C'est en lisant des livres qu'Isabelle, infirmière, a découvert ce mode de vie. Souvent perçu comme un concept marginal et austère, le minimalisme consiste à se ramener à l'essentiel dans tous les domaines, notamment en limitant les possessions matérielles. Elle a alors compris qu'elle n'arrivait pas à organiser ses affaires car elle en avait trop. Il était nécessaire d'agir, car cela l'affectait beaucoup.
" La maison me prenait tellement d'énergie que j'avais moins de temps avec mes enfants. J'avais un niveau de stress élevé. En plus, je suis atteinte du trouble de déficit d'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), donc j'avais une grande tendance à accumuler "au cas où". Après, j'avais des crises d'impulsion car je ne retrouvais plus certaines choses ", se souvient Isabelle.
Ainsi, elle a décidé de suivre le programme en ligne de Marie-SO La Minimaliste, Marie-Sophie Berruex de son vrai nom. Pendant six mois, elle a découvert les bases de ce concept et a appris à les mettre en pratique.
Le processus
Selon cette guide en mode de vie minimaliste, si l'on veut être bien dans sa maison, il faut de l'espace. " Parfois, on pense qu'acheter des bacs va aider, mais ça va rajouter de la complexité car il va falloir ranger d'une certaine manière pour que tout rentre ", explique-t-elle. Il faut aussi se souvenir dans quel contenant on a rangé ce que l'on cherche.
La première étape pour devenir minimaliste est donc de désencombrer son habitat, en se débarrassant des objets superflus. Le mot d'ordre est de garder exclusivement ce qui sert un besoin présent. Tout ce qui appartient au passé (robe de bal, souvenirs des grands-parents, etc.) ou au futur (ce que l'on possède au cas où on en aurait besoin mais que l'on n'utilise pas) doit disparaître.
Lorsqu'il ne reste que les objets essentiels, une place doit être attribuée à chacun d'entre eux. En plus d'être un gain de temps quotidien, cette technique permet à Isabelle de retrouver plus facilement ses accessoires. Comme il n'y a plus d'affaires qui traînent dans la maison, elle passe moins de temps à ranger et sa charge mentale a diminué.
Selon plusieurs études, une accumulation d'objets viserait à combler certains besoins émotifs. Pourtant, le désencombrement a permis à Isabelle de ressentir un bien-être profond et à Marie-Sophie de la soulager d'un poids qui l'oppressait ainsi que de ses douleurs chroniques. " Notre environnement est l'extension de qui nous sommes. Faire le ménage dans sa maison, c'est le réaliser aussi dans sa tête ", affirme cette dernière.
Nouveau mode de vie
Le minimalisme va au-delà du désencombrement : c'est repenser tout son mode de vie. Certains choisissent par exemple d'habiter dans des mini-maisons, des logements simples et écologiques qui sont en plein essor. Cependant, elles ne sont pas acceptées dans toutes les municipalités. De son côté, Marie-Sophie vit dans un bus scolaire aménagé, nommé Luna. Elle fait toutefois face à quelques problématiques puisque peu de campings sont ouverts l'hiver au Québec.
Isabelle, elle, s'est rendu compte qu'elle laissait son travail déborder sur son temps personnel. En simplifiant son horaire, elle a mis ses priorités de l'avant et réorganisé son quotidien. Puisqu'elle a davantage de temps libre, elle s'est remise derrière les fourneaux, elle qui avait perdu le goût de cuisiner. Elle initie même ses enfants à cette activité.
" Avant, je me sentais tellement surchargée par la vie que c'était plus facile d'acheter des collations. Je ne voulais plus les enfants dans la cuisine car tout me tombait dessus quand j'ouvrais les placards, donc je les mettais devant les écrans. Maintenant, comme il y a moins de choses à sortir, j'ai moins de stress et d'appréhension. Cuisiner avec eux est devenu un moment précieux pour moi ", raconte-t-elle.
Cela a fait une grande différence dans le quotidien de ses enfants, qui semblent apprécier cette nouvelle façon de vivre. Isabelle remarque qu'ils sont heureux de l'aider et qu'ils souhaitent s'impliquer davantage, en mettant la table ou en épluchant les légumes au lieu de jouer, par exemple.
