Noël 2023.
Cinq mois sont passés depuis cet inoubliable séjour à Saint Malo où Paul et Sylvie ne se sont pas contentés de dormir côte à côte. Sylvie a repris son travail qu'elle adore et Paul a repris son inactivité qu'il déteste.
Depuis qu'il est retraité, Paul pense et quand il pense, il déprime.
Pendant quelques années, les kholles au lycée de Nancy ainsi que son essai de roman lui ont un peu occupé l'esprit.
Mais depuis qu'il a renoncé à écrire ou plutôt qu'il a échoué dans sa tentative, plus rien ne l'intéresse..
" Dieu que j'étais heureux quand j'étais prof ! "
Paul essaie de lire .
Dernier ouvrage lu : "Le labyrinthe des égarés" d'Amin Maalouf.
"Mais comment est-il possible de recueillir autant d'informations sur l'histoire de La Chine, du Japon, de la Russie et des USA ?"
Paul ne peut pas s'empêcher de se comparer aux écrivains qu'il lit et évidemment il en conclut qu'il est une nullité sans nom.
De ses diverses lectures, Paul a certes mémorisé quelque extraits, mais ce sont toujours les citations les plus sombres qui lui reviennent à l'esprit, comme celle-ci, sa préférée :
"Même en écarquillant les yeux, l'Homme ne voit rien. Il tâtonne en trébuchant sur la route obscure de la vie, dont il ne sait ni d'où elle vient, ni où elle va. Il est aussi angoissé qu'un enfant enfermé dans le noir."
“Cet homme qui ne voit rien, qui n'a jamais rien vu, qui a passé sa vie à perdre l'équilibre, c'est moi, Paul.
Parfois, les bons jours, il se dit qu'il n'a pas été aussi aveugle que cela puisqu'on l'a souvent qualifié, en salle des profs, d'oiseau de mauvaise augure, de rabat-joie, de Cassandre quand il annonçait à ses collègues de sévères régressions dans les domaines économique, industriel, éducatif, culturel, politique qui se sont effectivement produites.
“J'ai même pêché par excès d'optimisme (se dit-il quand il a le moral), car jamais je n'avais imaginé que mon pays mourrait avant moi."
Les vacances approchent, celles de Sylvie - Paul, lui, vaque en permanence et par conséquent n'a plus de vacances.
Paul et Sylvie ont fait, pour leurs vieux jours comme on dit vulgairement, l'acquisition d'un petit appartement à Nice.
L'été, baie de Saint-Malo, l'hiver, baie des Anges, la vie devrait être belle...
Pourtant Paul est de plus en plus sombre. Plus jeune, il passait pas mal de temps, trop déjà, devant la télé. Aujourd'hui, quand il appuie sur la touche on de la télécommande, ce qu'il ne peut s'empêcher de faire, il ne se passe pas deux minutes avant qu'il éteigne.
Mais il faut se tenir informé, se dit-il, pour se donner bonne conscience.
Si la télé est devenue ordurière, il faut bien vérifier.
Le lynchage médiatique d'un acteur alcoolique par des journalistes surjouant les vierges effarouchées alors qu'ils sont à la botte d'un pouvoir politique corrompu et d'une inculture abyssale, a rendu Paul fou furieux.
"Ça aussi, moi, l'oiseau de mauvaise augure incarné, je ne l'avais pas imaginé. "
Paul lit de plus en plus de romans ou d'essais philosophiques parfois même si cela n'est pas très naturel pour lui et pour s'encourager, il récite cette autre citation qu'il a retenue, sans effort celle-ci, il y a déjà fort longtemps:
"J'ai reçu [des hommes] plus de choses par le livre que par la poignée de main. Le livre m'a fait connaître le meilleur d'eux-mêmes, ce qui les prolonge à travers l'Histoire, la trace qu'ils laissent derrière eux."
Paul et Sylvie sont arrivés à Nice .
Paul est plongé dans sa nouvelle lecture :
"Also sprach Zarathustra. Ein Buch für Alle und Keinen"
Sylvie proteste vivement :
"Il fait dix-huit degrés, un soleil resplendissant, nous sommes venus ici pour marcher en pleine nature dans l'arrière-pays et tu achètes un nouveau livre!
-Sylvie, c'est bien toi qui m'a proposé de gravir demain le sentier de Nietzsche à Eze, non ?
-Oui, lapin, mais cela ne nécessite pas du tout d'avoir lu
cette oeuvre difficile contenant en outre des passages plats ou insipides.
Et en langue allemande! Tu deviens fou, Paul ! ... Ah, je comprends, tu veux faire le pédant de Nice, c'est cela ?
-Cette contrepèterie, tu me l'as déjà servie deux fois Sylvie, renouvelle-toi !
Mais tu as raison, ce n'est pas un livre pour moi...
