Dans le sillage d'une tendance encore discrète mais indubitable, eToro annonce la généralisation à toutes les actions négociées sur sa plate-forme de la possibilité pour leurs détenteurs de soumettre facilement leurs votes aux assemblées générales, dont une expérimentation limitée aux titres cotés aux États-Unis a rencontré un vif succès.
Il existe de multiples raisons pour lesquelles les investisseurs individuels ne s'engagent que rarement dans la vie des entreprises dans lesquelles ils ont acquis des parts. Dans le cas des fonds mutuels ou indiciels, ils ne sont pas directement propriétaires, ce qui les exclut a priori… mais n'empêche pas BlackRock de vouloir leur restituer ce pouvoir. Le cas est identique avec les actions fractionnées, mais même avec les portefeuilles classiques, les complexités de participation découragent les amateurs.
En revanche, il semble que le désintérêt et la passivité ne soient pas des causes de désaffection pour une fraction importante de la population concernée : presque 30% d'un panel international consulté sur la question affirme avoir contribué à une AG par le passé, sur les thématiques les plus brûlantes – élection des administrateurs, distribution de dividendes, rémunération des dirigeants… La démarche initiée précédemment par eToro sur le seul périmètre américain a ainsi vu 145 000 votes exprimés en 2023, en général sur les enseignes les plus emblématiques – Apple, Amazon, GMC…
Afin de simplifier la procédure, eToro recourt à un classique mécanisme de procuration (proxy), élaboré en partenariat avec le spécialiste Broadridge, que la technologie permet de déployer à grande échelle. Chaque client de la plate-forme recevra désormais un courriel à chaque fois qu'une des sociétés dont il possède des titres (entiers ou non) présente des résolutions aux voix de ses actionnaires. Il leur fournira toutes les informations nécessaires pour prendre une décision éclairée, un lien pour assister virtuellement à l'assemblée et l'accès à un site web pour exprimer leurs choix.
Le vrai mouvement qui se dessine est d'abord celui des consommateurs, notamment parmi les jeunes générations, qui souhaitent reprendre un peu de contrôle sur des organisations dont les orientations sont pour l'heure largement dominées par les acteurs institutionnels. Les préoccupations environnementales sont fréquemment responsables de ces velléités mais elles ne sont pas les seules. La mise à disposition de solutions pratiques autorisant l'exercice de son droit d'actionnaire constitue aujourd'hui une aubaine pour ces activistes en herbe… qui pourrait bientôt devenir un impératif.