Aujourd’hui, je vous propose deux poèmes japonais contemporains de l’écrivain Mutsuo Takahashi (né en 1937). Ces textes sont extraits du recueil « Printemps florentin choix de poèmes » publié aux Presses Sorbonne Nouvelle en 2020, dans une traduction de Bruno Smolarz.
Je vous avais déjà parlé de ce recueil en janvier dernier, lors du Mois Thématique sur le Voyage, mais ses poèmes sur Masaccio et sur Botticelli sont parfaitement en adéquation avec ce Printemps des Artistes.
Début de la quatrième de Couverture
Anthologie de courtes poésies en vers libres, ce recueil suit les jalons de la vie, réelle ou imaginaire, de l’un des auteurs majeurs du Japon depuis l’après-guerre, TAKAHASHI Mutsuo. Pour la première fois, un aperçu de son œuvre prolifique et protéiforme, qui inclut poésies traditionnelles, poèmes narratifs, essais, romans, théâtre,… est ici présenté en français.
Masaccio Adam et Eve chassés du Paradisii – Aspergé d’eau
Masaccio (1401-1428)
Je connais de nombreux matins mais
le Quattrocento florentin aube du renouveau
est particulièrement beau et douloureux
il est ce nu sur le panneau du bas les bras croisés
attendant tremblant d’être aspergé d’eau
il est le couple nu effaré de honte et d’appréhension
qui s’en va chassé hors du jardin
ce sont là variations de son jeune et fragile talent
après ce baptême il s’en est allé
la trop lumineuse beauté du jour
déplorant son passage trop rapide
se prolonge
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iii – En allé on ne sait où
Pour chérir la mémoire de Botticelli
L’hiver d’avant avait été long et rigoureux mais
l’été suivant ne lui cédant en rien fut un tyran cruel et tenace
entre les deux un printemps très beau très bref
les arbres en fleurs les herbes fleuries rivalisaient
au fond des bois où les oiseaux chantaient à qui mieux mieux
entouré de déesses parfumées
et déguisé en Hermès juvénile
toi sagace et curieux soudain vieilli
t’appuyant sur une canne traînant la jambe
tu montras un visage de circonstance à l’assemblée des artistes
avant de t’en aller on ne sait où
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Botticelli – Le Printemps