"Avers" de Le Clézio, tu m'autorises, chef ?
-OK ! Alors que l'on devrait être heureux de découvrir notre nouveau lieu de vacances, Monsieur a décidé de donner libre cours à son mauvais caractère. Tu n'as pourtant pas regardé la télé une seule seconde depuis que nous sommes arrivés.
-Non, mais tu sais, Sylvie, internet et les zéros sociaux, ce n'est pas mieux.
-Tu contrepétes, cela me rassure, lapin. Tu ne m'avais pas dit que tu avais déniché un blog de qualité avec des commentaires parfois divertissants ?
-Oui, mais, ces derniers temps, les débats sur les sites les plus respectables se focalisent parfois sur les mêmes sujets glauques qu'à la télé, c'est consternant . Ce n'est pas moi qui deviens fou, c'est le monde qui se transforme en un immonde marécage. En lisant Nietzsche en allemand, j'essaie de m'extraire de cette boue.
Reste le plus longtemps possible dans ta tour d'ivoire mathématique, Sylvie ; elle te protège, c'est ton cocon, je ne t'en veux pas.
A ces mots, Sylvie reste sans voix.
-Allons continuer de discuter sur la Prom', lapin; le soleil, lui, est resté fidèle mais il ne nous attendra pas.
Après la Prom', direction Eze le lendemain comme prévu.
Sylvie a programmé le départ sur le sentier de Nietzsche vers onze heures du matin.
Mais Paul a passé une mauvaise nuit, il essaie même de demander un report de la randonnée. Mais la requête a été refusée, Sylvie a été inflexible, elle n'a pas apprécié le comportement de son époux depuis leur arrivée à Nice.
Le départ eut donc lieu à l'heure prévue.
Le début du chemin est un escalier constitué de nombreuses marches assez hautes. Sylvie les gravit à la vitesse d'une chèvre et Paul ne put la suivre.
Un quart d'heure plus tard, la randonneuse pressée consentit enfin à faire une pause pour attendre son compagnon qui hésitait à rebrousser chemin.
-Que t'arrive-t-il, Paul, toi qui jadis adorais arpenter les chemins montagneux de l'île de la Réunion, toi qui naguère encore te régalais de sillonner Cascade de la Pissoire, Haut du Tot et autres sentes forestières de tes Vosges natales ? La marche en montagne dissipe les idées noires, la solitude, l’espace, le silence, voilà le vrai bonheur. C'est bien toi qui tenais ce genre de propos il y a quelques années ?
- J'ai soixante neuf ans, dix de plus que toi et j'ai eu un sommeil agité cette nuit, tu te rends compte Sylvie, que ce que tu fais là s'apparente à de la maltraitance ?
- Et pourquoi n'as-tu pas bien dormi ?
- Je te le dirai un jour .
- Ah, je crois comprendre, c'est le lourd secret dont tu m'as parlé à Saint-Malo cet été qui refait surface. J'attendrai. "Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort" a écrit le philosophe .
- Et la mort nous rend plus fort encore.
- Je vois que tu n'as pas complètement perdu le sens de l'humour; d'accord, je ralentis et je t'attends, lapin. Je t'ai réservé une surprise à l'arrivée .
Malgré les efforts de Sylvie, la suite du parcours fut un peu tendue elle aussi.
Paul répétait en boucle et à voix haute les quelques citations qu’il avait retenues de son dernier auteur préféré et en allemand s’il vous plaît, à dessein pour contrarier Sylvie qui ne comprenait pas un traître mot de cette belle langue, c’était son talon d’Achille, Paul le savait.
“Gott ist tot, Gott ist tot, Gott …
– C’est pour te donner du courage que tu hurles ainsi ?
Allons, allons, quatre cent vingt mètres de dénivelé, ce n’est pas l’enfer !
– Mais qu’elle est sotte, mais qu’elle est sotte, comme si le dénivelé était le seul élément à prendre en considération. Quatre cents mètres de dénivelé pour une longueur totale de un kilomètre, ce n’est pas tout pareil que quatre cents mètres de dénivelé pour un sentier de dix kilomètres !
C’est la pente qui tue !
– Très bien , je constate que tu es encore capable de contrepéter en plein effort, je vais donc pouvoir accélérer le pas.
– Non, non, Sylvie, non, j’arrête de citer en allemand, je te le promets.
Paul tint sa promesse, il continua de claironner des aphorismes mais uniquement en français :
“La folie est quelque chose de rare chez l'individu; elle est la règle pour les groupes, les partis, les peuples, les époques. ”
-Tu vois Sylvie, c'est à peu près ce que je t'ai répondu hier quand tu m'as demandé si je devenais fou, alors que je n'avais pas encore lu cette sentence du philosophe.
Je pense comme Nietzsche. Son sentier excepté, j'adore tout de lui :
Zarathoustra, Le Gai Savoir ...
