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Dangereuse vie de bureau, de Guillaume Rihs

Publié le 13 avril 2024 par Francisrichard @francisrichard
Dangereuse vie de bureau, de Guillaume Rihs

Autrefois je n'avais pas de voiture, n'étant pas directeur. J'ai appris à conduire il y a trente-sept ans; après avoir appris, je n'ai plus conduit. Mes vies d'artiste et d'étudiant, d'homme à tout faire et d'imprésario se sont déplacées à pied, à vélo, à scooter. Ma voiture, conséquence funeste de ma promotion. Directeur en voiture: je tue.

Ce début laconique est un excellent résumé de ce gros livre de Guillaume Rihs, dont le narrateur, Samuel Grandpierre, est un homme grand, ayant le physique et le nom de l'emploi qu'il occupe en début et fin de récit, puisqu'il est directeur d'une agence immobilière.

Mais il n'a pas seulement le physique et le nom adéquats, il a aussi le mental qui va avec. Et il le sait parce qu'il a passé des tests au service Uni-Conseil Orientation de l'Université de Genève, pour déterminer dans quelle voie il devrait professionnellement s'engager.

Il avait vingt-deux ans, un passé d'artiste, de clarinettiste, des parents eux-mêmes artistes. Il répondit donc au Questionnaire d'intérêts professionnels de Rothwell-Miller. Il en était ressorti qu'il avait un profil dominant parmi les six profils types: celui d'Entrepreneur. 

Il avait de qui tenir, puisque son grand-père paternel, Emmanuel Grandpierre, était directeur. Lors d'un repas au restaurant, celui-ci lui avait dit qu'il avait les trois vertus cardinales pour réussir dans le monde de l'entreprise: l'imagination, la force de travail, l'entregent.

Cette orientation était confirmée par la théorie de Douglas McGregor, selon laquelle il y avait deux groupes d'individus: ceux qui ont une opinion négative portée sur le travail et ceux pour qui le travail est perçu comme une source d'épanouissement: il était de ceux-là.

Avant de devenir directeur, Samuel aura été étudiant sans diplôme, puis artisan ébéniste jusqu'au jour où il perdra un doigt, enfin homme à tout faire dans l'agence immobilière dirigée par Antonia Casagrande, une amie de son frère Laurent, quand ils étaient étudiants.

La plus grande partie du livre est consacrée à la vie de bureau à Casagrande Immobilier, qui se trouve au dix-septième étage de la tour Azur, laquelle voisine avec deux autres tours babéliennes, Turquoise et Indigo, à Pregny-Chambésy, au nord de la ville de Genève. 

Deux mois durant, la directrice, Antonia Leclerc, née Casagrande, disparaît. L'entreprise, sans elle, c'est-à-dire sans son chat maître à bord, part à vau-l'eau. Dans la Villa Isabella, qui fait partie du portefeuille des Locations, les souris, membres du personnel, dansent...

Quand Antonia revient, elle confie la direction à Samuel, tandis qu'elle part travailler dans une entreprise immobilière plus importante. Samuel devient le tout-puissant directeur d'une agence où il fait montre de modernité en transformant les locaux, selon ATAWADAC1.

Dangereuse vie de bureau n'est pas ce qu'on croit. Certes, l'entreprise n'aura pas échappé aux aléas économiques, aux licenciements, aux disputes, mais le plus grand danger sera le pouvoir dont il sera tentant d'abuser, ce qui se traduira par un retour à la case départ...

Francis Richard

1 - Any Time Any Where Any Device Any Content.

Dangereuse vie de bureau, Guillaume Rihs, 544 pages, Slatkine


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