Ces trois poèmes proviennent du recueil Épitaphes (1919) et ils constituent une sorte d’hommage amical, ironique et décalé à des artistes contemporains de Philippe Soupault. En 1919, Marie Laurencin, Picabia et Tzara sont en effet très loin d’envisager leur mort puisqu’ils ont chacun, respectivement, 36, 40 et 23 ans.
Ces poèmes correspondent à l’époque dadaïste.
Le recueil Épitaphes est disponible dans la collection Poésie/Gallimard, dans le même volume que Georgia et Chansons.
Note biographique sur Philippe Soupault
Philippe Soupault, né en août 1897 à Chaville et mort le 12 mars 1990 à Paris, est un écrivain, poète et journaliste français. Il participe au mouvement Dada. Il est cofondateur du surréalisme avec André Breton, puisqu’ils écrivent ensemble Les Champs magnétiques en 1919, premier exemple d’écriture automatique. Soupault est exclu du mouvement surréaliste en 1926 (par Breton) pour ne pas être assez engagé politiquement (les surréalistes étaient alors favorables au communisme). Il devient un journaliste célèbre, voyage beaucoup : Europe, Tunisie, Amérique du Nord et Latine, où il réalise des reportages. Il écrit également des romans, comme Le Grand homme (1929), et des pièces de théâtre.
(Source : Wikipédia)
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Notes biographiques succinctes
Marie Laurencin (1883-1956) est une artiste-peintre figurative française, mais aussi graveuse et illustratrice, étroitement associée à la naissance de l’art moderne et de l’Ecole de Paris. Elle fut l’amie d’Apollinaire.
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Francis Picabia, né Francis-Marie Martinez de Picabia (1879 à Paris- 1953 dans la même ville) est un peintre, dessinateur et écrivain français, proche du mouvement dada, puis surréaliste.
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Tristan Tzara, de son vrai nom Samuel Rosenstock, (1896 dans le royaume de Roumanie – 1963 à Paris) est un écrivain, poète et essayiste de langues roumaine et française et l’un des fondateurs du mouvement Dada dont il sera par la suite le chef de file. Il est ainsi considéré, en France, comme l’un des principaux représentants de la littérature dada.
(Source de ces trois notules : Wikipédia)
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Marie Laurencin
Ce bel oiseau dans sa cage
C’est ton sourire dans la tombe
Les feuilles dansent
Il va pleuvoir très longtemps
Ce soir avant de m’en aller
Je vais voir fleurir les arbres
Une biche s’approchera doucement
Les nuages tu sais sont roses et bleus
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Francis Picabia
Pourquoi
as-tu voulu qu’on t’enterre avec tes quatre chiens
un journal
et ton chapeau
Tu as demandé qu’on écrive sur ta tombe
Bon voyage
On va encore te prendre pour un fou là-haut
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Tristan Tzara
Qui est là
Tu ne m’as pas serré la main
On a beaucoup ri quand on a appris ta mort
On avait tellement peur que tu sois éternel
Ton dernier soupir
ton dernier sourire
Ni fleurs ni couronnes
Simplement les petites automobiles
et les papillons de cinq mètres de longueur
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