Vivre avec moins d'objets, c'est aussi trouver des alternatives insoupçonnées. Un bien peut avoir plusieurs fonctions. Par exemple, la fille d'Isabelle n'a plus de berceau où mettre sa poupée, mais elle la fait dormir dans le bac où elle range ses jouets. Selon sa mère, cela lui permet de développer davantage son jeu et sa créativité.
Grâce à ce nouveau mode de vie, le quotidien d'Isabelle est devenu plus limpide et elle s'est reconnectée avec ses valeurs. " Même si ce processus prend du temps et de l'énergie, le bien-être qu'on ressent grâce à la fluidité nous amène à continuer ", souligne-t-elle.
Consommer intelligemment
Les personnes minimalistes ont tendance à revoir leurs habitudes de consommation, alors que nous sommes dans une société de surconsommation, où l'on nous incite à acheter toujours plus et où l'on a tendance à se valoriser par notre pouvoir d'achat.
" Le marketing nous fait croire qu'on sera plus heureux si on achète le dernier ustensile à la mode. Quand on acquiert un bien, notre cerveau sécrète de la dopamine. C'est un plaisir instantané et court. Après, on a de nouveau envie d'acheter quelque chose. Ça devient un cercle vicieux, comme lorsqu'on développe une addiction ", détaille Marie-Sophie.
Isabelle reconnaît qu'elle était très influencée par les publicités. Désormais, elle est beaucoup plus critique. Lorsqu'elle achète un objet, une longue réflexion a lieu. Elle investit dans des biens de qualité, afin de ne pas avoir à en racheter un quelque temps après, et laisse son panier virtuel en suspens pendant un ou deux mois afin de voir si elle en a vraiment besoin.
" Avec le minimalisme, on consomme moins et de façon plus intelligente. Ça a un véritable impact sur notre budget, en plus des frais d'épicerie qui ont diminué ", remarque-t-elle.
Avec l'argent économisé, Isabelle se plaît à organiser des activités spéciales avec sa famille plutôt que de posséder des biens. " Amener son enfant au zoo, c'est l'un des plus beaux moments. Cela permet de passer du temps ensemble, et c'est ce qui est le plus important. C'est de ça que l'on se souvient ", affirme-t-elle.
Elle incite également son entourage à offrir des expériences plutôt que des objets à ses enfants. " On limite les grands-parents à un cadeau. On fait attention à ce qui entre chez nous. Avant, quand on me donnait des affaires, je prenais tout. Maintenant, j'ai appris à dire non ", précise Isabelle.
Moins d'impact environnemental
Comme les personnes minimalistes achètent moins, leur impact environnemental est plus faible. Cela est renforcé par la tendance zéro déchet, qui découle automatiquement de ce mode de vie. " Puisque je cuisine les collations de mes enfants, il y a moins de papiers d'emballage ", explique Isabelle.
Cette dernière est heureuse que son empreinte écologique ait diminué. " L'environnement est important pour moi. Les changements climatiques vont avoir des impacts sur mes enfants ", détaille-t-elle. Elle est consciente que la planète est en danger, comme l'a montré le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, et qu'il est important d'agir.
Le minimalisme est un processus continu. Pour qu'il soit efficace, Isabelle sait qu'elle doit développer une certaine vigilance et qu'il lui reste des choses à améliorer. D'ailleurs, elle a déjà en tête ce qu'elle va trier prochainement. " Je vais encore réduire les pantalons de ma fille et mes vêtements. Comme je mets mon uniforme d'infirmière cinq fois par semaine, j'en ai encore trop ", analyse-t-elle. Lorsqu'elle aura fini, elle triera ses photos numériques. Même si c'est très sentimental, elle sait qu'elle ne devra garder que le plus beau cliché de chaque moment.
Le minimalisme existe aussi dans l'art. Il consiste à réaliser des œuvres simples, qui se composent généralement de formes basiques et de deux ou trois couleurs. Alors, si vous ne voulez pas l'essayer dans votre vie, vous pouvez toujours tenter l'aventure sur une toile.
Suggestion littéraire
Ce recueil, c'est pour remercier Bilbo Cyr par la poésie et le slam
C'est grâce à lui que je suis rendu là aujourd'hui
Ce livre est précieux, rempli de souvenirs et de beaux moments d'amitié
Moi, je vis ma vie dans le présent
Deux années en Gaspésie et au Campoétik
Que ça soit dans la forêt ou au milieu de nulle part
Je serai toujours chez moi,
Uni et entouré d'ami.es que j'ai écouté.es
Pis entendu.es slamer
Lim Brunet