L’aîné a une nouvelle héroïne: c’est l’espionne Kim Possible – made by Disney, mais qui se rapproche (un peu) du genre de filles fortes auquel il est souhaitable de confronter les garçons, si l’on en croit l’évangile de puériculture et les gender studies. Donc, je critique pas.
Sans compter qu’elle me fait penser à Fantômette. Sauf qu’avec Fantômette, on aurait eu un problème en moins, vu qu’elle sortait toujours couverte, encagoulée et vêtue de son «élégant justaucorps de soie jaune». Alors que Kim a pour marque de fabrique un bourillon monté sur taille de guêpe qu’elle exhibe en permanence. Et qui turlupine mon aîné, ce qui met à l’épreuve mes compétences de gender studies-mam, soucieuse de ne pas voir son fils virer macho précoce.
Exemple: «Maman, pourquoi Kimpossibeule elle montre toujours son ventre?» Eviter les réponses catégoriques et stéréotypées: «Euh, juste comme ça, j’imagine…» «Mais pourquoi?» Surtout ne pas le laisser IMAGINER que les jolies filles font ça pour exciter les mâles ou/et pour humilier les grosses: «Parce qu’elles trouvent ça joli et qu’elles se sentent bien comme ça.» «Ouais mais, toi, maman, tu montres jamais ton ventre.» Faire comme si c’était mon choix. Comme si ça n’avait RIEN à voir avec le pneu: «Ben non… Peut-être… Je sais pas…» «C’est passk tu t’sens pas bien?» Tenir bon: «Non, ça me dit rien, c’est tout.» «C’est parce que t’es vieille?» Ne pas prendre personnellement: «Mais non…» «En fait, ton ventre il est pas comme celui de Kimpossibeule.» «Non» – voix un peu trop aigre. Se ressaisir et profiter de le rendre attentif au clivage entre idéal et réel: «Mais tu sais, PERSONNE n’a le même ventre que Kim Possible.»
L’aîné se replonge dans sa BD. Et moi je me sers un gros verre de rouge pour me féliciter d’avoir su relever incognito le défi gender studies: même si je rentre plus dans le justaucorps, l’esprit Fantômette est toujours en moi.