc réservé les trois pas encore vus, à la bibliothèque. (Chuuuuuuuuuuut! c'est toujours gratuit là où je suis) Ce seront ceux bordés de ().
Mélange de crime psychologique, de film de crime et de pure horreur gothique, l'unique film tourné par l'acteur Charles Laughton est classé comme l'un des meilleurs au monde, tous genres confondus. Presque toujours placé second derrière Citizen Kane. Des enfants y jouent ce qui donne une sorte de ton de conte en même temps. Conte horrifiant. Cauchemar animé par Robert Mitchum au meilleur de sa forme, dans le rôle d'un révérend se liant à une veuve dont les enfants ont hérité d'une fortune. La seule présence de l'actrice du muet Lilianne Gish suggère une part de silence hantée. James Agee a adapté l'histoire vraie de 1932 du sale Harry Powers. Beaucoup d'hommages ont été rendus par d'autres réalisateurs autour de ce film. Dont Spike Lee.
12. L.A. Confidential* de Curtis Hanson. 1997
C'était le premier film de John Huston et il l'avait entièrement adapté du roman de Dashiell Hammett. Le MacGuffin du titre réunit autour de lui Humphrey Bogart, Peter Lorre, Mary Astor, Gladys George dans une exposition d'avarice et de sa futilité. Ce film est presque une reprise d'un film de 1931 qui adaptait aussi la même histoire, mais qui avait été censurée parce que trop "racée" et ce, jusqu'en 1968. Cette version de 1941 est souvent considérée comme la meilleure histoire de détective du genre. Il a d'ailleurs été parmi les 25 premiers films acceptés à la Librairie du Congrès des États-Unis parce que reflétant adéquatement, esthétiquement et avec talent, des réalités Étatsunienne bien représentatives du peuple.
10. Drive de Nicholas Winding Refn. () 2011
9. Sunset Boulevard* de Billy Wilder. 1950
Style avant la substance ici, mais aussi triomphe du style sur la santé mentale. Dana Andrews, Vincent Price, Clifton Webb, Gene Tierney composent ce formidable carré d'As d'artistes qui rendent ce film si intéressant. Un détective tombe amoureux de la victime d'un meurtre sur laquelle il enquête. Histoire d'amour et de fantômes teintée d'un peu de la touche Hitchcock. Depuis 1999, c'est aussi dans la Librairie du Congrès des États-Unis. Truman Capote en avait écrit une adaptation pour la télévision en 1968.
7. Blue Velvet* de David Lynch. 1986
6. Notorious* d'Alfred Hitchcock. 1946
J'avais beaucoup aimé Red Rock West qui offrait probablement le meilleur rôle à Lara Flynn Boyle qu'elle n'aura jamais eu. Mais Linda Fiorentino dans cet autre bon film de John Dahl, est encore plus exceptionnelle. Mais comme le film avait été diffusé à la télévision en premier, il n'était pas candidat pour les Oscars. Où elle aurait au moins dû avoir une nomination. Ce thriller érotique des années 90 raconte l'histoire d'une femme fatale prenant la route avec l'argent sale de son homme, tentant de préparer son prochain coup. Excitant road movie, parfois assez drôle, mais tout à fait brutal. Un Coen & Coen style Blood Simple.
Je n'ai jamais été impressionné par Tom Cruise. Même dans les trois films que j'ai avec lui dans ma vidéothèque, Born on The Fourth of July, Jerry Maguire et Magnolia, j'ai au moins une scène qui me revient en tête où je me dis "c'était vraiment la meilleure prise qu'ils avaient pour cette scène ?". Mais on dit que ce tueur à gages qu'il incarne, qui impose son style de vie à un pauvre chauffeur de taxi, serait sa meilleure performance à vie. Il serait animal, presque loup. Néon, grandes lumières et basses ombres, Mann tourne merveilleusement bien. C'est tout ce que j'avais retenu de lui pour son film Heat. Une scène de coyote dans les rues, une autre de fusillade dans un lieu clos seraient mythiques. Portrait d'une ville impersonnelle, L.A.
Plusieurs placent ce film parmi les 3 meilleurs peu importe les genres. Plusieurs autres le placent premier dans le genre noir. Le vétéran militaire devenu détective privé devient obsessif autour d'une blonde sur laquelle il a été engagé pour enquêter. La cinématographie couleur relève du rêve. Salvador Dali a participé à une scène, justement tiré du sommeil du personnage de John "Scotty" Ferguson. Déboussolé dans un San Francisco superbement filmé par Robert Burks. La musique de Bernard Hermann est aussi une de des meilleures. Et le générique de Saul Bass est culte. Et annonce les multiples sortes de déséquilibres à venir dans le film. Cyclique et vertigineux.
Un des me films préférés. Autre film culte entre scénariste. Comment faire d'un sujet plate sur papier, quelque chose d'intéressant. Film sur l'impuissance face èa la corruption.
1. Double Indemnity de Billy Wilder. 1944
Encore Billy Wilder, avec le film noir des films noirs. Après avoir vu ce thriller à suspense, Hitchcock aurait dit que les deux mots à retenir à Hollywood étaient Billy & Wilder. Quand le maître parle de vous comme ça, vous avez réussi. Ce film est comme le dernier mot sur le genre. Adapté de la courte, mais punchée nouvelle de James Cain, par Wilder & Raymond Chandler, on y voit Fred MacMurray incarner un vendeur d'assurance, sa provoquante femme Barbara Stanwyck incarner la femme fatale, et Edward G.Robinson jouer l'ajusteur des réclamations. La double indemnité double la prime d'assurance quand la mort survient d'une manière inusité. Vous pouvez donc imaginer que ce trio va magouiller. Ce film est reconnu pour avoir jeté les bases du film noir pour les années à venir. Un incontournable.
J'ai même choisi de le réserver aussi à la Vievliothèque. Pour le revoir.
Parce que oui, la bibliothèque c'est respirer autrement et respirer, c'est vivre. Donc vievliothèque.
Je m'étais commandé deux versions d'adaptation de la nouvelle de 1927 The Killers d'Ernest Hemmingway sur un même DVD. 1946 tourné par Robert Siodmak avec Burt Lancaster et Ava Gardner et 1964, tourné par Don Siegel avec Lee Marvin, John Cassavettes, Angie Dickinson et Ronald Reagan. L'ai reçu. Ça m'a donné l'idée de la chronique.