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Bribes de marche pour philosophes

Par Ivredelivres
Bribes marche pour philosophes

" La marche est un début de chute, l'amorce d'une chute, qui est d'abord provoquée, puis aussitôt empêchée, puis recommencée et réempêchée... indéfiniment. Mettre un pied devant l'autre, c'est se faire presque tomber, se rattraper, se refaire tomber à peine, se rerattraper, sans cesse. Le mouvement est produit par cette amorce de chute constamment entretenue et arrêtée. Nous le savons, intuitivement. Nous n'y pensons presque jamais, bien que nous marchions tous les jours, pour la plupart d'entre nous. "

Bribes marche pour philosophes

" Humains, nous sommes des " êtres marchants ". La marche peut définir l'humain tout autant que la parole et la pensée. Il est le seul, de tous les vivants, à se déplacer ainsi. C'est pourquoi il me semble qu'on ne peut se contenter de juxtaposer ces définitions de l'humain : être marchant, être parlant, être doué de raison. Il faut en explorer les liens, en examiner l'éventuelle unité. Car se redresser pour marcher fut apparemment, pour notre espèce, le geste qui a permis de parler et de penser. Quand l'humain a commencé à marcher, il a commencé aussi à parler et à penser. "

Bribes marche pour philosophes

" En ce sens, nos pensées marchent. Quand elles sont mises à l'épreuve - et la philosophie constitue au plus haut point cet exercice - leur manière de fuir en avant ressemble de très près au mouvement de contrariété interne, provoquée et surmontée, qui se tient au cœur de la marche. Marche et philosophie se trouvent sans doute dans un mouvement semblable de chutes et redressements permanents. "

Le livre : Comment marchent les philosophes - Roger-Pol Droit - Editions Paulsen

Bribes marche pour philosophes


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