Paul répète "Zarathoustra, le Gai Savoir" … "Zarathoustra, le Gai Savoir "…
en attendant une réaction de Sylvie qui ne vint pas.
-Il y avait une contrepèterie dans ce que je viens de dire, tu faiblis, Sylvie .
-Zarathoustra, Le GARS SAIT voir. Logique, un prophète sait voir.
Arrivé au bout du chemin, Paul ne put s'empêcher de hurler :
"Et quand tu arrives en haut de la montagne, continue de grimper!"
- C'est encore Nietzsche qui a écrit cela ? demanda Sylvie.
- Pfff... ! C'est un proverbe tibétain.
- Dis-moi plutôt ce que tu me réserves.
- Jardin botanique, avant ou après le repas, c'est toi qui décides.
- Après, bien sûr, j'ai besoin de récupérer.
Le point de vue époustouflant sur la grande bleue à l’arrivée du sentier immobilisa le couple pendant plusieurs minutes.
Puis Sylvie entraîna son compagnon dans les petites venelles, les ruelles escarpées et sinueuses, les escaliers encore et encore avant de se poser enfin à la terrasse d’un restaurant du village médiéval. Paul, à la dérive, se laissa diriger une fois de plus.
Champagne à l’apéritif, ce n’était vraiment pas nécessaire, mais Sylvie a insisté.
Et, en milieu de repas, fatigue et alcool aidant, Paul craque:
Sylvie, cela fait très longtemps que je voulais te le dire, je me suis toujours tu de peur de te faire souffrir, mais je crois que l’heure est venue .
-A La Réunion, je n’avais pas trente ans, elle avait seize ans, j’ai eu une aventure avec l’une de mes élèves, qui m’a beaucoup traumatisé. Même si dans les années quatre vingt, à Saint Denis de la Réunion, ce type de relation était très fréquent - certaines filles étaient prêtes à tout pour conquérir un professeur métropolitain du lycée Leconte de Lisle, un zoreil fonctionnaire pour une jeune Réunionnaise, c’était un butin, une capture, une prise et parmi les fonctionnaires, les jeunes profs étaient tout en haut de la hiérarchie des trophées.
J’ai beaucoup culpabilisé. Un professeur ne séduit pas et ne se laisse pas conquérir par un élève, toute mon éducation a été fondée sur ce type de principes moraux. La loi prévoit d’ailleurs que lorsqu’on est est en position d’autorité, le consentement n’est possible qu’à partir de 18 ans. Je me considérais comme un délinquant et à la fois comme une victime sexuelle et pourtant j’étais incapable de rompre.
A cet instant, Sylvie intervient, faisant mine de s’étrangler .
“ Une victime, laisse-moi rire, Polo, tu te moques de moi !
– D’accord, Sylvie, puisque tu le prends ainsi, tu ne connaîtras pas la suite.
Après le repas, direction jardin botanique, Sylvie en a décidé ainsi.
Paul, une fois de plus, traîne les pieds mais ne regrette pas de s'être laissé convaincre, dans un premier temps seulement.
Les nombreuses plantes grasses et méditerranéennes, les collections de cactus, la vue sur la grande bleue toujours aussi fabuleuse, Sylvie y resterait des heures.
Et effectivement, elle s'attarde tellement que Paul s'impatiente :
- Sylvie, arrête s'il te plaît de te prendre pour la jeune botaniste qui contemple avec amour le plant qui vient de la guinée, que cherches-tu ?
- Belle contrepèterie, Paul, tu as donc fini de bouder ?
A cet instant, Paul regarde sa montre et blémit .
-Seize heures trente, quarante cinq minutes pour redescendre-je ne suis pas une chèvre, on ne sera pas en bas avant la tombée de la nuit, bravo, Sylvie, tu m'as piégé une fois de plus, je suis dans le pétrin.
- Oui, Paul, tu es le vaincu de mon cœur !
- Tu as emporté des frontales, j'espère ?
- Pas de frontales, pas de torches, pas même une lampe de poche, lapin .
A cet instant, Paul est proche de l'évanouissement.
Sylvie sent qu'elle ne peut aller plus loin dans son jeu .
-Tu te souviens que je t'avais parlé d'une surprise à l'arrivée ?
-Non.
-Tu te souviens d'être passé devant un hôtel magnifique surplombant la Méditerranée juste après avoir quitté le sentier ?
-Oui.
- Pour toi et moi, mon amour, j'ai réservé la suite Nietzsche à La Chèvre d'Or, un petit coin de paradis.
A ces mots, Paul perdit connaissance.
Sylvie n’eut pas le temps de pâlir, Paul se releva immédiatement .
-Parfaite ta simulation, Paul, j’y ai vraiment cru.
