En 2018, je découvrais Jenn Champion avec Single Rider, un album fantastique dont je apprendrais bien plus tard seulement qui est ce Brian Fennell qui a créé (id est, écrit, joué et produit) l’album avec elle tel un couple artistique formidable. Oui, en 2019, je découvrais cette fois SYML, après être passé à côté de ses EPs qui, déjà, m’interpellaient. C’était à l’occasion du tout premier album de Brian Fennell justement. Je succombais très vite. Puis, quatre années plus tard, il revenait avec, enfin, un second album – la même année où vous avez peut-être vu son nom sur la pochette de Did You Know That There’s A Tunnel Under Ocean Blvd de Lana del Rey. Retour sur cet artiste qui, il y a cinq, devenait l’un de mes préférés dans l’univers pop…
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Cet artiste de Seattle avait fait une apparition remarquée avec son second EP sorti l’an passé. Mais je n’avais pas eu alors la chance de pouvoir l’écouter avec suffisamment d’attention. Quelques semaines plus tard, je découvrais Single Rider de Jenn Champion, et le monde étant tout petit, je remarquais aussitôt qu’elle avait collaboré avec un certain Brian Fennell, ancien membre de Barcelona qui, désormais, travaille en tant qu’artiste solo.
Une toute petite année s’est écoulée et l’album Single Rider demeure l’une de mes plus belles surprises de 2018. Dès lors, je ne pouvais décemment resté à l’écart à l’annonce de la sortie du tout premier album de SYML.
Derrière ce pseudo qui signifie « simple » en gallois (une sorte d’hommage à ses origines qu’il a découvertes tardivement), il y a effectivement un artiste qui sait qu’il développe quelque chose de plutôt sombre ou triste (d’où le piano, les cordes…) mais qui repose surtout sur un ensemble plutôt mystérieux, provenant de sa propre histoire personnelle. Une histoire qui, parfois, pourrait bien ressembler à la nôtre.
Là, je comprends ce qui m’avait touché dans sa collaboration avec Jenn Champion. Cette fois-ci, pour son album à lui, il est seul, sans invité remarquable : une apparente simplicité, ayant comme effet une volontaire mise à nue à fleur de peau. Plus j’écoute l’album, plus il me touche, m’envahit. Et j’y retrouve finalement une grande chaleur humaine. En plus de retrouver ici ou là des éléments que j’avais adoré sur Single Rider, j’ai comme l’impression d’entendre d’autres souvenirs, allant de Queen (« Break free ») à James Blake (« Wdwgily »).
SYML est largement un disque parfait pour la radio, tant il est indéniablement bourré de tubes ! Pour autant, l’écoute des douze titres démontrent surtout le grand talent de chanteur (car sincèrement, quelle voix !) et de compositeur très 2010’s de Brian Fennell.
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En 2019, j’allais découvrir doublement Brian Fennel. D’abord sous le nom de SYML, son projet musical perso et solo, avec un premier album éponyme qui me plaira tout de suite mais qui se révélera seulement par la suite être une œuvre bien plus grandiose que ne le laissait présager mes premières écoutes de cette musique très pop et, en fin de compte, tellement percutante.
Ensuite, complètement par hasard, j’avais découvert Jenn Champion. Avec son album Single Rider, un peu comme pour SYML, j’allais passer de bien aimer à adorer ses chansons. Et puis, donc, le monde était finalement petit, vraiment tout petit même : un certain Brian Fennel avait travaillé avec elle sur tout l’album, et cela s’entend évidemment très nettement.
Nous voici en 2023. Davantage que de l’eau à couler sous les ponts. Ou plutôt, on attend que l’eau ne coule comme avant, car tant de choses ont changé. Le cours normal des choses s’est vu accéléré par nos actions passées. Et, au beau milieu de tout cela, les artistes n’ont pas pour autant arrêté de se sentir pousser par une force intérieure, pousser à exprimer ce quelque chose qu’ils ont en eux, parfois sans jamais trouver ce dont il s’agit, mais toujours en réussissant à en créer quelque chose – oui, quelque chose – de nécessaire.
Avec un titre aussi explicite que The Day My Father Died, Brian, ou SYML donc, annonce la couleur. Il sera, une fois de plus, très personnel, et cela malgré le fait que l’illustration de couverture semble si paisible à première vue.
Forcément, la première écoute déroute, tant j’ai pu écouter et aimer le précédent album. Mais, effectivement, il se dégage bien une ambiance des plus paisibles au fil des quinze nouvelles chansons. Puis, seconde écoute, ça y est : je suis installé à bord du train et, enfin, peux profiter tranquillement, paisiblement du paysage qui défile alors sous mes yeux, sous mes oreilles. La voix de SYML, sa musique, me touche déjà. Différemment, mais elle me touche déjà. Une nouvelle fois donc.
Notez les superbes participations de Lucius, Guy Garvey, Sara Watkins et Charlotte Lawrence.
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(in Heepro Music, le 24/04/2024)
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