C'est un excellent comédien et il est parfait dans le rôle de celui qui passe du statut de con à celui de coucou. C'est dit mais cela ne raconte pas la pièce qui a été écrite avec vivacité par Matthieu Burnel et Sacha Judaszko.
Le duo a réussi la performance de s'inscrire dans la continuité du Dîner de cons, le film réalisé par Francis Veber qui remporta un immense succès en 1998.
Veber y adaptait sa propre pièce de théâtre du même nom dans laquelle Jacques Villeret jouait le même rôle. Il obtint trois Césars : meilleur acteur pour Jacques Villeret, meilleur acteur dans un second rôle pour Daniel Prévost et meilleur scénario original ou adaptation pour Francis Veber.
On se souvient de ce film qui fit plus de 9 millions d'entrées. Toute l'intrigue tourne autour du thème de la gaffe. Dans le Coucou il y a des gaffes, bien évidemment mais le propos est différent et la fin aussi ême si la morale demeure : tel est pris qui croyait prendre.L'entrée du public s'effectue alors que le théâtre résonne de chansons qui évoquent l'univers avicole. La musique endiablée de la Compagnie créole fait rire les oiseaux (1986). Michel Fugain et son Big bazar invitent à faire comme l'oiseau (1972). Pascal Obispo a trouvé refuge dans son oasis de l'île aux oiseaux (1994).
J'ai assisté au spectacle à une séance de 18 h 30 et il y a beaucoup de monde, y compris (et ce n'est pas très fréquent en général au théâtre) un grand nombre de jeunes qui, d'ailleurs, chantaient en karaoké sur le trottoir les grands succès des années 80 en attendant l'ouverture des portes.
Maxime Depratte (Gérard Vivès), directeur charismatique d’une grande entreprise, invite à dîner son comptable, Corentin Michelot (Luq Hamett), et compte bien en profiter pour lui faire approuver un bilan financier qui risque de le mener tout droit en prison. Ségolène (Emmanuelle Boidron), la femme de Maxime, est très contrariée de devoir être sa complice.Les dialogues sont vite sans ambiguïté. Maxime se révèle beau parleur et menteur. Il improvise constamment pour retomber sur ses pieds. Corentin est naïf et gaffeur. Ségolène s'étouffe de rire à chaque nouvelle bourde. Les deux hommes ne se ressemblent pas et n’ont rien en commun.Certaines ficelles seront régulièrement tirées comme celle de l'étymologie. Maxime jurera sa bonne foi plusieurs fois et provoquera la foudre. Chacun croit devenir fou et en perdra le boire et le manger. Ségolène ne parviendra pas à les faire passer à table. Elle invoquera sa médaille de Sainte-Odile pour tenter d'y voir clair mais les méprises vont s'enchainer à un rythme soutenu, provoquant les rires.Si Corentin semble être une flaque d'eau tiède il faut reconnaitre que la brise de la nouveauté va le requinquer furieusement, ce qui donne à Luq Hamett l'occasion de nous montrer combien il est bon comédien.Certes il faut écouter les mots. Proposer n'est pas donner et les promesses n'engagent que ceux qui y croient mais … si c'était vrai …Le coucou est une pièce qui, en filigrane, invite à se remettre en question et traite subtilement de la vengeance et de la notion de justice. On apprend beaucoup sur l'âme humaine … et sur la différence entre mandarine et clémentine. Les deux fruits se ressemblent et on pourrait les confondre mais leurs avantages et inconvénients diffèrent. La première est légèrement plus grosse que la seconde, sa chair est plus savoureuse mais elle contient beaucoup de pépins. La clémentine, moins parfumée et moins sucrée est plus facile à éplucher. Même les fruits ne sont pas parfaits.Le coucou de Matthieu Burnel et Sacha Judaszko
Mise en scène Luq Hamett
Avec Emmanuelle Boidron, Gérard Vivès et Luq HamettAu Théâtre Edgar - 58 boulevard Quinet - 75014 Paris
Les jours et les horaires de représentation sont valables et donc à consulter sur le site du théâtre