De quelle façon et au terme de quelles manipulations un bonimenteur comme Hitler a-t-il ouvert le gouffre et le vertige de sa " grande Allemagne " ? Quels acteurs puissants a-t-il mis au fond de sa poche afin de faire jouer les sinistres marionnettes de son Troisième Reich ?
Avec une méticuleuse attention et une grinçante ironie, Éric Vuillard choisit de relater quelques-uns des moments de la montée en puissance de l'inquiétant dictateur dont les méthodes rappellent étrangement celles de Poutine : mensonges, menaces, pièges, manipulations, trafic des images, désinformation...
On se souvient de la cauchemardesque colonne de chars russes déployés à proximité de Kiev au début de la tentative d'invasion de l'Ukraine, colonne de chars soudain figés dans une sorte de filet onirique aux allures ironico-tragiques... Le 12 mars 1938, la machine infernale est en marche et malgré la grotesque panne d'essence qui bloque la aux portes de l'Autriche, rien ne semble cependant pouvoir l'arrêter.
Et pendant ce temps-là, dans un asile de fous, l'écrivain évoque le peintre Louis Soutter, devenu incapable de manier un pinceau à cause de son arthrose, " Il était peut-être en train de dessiner avec les doigts sur une nappe en papier une de ses danses obscures. Des pantins hideux et terribles s'agitent à l'horizon du monde où roule un soleil noir ".