– Mais je me suis véritablement évanoui, Sylvie ! Pour la prochaine surprise, s’il te plaît, opère avec davantage de progressivité, là c’était vraiment brutal ! Cependant oui, ton initiative est formidable, la suite du philosophe à La Chèvre d’Or, quel magistral cadeau de Noël, ma chérie !
– Rejoignons vite la chambre pour nous installer afin de pouvoir admirer le coucher de soleil sur la Baie des Anges depuis notre terrasse privée .
Comme l’été dernier à Saint-Malo sur la plage du sillon, cet hiver à Nice sur les collines surplombant la baie, quand la lumière se battit avec la nuit avant que celle-ci ne gagna, douceur, quiétude et complicité furent inéluctablement au rendez-vous.
Les querelles furent oubliées, Paul et Sylvie apaisés.
Le dîner commença donc dans une parfaite sérénité.
Mais à la fin du repas, Sylvie ne put s'empêcher de revenir sur les révélations et confessions que Paul avait livrées lors du déjeuner.
-Reprenons, Paul, cette relation avec ton élève, j'aimerais en savoir un tout petit peu plus.
-D'accord, tu me poses des questions toutes simples et je réponds par oui ou par non, ou en trois mots maximum, ne m'en demande pas plus pour aujourd'hui.
-Combien de mois, cette histoire ?
-Un .
-Les histoires d'amour entre profs et élèves finissent très mal, en général , tu ne le savais pas ?
-Si.
-Un seul mois, il n'y a pas de quoi être traumatisé.
-Si .
-Tu ne m'avais pas dit que tes collègues féminines à la Réunion te sollicitaient beaucoup ?
- Si.
-Alors pourquoi avec une élève ?
-J'ai eu les deux.
-Pas en même temps, j'espère.
-Si.
-C'est horrible, c'est monstrueux !
-Oui...
Stop, ce sera tout pour ce soir Sylvie. Les desserts sont servis.
Magie de la Baie Des Anges, miracle de la cuisine de l'hôtel de La Chèvre d'Or, après le splendide coucher de soleil et malgré l'interrogatoire musclé au repas du soir, la nuit fut magnifique, elle aussi et Sylvie, comme Il y a cinq mois à l'hôtel " Le Nouveau Monde", à Saint Malo, fut comblée jusqu'à l'extase.
De retour à Nice, Sylvie passa une grande partie de son temps dans les musées de la ville pendant que Paul lisait l'œuvre de son philosophe préféré.
Le soir, Sylvie essayait d’arracher au compte-gouttes et avec d’infinies précautions quelques bribes supplémentaires des confessions de Paul sur le sujet ultra-sensible de son vécu dans les îles de l’océan indien.
C’est ainsi qu’elle apprit que sa collègue, maîtresse auxiliaire d’origine malgache, avait pris prétexte de venir emprunter un livre de sciences physiques réclamé par sa fille pour s’introduire un week-end dans son appartement de Saint-Denis de la Réunion.
– Tu ne pouvais pas lui apporter au lycée, ce livre ?
– Elle m’avait demandé avec tellement de gentillesse de pouvoir consulter ma bibliothèque de manuels scolaires afin de mieux choisir, je n’ai pas pu refuser.
– Ensuite ?
– Dans mon minuscule appartement , la bibliothèque et la chambre étaient contiguës, connexes.
– Ah, je comprends, vous avez trébuché et vous vous êtes retrouvés allongés sur le lit ?
– En résumé, c’est cela.
Derniers jours de vacances à Nice avant le retour à Gérardmer.
Sylvie a encore avancé dans son enquête en dissertant habilement avec Paul sur ce que Nietszche a écrit sur l’oubli .
« Souviens-toi d’oublier ».
“Sais-tu, Paul, que Nietzsche a postulé que l’oubli a une positivité, qu’il est même une condition sine qua non du bonheur. Le passé nous empêche de vivre pleinement le présent. L’oubli n’est pas une défaillance de la mémoire mais une force de la volonté qui veut savourer la vie. Oublier rend heureux. Mais pour que tu puisses digérer ton passé, il est sans doute nécessaire que tu ne gardes plus aucun secret au fond de ta mémoire.
– Oui, probablement ; pose-moi des questions précises comme la semaine dernière et j’essaierai d’y répondre.
– D’accord. Cette relation avec ta collègue comorienne a-t- elle duré longtemps ?
– Malgache, pas comorienne, abaisse ton mépris d’un cran s’il te plaît.
– Alors, combien de mois ?
-Deux week-end.
– Pfff… Une telle relation, née fortuitement pour des raisons physico-mathématiques (connexité des pièces, chute sur un lit, contact puis réunion des corps) c’est une aventure sans lendemain, une relation sexuelle sans suite.
Mais quel crime a-t-elle donc pu commettre, quelle violence a-t-elle exercé en un temps si court, pour provoquer un tel traumatisme psychique ?
# abcmaths @ 10:49