Nicolas Sarkozy : un leurre

Publié le 22 août 2008 par Micheljanva

" Vice-présidence : John McCain commettra-t-il une erreur ? | Accueil | Bonne nouvelle d'Ukraine "

22 août 2008

Nicolas Sarkozy : un leurre

De Jean Peyrelevade, ancien PDG du Crédit lyonnais, proche de François Bayrou, et ancien conseiller de Pierre Mauroy en 1983 :

"Les Français croyaient avoir élu un réformateur ? Ils ont choisi un agitateur d'idées qui cache sous un vocabulaire de rupture et une multiactivité vibrionnante la continuité immobile de la démagogie et du laxisme chiraquiens. [...] Cet homme, agissant dans une sorte d'urgence perpétuelle, écrase le temps, et d'abord celui de l'effort. Plongé dans l'immédiateté, épousant tous les plis du terrain dans une sorte de vibration permanente, il veut convaincre les Français que chaque réforme leur amènera dans l'instant quelque avantage : l'économie, selon son expression, ne saurait être "sacrificielle". [...] Nous avons ici une version plus sophistiquée et donc plus pernicieuse de l'illusion démagogique : il suffirait de modifier l'agencement, la combinaison, des éléments simples qui constituent une économie pour que, sans délai, sans effort, sans plus de sacrifice, chacun trouve son compte à cette permutation. Terrible erreur de diagnostic qui empêche de sortir de la facilité. Comme si le redressement d'une économie profondément déséquilibrée était possible autrement que dans le temps, autrement que par un retour à la rigueur dans la gestion des affaires publiques, autrement que par une renonciation explicite au plaisir équivoque de vivre au-dessus de ses moyens. [...]

Doté, lui, d'une grande aptitude à l'action, il l'exerce hélas de travers. Ses partisans le félicitent de mettre la France en branle : voulant incarner le changement, il est dans l'exact prolongement des erreurs du passé. Il s'agite de mille mouvements mais sans quitter une seule seconde le couloir où l'enferme son erreur de jugement. Héros des réformes périphériques, il échouera sur la seule qui soit centrale : celle qui rétablirait la compétitivité de notre appareil productif. Loin de résoudre nos difficultés, il va continuer à les aggraver. Loin de la renforcer, il va progressivement étouffer le peu de croissance potentielle qui nous reste. Loin d'augmenter le pouvoir d'achat, il nous conduit vers une stagnation de notre niveau de vie. En ce sens, son erreur est historique comme sera tristement historique son élection par un peuple floué. En ce sens, incarnation de la fausse rupture, de la fausse réforme, il est un leurre, le dernier leurre j'espère avant que le redressement de la France soit enfin engagé."

MJ

Posté le 22 août 2008 à 21h51 par Michel Janva | Catégorie(s): France : Politique en France