Magazine Culture
Je profite cette fois des jours fériés et ponts du mois de mai pour rattraper mon retard de nouveautés. Vampire Weekend ? Voilà un groupe de pop qui fait une unanimité quasi générale, toute génération confondue. Parce que leur musique est lisse, sans danger, les mélodies sont faciles à retenir. Et on pourrait s'arrêter là, Ezra Koenig est aussi agaçant avec son physique de gendre parfait. Mais ce n'est pas si simple. Une fois n'est pas coutume, je vais parler d'actualités et de la guerre Israélo-Palestinienne, sujet glissant s'il en est. Les membres de Vampire Weekend sont des juifs New-Yorkais, leur précédent "Father of the Bride" parlait en sous-texte de la question actuelle de judéité. Sous ses abords polis et faciles, les textes de Koenig cachent en réalité plusieurs niveaux de lecture, en témoigne cet article. On y voit un juif questionnant la pertinence du mouvement sioniste, réflexion vite taxée chez nous d'antisémitisme, comme ici. Comment oser parler uniquement de 133 otages face à 35 000 morts dans l'autre camp dont 14 000 enfants ? Quand va-t-on enfin crever l'abcès en France de notre histoire avec la communauté juive et de l'ignoble responsabilité de l'état français collaborationniste dans la Shoah ? Mais je dérive un peu...Le sujet divise et je risque de perdre encore un peu de monde à parler politique.
En tout cas, c'est aussi ce qui contribue à la réussite de Vampire Weekend, cette profondeur pas immédiatement détectable, comme pour la musique moins basique qu'une écoute distraite pourrait laisser croire. Vampire Weekend peut parler à tout le monde, de l'adolescent mal dans sa peau, à l'adulte réfléchissant au devenir de notre monde, celui juste à la recherche du son pop de sa jeunesse mais intégrant des arrangements plus modernes, histoire de se persuader qu'il n'écoute pas seulement des trucs de son époque. Le groupe "vampirise" brillamment son époque, commencer son dernier disque en date, "Only God Was Above Us" par "Fuck the world" est plutôt malin. Cet album est d'ailleurs un excellent résumé de leur parcours, mélangeant la vitalité et la fraîcheur de leurs débuts avec la maturité et la perfection pop de "Modern Vampires of the City". Ne boudons donc pas notre plaisir de les voir rencontrer autant de succès. Ah et j'ai oublié de dire qu'à la production, on retrouve un certain Dave Fridmann (Mercury Rev, The Flaming Lips, Sparklehorse, MGMT, etc)...