C 'est le titre d'un ouvrage de Jean Peyrelavade, et Le Monde nous en donne les "bonnes feuilles". La lecture de celles-ci à de quoi nous interloquer. Cela concerne l'étonnante clairevoyance de Raymond Barre. Tout ça dans un ouvrage intitulé "Nicolas Sarkozy ou l'art de la fausse rupture".
Jugez-en par ce premier extrait :
Je ne pus m'empêcher de relancer [Raymond Barre lors d’un dîner en 2006] : quel événement voyait-il qui provoquerait le sursaut appelé de ses voeux, après une longue période de gouvernements médiocres : "Les Français se réveilleront, répondit-il sérieusement, quand ils constateront une baisse de leur pouvoir d'achat." J'avoue ne pas avoir très bien compris, sur-le-champ, le sens de cette affirmation. Après quelques mois de présidence Sarkozy, j'en admire la prescience. Les Français croyaient avoir élu un réformateur ? Ils ont choisi un agitateur d'idées qui cache sous un vocabulaire de rupture et une multiactivité vibrionnante la continuité immobile de la démagogie et du laxisme chiraquiens. J'espère simplement que le peuple en prendra conscience avant que son pouvoir d'achat ne diminue vraiment. Mais peut-être suis-je trop optimiste, peut-être est-ce Raymond Barre qui avait raison.
Vous avez bien lu, voilà la clé du problème : Quand les français se rendront compte que tout est fait de manière à ce que leur pouvoir d'achat baisse, là ils réagiront. Dans quel sens on ne peut pas le prévoir, mais en même temps ils observeront que les bénéfices et dividendes des grandes entreprises ont cru de façon obscène tandis que les PME et les salariés et précaires ou vieux avec petite retraites devaient se serrer la ceinture. Ça dure depuis 2002, on pourra reprocher à Peyrelevade ce qu'on veut, mais le diagnostic et le rappel de ce souvenir vaut son pesant de cacahuètes.
Un autre extrait est lui aussi croustillant :
Vous voilà prévenus, un seul quinquennat de multi-actif vibrion suffira pour que les gens comprennent que l'UMP fait n'importe quoi , que sa politique fiscale accentue les déficits et la dette, que leur but n'est que de servir les intérêts de leurs amis et connaissances. Pour moi le problème est simple nous sommes confrontés à un hold-up de 200 milliards d'Euros : différentiel de 11% entre le capital et le travail qui part dans la spéculation financière, aides aux entreprises qui font des bénéfices et reversent l'argent public des aides aux actionnaires, niches fiscales pour nantis, politique fiscales en faveur de l'immobilier spéculatif. La rente fruit de véritables confiscation, et de l'autre coté des français qui se serrent la ceinture..."Mais enfin, Monsieur, combien de temps la France va-t-elle continuer à s'enfoncer avant de réagir ?" Sa voix descendit ton par ton, syllabe par syllabe, du plus aigu jusqu'au plus grave avec une sorte de point d'orgue sur la dernière voyelle : "Monsieur Peyrelevade, encore un quinquennat." La table éclata de rire.