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Richard Millet : le bon grain de l’ivraie

Par Estelle Schnellmann
Les soldes se terminent et pourtant, pourtant de nombreux écrivains continuent à être réduits, vendus au rabais, bazardés, étiquetés parce que l’humain comme la bêtise à horreur du vide et qu’il faut bien meubler. Parisianiste, germanopratin, animalier, régionaliste ou insulaire on identifie à tout va et on range le tout dans de petits tiroirs d’apothicaire. Et puis on oublie…
Richard Millet fait parti de ceux là, de ceux que l’on a caché derrière une oriflamme limitative. Or Richard Millet n’est pas un écrivain régionaliste. Richard Millet n’est pas un Auteur d’Origine Contrôlée. On ne le trouvera pas classé entre foire aux grattons et festival de l’espadrille de Mauléon car Richard Millet est inclassable bien loin du tout à l’égout linguistique de ses contemporains de plume.
Ne revenons pas sur le triste entretien qu’il eut avec le non moins triste Frédéric Beigbeder dans les pages de l’Express ou plutôt si, revenons y car j’ose insister sur le fait que Millet est un auteur rare, fanatique de littérature et de verbe, pourfendeur de mièvreries et d’eau tiède que les générations actuelles idolâtres et portent aux nues. Lorsque Beigbeder lui-même se compare à un néo-Stendhal, qu’il désigne Anna Gavalda comme la descendante en ligne directe de Sagan, il dresse malgré lui un portrait de la littérature contemporaine à coup de marteaux et de burins. Si c’est bien cela la littérature du XXIè siècle, elle porte alors un visage de putain maquillée chez Ripolin.
Car c’est bien cela que revendique Beigbeder en reprochant à Millet son mutisme, son attitude de résistant emmuré dans son bunker à la manière d’un Sallinger. Il justifie son abus des médias en disant que c’est le dernier rempart à l’oubli de la littérature. Le show sauvera les belles lettres. Rimbaud et Verlaine en remake français de Brokeback Mountain et Gide au procès d’Outreau en direct sur LCI pour les commentaires, c’est vrai que ça aurait de la gueule. Dans le monde de Beigbeder.
Jetez-vous sur Millet, dégustez ses romans, délectez-vous de cette maîtrise et de ce respect de la langue, remettez vos compteurs à l’heure en renouant avec ce que Belles lettres veulent dire et n’oubliez pas, pour que vive la littérature, prenez garde que le grain ne meurt.

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