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[critique] challengers

Par Onrembobine @OnRembobinefr
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Titre original : Challengers

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Origine : États-Unis

Réalisateur : Luca Guadagnino

Distribution : Zendaya, Josh O'Connor, Mike Faist, Darnell Appling, Nada Despotovich...

Genre : Drame/Romance

Durée : 2h11

Date de sortie : 24 avril 2024

Le Pitch :

Tashi Duncan, une ex prodige du tennis stoppée en plein élan à cause d'une blessure, coache son mari, le talentueux Art Donaldson. Ce dernier, qui est justement en pleine crise de confiance, accepte la proposition de Tashi de participer à un tournoi Challenger afin de se reconstruire en vue de sa prochaine implication à l'US Open. L'occasion pour Art de retrouver Patrick Zweig, son ancien meilleur ami et ex-petit ami de Tashi...

La Critique de Challengers :

Le sport a donné lieu à de remarquables films. Surtout quand le sport dont il est question est exploité en tant que métaphore d'autres thématiques. Luca Guadagnino, cinéaste depuis ses débuts focalisé sur la notion de désir, l'a parfaitement compris, lui qui, dans Challengers, transforme la compétition entre deux tennismen en véritable et tortueuse lutte amoureuse dont l'objet est une ex-championne en devenir reconvertie en impitoyable coach.

Passion sur le court (de tennis)

Le scénario de Justin Kurizkes annonce rapidement la couleur. Le film débute sur un court de tennis. L'histoire est racontée au présent. Tout aussi vite, la rythmique s'emballe et nous voici de retour 13 ans en arrière, quand les deux protagonistes masculins, Art et Patrick, étaient encore les meilleurs amis du monde, eux qui semblaient promis à un brillant avenir, futurs champions de la raquette. Puis tout bascule quand leur trajectoire croise celle de Tashi, un autre prodige de la discipline.

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Loin de se limiter à narrer les vicissitudes d'un triangle amoureux, Luca Guadagnino tisse une intrigue des plus fascinantes avec la complicité de son scénariste et de son monteur. Mieux encore, le cinéaste joue avec les attentes de ses spectateurs et fait souffler le chaud et le froid, de concert avec le personnage de Zendaya, qui joue de son aura pour piloter son destin sans ménager son entourage.

Sans cesse Challengers effectue des aller-retours dans le temps. 13 ans en arrière, 3 semaines en arrière, à nouveau 13 ans puis retour au présent. À plusieurs reprises, cet audacieux stratagème narratif menace d'ailleurs de méchamment se vautrer mais non, Challengers ne commet pas de faute fatale et maintient sa fluidité et sa rythmique pour foncer littéralement vers un climax que l'on imagine à raison terriblement intense.

Match point

Filmant le désir comme personne, passé pro dans l'art de saisir les subtilités de la séduction, Luca Guadagnino sait aussi tirer le meilleur parti de ses acteurs, tous les trois ô combien magnétiques, pour les amener dans de multiples directions et pleinement exploiter la nature déconstruite de son histoire. Un peu à la manière de Pulp Fiction, mais pleinement centré sur ses trois personnages, qui, au cœur d'une ébullition constante, semblent pourtant bien seuls au monde, le metteur en scène tisse un canevas complexe mais paradoxalement simple, où chacun tente de gagner, à sa façon, alors que le temps, les événements et les coups-bas provoquent en eux des changements immuables.

Guadagnino parvenant également à joliment exploiter le tennis pour arriver à ses fins, soit traduire à l'écran les luttes et les aspirations de Patrick, Tashi et Art. Quitte d'ailleurs à parfois jouer un peu la redite sur des allégories un tantinet lourdingues, il faut quand même le souligner. Non Challengers ne parle pas vraiment de tennis, mais plutôt de sexe, d'ambition, d'amour un peu, d'amitié...

Monter au filet

Cela dit, ne pas aborder la question du tennis frontalement dans son récit n'empêche pas le réalisateur de soigner la forme quand ses personnages se retrouvent sur le court. De mémoire de cinéphile, force est de reconnaître que rarement des échanges de balle ont été aussi palpitants et virtuoses que dans Challengers. Avec tous les moyens mis à sa disposition, Guadagnino virevolte autour de la balle, filme en caméra subjective, shoote ses acteurs de loin puis resserre le cadre, adopte des postures originales et ne cesse de répondre par des mouvements secs ou plus amples à la musique électro sauvage du duo Trent Reznor-Atticus Ross, ici particulièrement inspiré. Le plus bel exemple de cet état de fait étant bien sûr l'ultime match, certes un peu long et probablement trop généreux en ralentis mais souvent incroyable d'un simple point de vue technique.

Challengers sait également se montrer cinématographiquement ambitieux en dehors du court. De quoi lui conférer une identité à part, qui vient confirmer que quel que soit le sujet qu'il aborde, le réalisateur italien prend systématiquement le contre-pied pour mieux en exposer la moelle substantielle.

All the Boys love Zendaya

Si Mike Faist, touchant et vulnérable, et Josh O'Connor, séducteur, vorace mais fragile, brillent sans conteste, remarquablement mis en valeur par la caméra de leur metteur en scène, Challengers permet surtout à Zendaya d'affirmer un talent et une présence dingues. Il s'agit d'ailleurs de son premier grand film. Car si l'ex-enfant star de Mickey avait déjà montré sa faculté à jouer dans un registre dramatique et complexe dans la série Euphoria, ici, ses aptitudes, mises à l'épreuve, illustrent son excellence en permanence. Son personnage, très casse-gueule, manipulateur et terriblement magnétique, permet à Zendaya de livrer une performance ahurissante d'intensité.

Star incontestée de Challengers, pivot d'un chassé-croisé amoureux impitoyable et destructeur, centre de gravité de tout le récit, Zendaya saisit la balle au bond et frappe fort, insufflant à son jeu de la rage et un troublant parfum de souffre.

En Bref...Du début à la fin, qui apparaît presque décevante vu la puissance et la virtuosité de (presque) tout ce qui a précédé, Challengers tente des choses, innove et marque des points grâce à son audace. Le sans-faute n'était pas loin. Mais au fond, le film, qui tient haut la main toutes ses promesses, s'avère, dans ses meilleurs moments, tellement puissant, qu'il s'impose sans mal. Et puis, il y a Zendaya. Si vous cherchez une seule raison de faire le déplacement, c'est bien elle.@ Gilles Rolland
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Par Gilles Rolland le 25 avril 2024

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