Magazine
Sacs au dos, nous quittons la baie d'Aigiali à l'assaut du monastère Agios Stavros. Nous empruntons un premier chemin de pavés irréguiliers qui, vingt bonnes minutes plus tard, nous conduit au superbe village à flanc de colline, Lagada. Il est déjà midi passé, le soleil cogne. Nous nous perdons dans les ruelles étroites du village, des marches décorés de soleil, de fleurs, d'animaux et divers dessins à la peinture blanche guident nos pas jusqu'à la petite église d'Agia Triada.
Là, à l'ombre d'un bel arbre, nous hésitons un instant. Continuer à grimper, dans la chaleur. Ou nous résigner et rebrousser chemin. Nous cédons à notre destin du jour, et grimpons, à la sortie du village, tantôt dans des chemins caillouteux, terreux, tantôt des escaliers en roches impraticables, croisant à l'occasion un berger à dos d'âne partant à la rencontre de ses moutons, plus haut.
Au détour d'une volée de marches, je craque un peu. Je m'assois, secouée d'un sanglot venu de nulle part. La fatigue, la frustration de la non-sportive distancée par des compagnons de route plus aguerris. Mon homme rebrousse chemin, un peu décontenancé. Il me tend de l'eau, pose sa main sur mon épaule. Il a l'air plus confiant que moi sur mes forces. In peto, je me répète "Tu vas y arriver". Alors ça passe, et on repart, s'attardant le plus possible sous les rares arbres qui se présentent sur la route. Un peu plus loin, une chapelle, Agios Ionnis Théologos, où nous retrouvons un randonneur nous ayant dépassé un peu plus tôt. Et enfin, le monastère. Ici, un superbe point de vue sur les alentours. Nous sortons quelques victuailles de notre sac que nous mangeons en compagnie d'un troupeau de chèvres pas farouches.
Une heure plus tard, je suis adossée au mur blanc, à l'intérieur de la coursive du monastère, un peu à l'ombre. Les vents s'y engouffrent et jouent avec mes cheveux emmêlés. Je regarde au loin deux d'entre nous qui ont poussé un peu plus loin, pendant que nous autres nous reposons avant de redescendre au village pour une baignade bien méritée. Mais pour l'instant, je profite du calme. A mes pieds, un petit lézard qui tourne depuis un moment. Il s'enhardit, grimpe le long du banc et monte presque dans ma main. Je souris. Je décompresse. Enfin.