Jazz ô Château - Robin McKelle - Château de Pommorio - Tréveneuc, le 3 mai 2024
michel
Complet n'est pas toujours veston, mais quand deux rangs de sièges sont attribués à des invités qui brillent par leur absence, ça la fout mal, d'autant plus que pas mal de clients, ayant déboursé des Euros durement gagnés, se trouvaient parqués debout au fond de la salle et s'apprêtaient à assister au concert sans pouvoir asseoir leur séant sur une chaise, certes inconfortable, mais reposante.
Heureusement, l'organisation a eu l'excellente idée d'affecter les places inoccupées aux vaillants piquets qui se sont rués face à la scène.
Tout est bien qui commence bien.
Après les discours d'usage, Robin McKelle et son band, compétent, prennent place.
T'as toujours un faible pour Robin la rouquine, elle t'avait impressionné au Botanique en 2010 et à Flagey en 2011, aussi quand l'équipe de Jazz ô Château te prévient l'avoir signée pour leur festival de 2024, t'as failli sauter au plafond ( 2 mètres 20).
Un neuvième album est dans les bacs depuis 2023, 'Impressions of Ella', sur lequel la diva de Rochester reprend la légende Ella Fitzgerald.
Ses musiciens sont les premiers à se présenter: Géraud Portal, désormais un voisin de Manneken Pis, à la contrebasse, en dehors de son projet personnel, le gars du Berry a joué aux côtés de quelques pointures dont Jacky Terrasson, Gary Bartz, Eric Legnini ou Saul Rubin/ au piano, from New-York, le formidable Jon Thomas ( Samara Joy, Marquis Hill, Dominick Farinacci, Walter Blanding)/ à la batterie, from New-York, too, Diego Joaquin Ramirez ( e a : Cyrille Aimee, Alina Engibaryan, Eubanks...).
Jonathan Thomas amorce de manière musclée ' Something's Gotta Give' de Johnny Mercer , un gros hit pour Sammy Davis jr., la voix, ample, fait merveille, l'accompagnement des plus classiques nous renvoie vers les plus grandes salles de la Big Apple, Carnegie Hall en tête.
Le standard 'Taking a chance on love' était au répertoire d'Ella Fitzgerald, Robin se l'approprie et part en scat, sans peine, tandis que le piano s'évade.
Et si on mettait le cap sur le désert?
Ok, voici ' Caravan' de Duke Ellington pour lequel Irving Mills a écrit des paroles.
Robin transformée en danseuse orientale, dessine d'harmonieuses arabesques, Jonathan fait la nique aux dromadaires et Diego se tape la part du lion pendant le bridge instrumental, Géraud sourit tout en peaufinant ses lignes pas ensablées.
Sur l'album 'Alterations', voici ' Head High', composé en hommage à toutes les dames who paved the way for the contemporary ladies in jazz.
La diva fait quatre pas de côté pour laisser de la place à ses musiciens, qui tissent un fond swing pas mou.
Tréveneuc savoure.
Une romance, kids?
' Darn that dream', aussi ensorcelant que 'Moonlight in Vermont'.
Tu craques, ta voisine ( légèrement fardée) te sourit.
Ella a connu une période bossanova, voici 'Desafinado' de Jobim, annonce Robin dans un excellent français, légèrement coloré .
Nouvelle séquence de scat et petit solo soigné de la contrebasse.
Tréveneuc, would you like to sing along with me?
On n'est pas nombreux à s'essayer à l'exercice acrobatique, après 60 secondes, moins intimidé, le public entre dans la danse, George Michael, bien caché, s'y est mis aussi.
Un pur instant de magie!
Pour voir la lune de près il faut monter sur le magic carpet, ' Old devil moon' .
Un phrasé de crooner féminin et un accompagnement souverain, on ignore pourquoi George Clooney a tenu a placé son slogan "what else" !
Ce que femme veut, Dieu le veut... et que veut, Robin?
"I Must Have That Man".
Il t'aime, au moins?
Quelle importance!
Superbe travail de Jon Thomas, que les mélomanes ont apprécié à sa juste valeur en la ponctuant d'un tonnerre de claps.
'Embraceable you' vient calmer les ardeurs d'un public en éruption.
Gerswin était tout ouïe lors de l'introduction au piano, les copains en état de recueillement respectueux attendent le moment idéal pour sauter dans le wagon.
Robin peut émouvoir, c'est une certitude!
' April in Paris' c'est plus sympa que la vigne en avril.
Le phrasé est aussi élégant que les robes de chez Dior, l'accompagnement musical plus léger qu'une brise suscitant quelques timides frémissements sur les eaux de la Seine, attendant les Jeux Olympiques avec hâte.
Dites-moi, quelle était la chanson qui a fait connaître Miss Fitzgerald?
Plusieurs titres fusent, le plus improbable étant 'I'm too sexy', pas une âme n'a retrouvé le fameux ' How high the moon' dans lequel l'espiègle red girl introduit quelques saucisses/moutarde et huitres ,en faisant référence à ce qui est servi dans les jardins.
L'ambiance est au zénith, elle enchaîne sur le blues 'Hallelujah, I love her so ' de Ray Charles, her étant devenu him, pour la circonstance.
Comme il est temps de prendre congé, la madame place la tirade... hit the road Jack, and don't come back no more.. dans le standard.
Le morceau est terminé en fanfare, la salle se lève, l'équipe revient pour un bis en forme de nursery rhyme, au fond ' A - tisket, a - tasket' , c'est carnaval avec quelques mois de retard!
A voir le 10 mai lors de Jazz en Comminges!