Encore quelques tableaux superbes au Musée de Tel Aviv, en complément de l’article précédent.
Abendland d’Anselm Kiefer (1991) avec ces rails de chemin de fer, qui, ici, ne peuvent jamais être innocents, surmontés par ce cercle zodiacal, symbole païen d’un avenir meilleur ? La matière du tableau est déchirée, crevée, flétrie. Un très grand Kiefer.
Un ensemble de Patrick Raynaud, immense paravent lumineux, sur roulettes, pliable et réductible en un seul parallélépipède, La Valise de Courbet (1990), le tableau géant du studio de l’artiste, si difficile à voir à Orsay, mis en lumière au Grand Palais et ici dénudé, dévoilé, éclairé comme une pub, comme un Jeff Wall. Un Courbet mobile, accessible, transportable, pour tout un chacun, un Courbet ayant perdu son mystère, son souffle, devenu bien de consommation banalisé. Et ce tableau de Peter Doig, plus complexe que beaucoup de ceux vus au MAMVP il y a peu, The House that Jack built (1992) : si la bande centrale ne surprend guère, maison et lampions au milieu des fleurs géantes, le bas est tout entier structure, lignes droites, briques accumulées, alors que le haut est pur chaos, magma, fusion de matières. Je suis resté longtemps devant ce tableau.