Fesse Book

Publié le 22 août 2008 par Didier Vincent

Toilets walls are funnier than Face Book.


Tags, graffitis, tatouages, marques en tous genres. C'est l'homme préhistorique qui a commencé tout ça. A Lascaux. Le quidam de s'ébahir de l'un, l'artiste originel et de lutte contre l'autre : le taggueur comme pollueur visuel insensé.

Marques en tous genres et tous lieux : sur le corps, sur les arbres, les murs, les trains et métros...La grotte préhistorique a des milliers de descendants. C'est vieux comme le monde, dit-on. Ce n'est pas un art probablement quoi que certains artistes aient transcendé le genre en plusieurs directions : le pop art, les délires de Basquiat, Haring et j'en passe...

Ici, les toilettes. Reportage en anglais. Imaginez Levy Strauss assis sur la cuvette et expliquant l'anthropologie de la chose...écrite. C'est freudien, me direz-vous. Lacanien même : se défouler dans un lieu d'aisance. Beaucoup de grossièretés, de messages d'amour, de gribouillis. Les WC, lieu public intime, comme un palimpseste de murs qu'on dit dégradés.

Ici, c'est facile d'écrire sur les murs car on y est seul, anonyme, loin de l'ambiance sociale et de ses convenances. C'est aussi facile que l'intimité de la conscience où personne ne peut vous juger : le dernier repli où vous existez.

Les toilettes publiques, dans un bar, une boîte, une gare, un hôpital, une école sont un lieu d'ethnologie. S'y révèle, à qui sait le déchiffrer, la solitude banale des constipés de la vie, cette volonté de se montrer aux autres en se cachant.

J'adore cette femme qui a collé les photos de tous les membres de sa famille. Ils la regardent tous quand « she has a pee ». Et c'est vrai que, invité chez un ami, on demande d'abord le chemin qui mène à l'isoloir, tôt ou tard, et, dans l'urgente intimité qui vous a mené là, tout en satisfaisant (ou pas) un besoin a-social par excellence, vous scrutez l'autre par ses traces.