5 portraits de femmes idéalisées par des hommes ou des autoportraits sans concession de femmes peintres du 15° au 16° siècle
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Portraits de femmes idéalisées et autoportraits réalistes d'artistes femmes
Simonetta Vespucci. Piero di Cosimo.Vers 1480Portrait de Simonetta Vespucci par Piero di Cosimo
Le portrait de Simonetta Vespucci réalisé par Piero di Cosimo est une œuvre fascinante qui capture à la fois la beauté exceptionnelle de son sujet - une des muses les plus fameuses de la Florence du 15° siècle - et qui recèle une grande richesse symbolique intriguant les observateurs depuis des siècles.
L'un des éléments les plus remarquables de ce portrait est le serpent enroulé autour du cou de Simonetta Vespucci. Ce serpent, symbole classique de la tentation et du péché dans l'iconographie chrétienne, ajoute une dimension de mystère et d'ambiguïté à l'œuvre.
Mais certains experts, après une observation précise, on reconnut dans ce serpent non pas le dangereux aspic décrit en 1568 par Vasari dans son portrait de Piero di Cosimo, mais une inoffensive couleuvre. Ce qui pourrait être étayé par la riche et complexe coiffure ornée de grenats dont on disait parfois qu'ils provenaient de la tête de certains serpents. De nombreux colliers sertis de grenats arborent une tête reptilienne tenant dans sa gueule un grenat.
Certains critiques suggèrent également que le serpent pourrait représenter la séduction et la passion, reflétant ainsi la réputation, en partie posthume de Simonetta - elle meurt de tuberculose à 23 ans - en tant que muse et figure d'inspiration pour les plus grands artistes et poètes de son époque, parmi lesquels Botticelli, di Cosimo, Domenico Ghirlandaio. Elle fut également l'inspiratrice d'un amour passionné chez Julien de Médicis.
Enfin d'autres critiques y voient le symbole de l'éternel retour, des cycles de la vie et de la mort dans l'ordre général de la Nature, ce que l'arrière-plan parait confirmer, puisqu'il alterne la culture et l'état de nature, l'orage menaçant et l'apaisement élégiaque.
Un autre détail intrigant du portrait est le front lisse et épilé de Simonetta Vespucci, qui contraste avec la foisonnante chevelure ondulée et blonde qui encadre son visage. Certains historiens de l'art interprètent cette caractéristique comme une allusion à la mode de l'époque, où les femmes aristocratiques se débarrassaient souvent de leurs sourcils pour créer un front lisse et haut, symbole de beauté et de sophistication.
Cependant, d'autres voix suggèrent que cette absence de sourcils pourrait évoquer une qualité surnaturelle ou idéalisée chez le sujet, renforçant ainsi son aura de grâce et de perfection.
Selon Daniel Arasse, le serpent représente non seulement la tentation mais aussi la sagesse et la connaissance, faisant ainsi référence à la réputation intellectuelle de Simonetta en tant que femme érudite et cultivée. De même, l'absence de sourcils est interprétée comme un signe de pureté et d'innocence, renforçant ainsi l'image de Simonetta en tant que figure idéale de beauté et de vertu.
Plus prosaïquement cette coiffure ne serait autre que celle d'une jeune mariée portant le filet traditionnel, dénommé vespaio, le nid de guêpes. Une allusion alambiquée qui peut se comprendre littéralement comme métaphoriquement, d'autant plus que cette appellation était, semble-t-il, le surnom donné au mari de Simonetta Vespucci née Cattaneo.
Le fond du portrait de Simonetta Vespucci est également sujet à interprétation. Dans une atmosphère à la fois sombre et éthérée, des éléments végétaux et floraux semblent émerger de l'obscurité, créant une impression de profondeur et de mystère. Certains critiques suggèrent que cette végétation pourrait représenter la nature sauvage et indomptée de Simonetta elle-même, symbolisant ainsi son charme naturel et sa beauté envoûtante.
Le portrait de Simonetta Vespucci par Piero di Cosimo est une œuvre d'une grande richesse symbolique et iconographique. À travers ses détails subtils et sa composition énigmatique, ce portrait nous invite à explorer la matière narrative et sémiotique de la Renaissance, tout en rendant hommage à l'incroyable charisme et aura du modèle, Simonetta Vespucci. Une égérie plus qu'une femme réelle !
Tête d'une Jeune de Léonard de Vinci
Au premier regard, la "Tête d'une Jeune Femme" de Léonard de Vinci captive instantanément par la grâce de son sujet. Les traits délicats du visage, capturés avec une précision stupéfiante, invitent le spectateur à s'immerger dans le monde intérieur de cette jeune femme énigmatique.
Son regard, empreint d'une profondeur insaisissable, semble refléter une multitude d'émotions et de pensées secrètes, laissant les observateurs se perdre dans un océan de questionnements.