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Les Djinns

Par Vertuchou

De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.
D'étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève1
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.
Les Djinns funèbres,
Fils du trépas2,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim3 gronde :
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.
Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.
On doute
La nuit…
J'écoute : –
Tout fuit,
Tout passe ;
L'espace
Efface
Le bruit.
  28 août 1828

Victor Hugo

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