2 jours de travail et 5 jours de congé, tu ne rêves pas, ce mardi 7 mai annonçait un week-end étiré, les clients du Barbe l'avaient bien compris et se sont dirigés en masse vers le zinc de Plouha pour assister au concert de Bon Enfant, un gosse pas forcément sage.
Bon Enfant, disco-pop-psyché, disait le flyer, ceux qui étaient venus pour la première partie de l'étiquette en furent pour leurs frais, car les gens de chez Bon Enfant ne sont pas les rejetons de Denise McCann.
Deux filles, trois garçons, constituent le collectif de Montréal, actuellement en tournée européenne: Daphné Brissette au chant et shakers, Guillaume Chiasson ( 1m 95 déchaussé) à la guitare et some backings , Étienne Côté à la batterie et backings, Mélissa Fortin aux claviers ( trois pièces, dont un antique Farfisa) et secondes voix et Alex Burger ( Alex Beauregard) à la basse.
Tous ces jeunes gens ont un passé musical: Ponctuation et Jesuslesfilles pour Guillaume, Canailles pour Daphné, Etienne et Mélissa, Caltâr-Bateau et son propre projet Alex Burger, pour Alex.
Le groupe prépare un troisième album qui doit succéder à 'Bon Enfant' de 2019 et 'Diorama' de 2021.
Etienne, qui d'après un voisin se paye un look Harpo Max, donne le signal du coup d'envoi en martyrisant caisses et toms, Guillaume le rejoint et ajoute quelques accords de guitare soignés, puis la basse et les claviers entrent dans la danse, Daphné, patiente, attend son tour en se trémoussant. Alors que la setlist mentionne 'Diorama' comme premier titre, le groupe, versatile, a opté pour ' Aujourd'hui' qui justifie pleinement le trait 'psychédélique' .
Un bridge instrumental nous plonge dans un univers sixties/seventies, une époque bénie où tu pouvais cueillir des fleurs dans les champs sans être verbalisé, et pas rien qu'à San Francisco.
La 'Porcelaine' de Bon Enfant est plus sautillante, en mode pop soignée, que le ' Porcelain' de Moby, plutôt planant.
Pas de temps mort, Etienne, on nous dit qu'il est fan du Steve Miller Band, a déjà enchaîné sur la suivante, 'Pâte à biscuit', l'orgue de Mélissa virevolte, trois voix entament le refrain, tandis qu'une guitare lyrique répond aux claviers.
Moins calorique que le kouign-amann, le biscuit fond dans les oreilles comme une friandise pop, délectable.
Des effets fuzz nébuleux amorcent 'Insomnie' , une longue plage très acide , partant en jam après 3 minutes.
Le Grateful Dead n'est pas loin, le côté Québecois s'entend grâce au timbre de voix Louise Forestier de l'expressive Daphné.
Mélissa a ramassé des wooden blocks qui traînaient sur le Farfisa, Daphné a saisi un tambourin, puis entame un chant presque slammé tandis que le pied droit de Guillaume écrase la pédale wah wah, la basse et les drums groovent à l'unisson pour nourrir un titre, sans doute not recorded yet, il s'intitule 'Passion rock' d'après la setlist.
Le solo cinglant proposé par Guillaume lorgnait du côté heartland rock , à l'opposé de la scène, les claviers de Mélissa cisaillent la mélodie de stries qui ont fait dire à Ray Manzarek, I love that girl!
'Chagrin d'amour' démarre sur de gros riffs à la ' Smoke on the water', les claviers tempèrent l'ardeur de Guillaume en sucrant le breuvage , la voix, enfantine, pour le coup, va transformer les sanglots en larmes de joie.
'Trompe- l'oeil' est sorti le mois dernier .
La section rythmique ronronne comme un matou amateur de Prince , les filles donnent le tempo en tabassant, l'une, une cowbell ramassée dans un pré, l'autre un tambourin pas bourrin, le riff de guitare lie la sauce, Le Barbe se trémousse.
Après une courte interruption, afin de régler un problème technique au niveau de l'ampli de la basse, le groupe reprend le fil, avec ' Aire de plastique' , un hymne pop déchiré par un solo de guitare acéré.
Tu veux de l'addictif, tu écoutes l'impétueux ' Ciel Bleu' qui t'invite à aller danser sur la plage .
Pendant ' Magie', le Farfisa de Mélissa déconne, elle lui refile trois baffes et comme par magie, la machine reprend du poil de la bête pour sonner comme le fabuleux Mark Stein du Vanilla Fudge.
Pour Elon Musk, Jeff Bezoz et Richard Branson voici ' Astronaute Amateur' , une plage tourbillonnante voyant Daphné, qui n'avait pu se payer une place dans l'engin spatial des multi-milliardaires, sauter sur une enceinte pour prendre de la hauteur, à l'arrière, Etienne se paye une petit solo musclé, les claviers picotent, la basse grogne et Guillaume renoue avec les effets wah wah.
Du psychédélisme spatial qui aurait plu à Jefferson Airplane ou Starship ( au choix).
La dernière du set ( était-ce 'Diorama' annoncé comme tête de liste?) est interprétée tout en force et voit les têtes voisines se balancer en mesure.
Bye, bye, on revient pour le merch.
Il a fallu insister un poil, mais ils ont rappliqué pour balancer le rock belliqueux ' Petites batailles' qui a clôturé ce concert feu d'artifice et inspirant, donné par un groupe qui va faire des étincelles au UK à partir du 9 mai.