Je ne pouvais pas manquer ce moment. Je connais très bien ce personnage emblématique d'un pays où je vais souvent. J'ai encore en tête les mots du roman de Claire Berest Rien n'est noir (dont j'aurais juré, mais je me trompais, que la comédienne s'était inspirée). Je me souviens parfaitement de l'exposition des robes de l'artiste peintre au musée Galliera. Et j'ai bien entendu à l'esprit mes déambulations dans sa propriété de Coyoacan, la fameuse Casa Azul, cette maison bleue quasi magique encore fraiche de son empreinte.
On me demande souvent ce que Frida représente au Mexique. Elle symbolise tout le pays par sa seule évocation. Sa silhouette est partout, sur les murs, dans les boutiques, et elle demeure un modèle pour les femmes. Elle est sans doute plus représentée que ne l’est la Tour Eiffel en France. Elle a aussi popularisé une manière de s’habiller, de se coiffer, de s’orner de bijoux volumineux, en célébrant les costumes régionaux (qui sont toujours extrêmement portés dans les rues au quotidien) et l’artisanat, que ce soit les ex-voto sacrés en forme de coeur ou les calaveras, ces têtes de mort en perle fabriquées par les Huichols …
J'ai retrouvé l'essentiel de ce que je sais déjà. C'était ce que je souhaitais. Héléna n'imite pas Frida (ce serait d'ailleurs mission impossible) mais elle l'évoque avec tendresse et respect.
Et puis elle s'assoit à la table et entreprend la transformation qui va lui permettre de se glisser dans la peau de son personnage.
C'est une commande. La lecture a été créée à Biarritz dans le cadre du festival "L'invitation au voyage", dirigé par Anne Rotenberg et Claire Borotra. La mise en espace est signée de Catherine Schaub,.
Frida lui a fait l'effet d'une piqure mystique. S'il y a une part d'interprétation (et on peut supposer que celle-ci va s'amplifier au fur et à mesure des soirées) ce sont surtout des lectures que fait la comédienne. C'est ce qui est annoncé d'emblée t c'est aussi ce qui fait sa spontanéité.
Enfin l'artiste comme son mari Diego l'a jugée du premier coup d'oeil qui n'a jamais peint ses rêves mais la réalité et qui s'utilisait comme modèle tout simplement parce qu'elle était dans une grande solitude.
Elle nous offre -c'était inévitable- ce très beau poème dont elle ne sait sans doue pas qu'il est à tort attribué à Frida (d'ailleurs personne n'en a jamais trouvé une trace datée dans ses écrits) intitulé Tu mérites un amour et qui est de Estefania Mitre. Mais il est si beau ! Il et évident que les paroles correspondent à Frida.
Tu mérites un amour décoiffant, qui te pousse à te lever rapidement le matin, et qui éloigne tous ces démons qui ne te laissent pas dormir. Tu mérites un amour qui te fasse sentir en sécurité, capable de décrocher la lune lorsqu’il marche à tes côtés, qui pense que tes bras sont parfaits pour sa peau. Tu mérites un amour qui veuille danser avec toi, qui trouve le paradis chaque fois qu’il regarde dans tes yeux, qui ne s’ennuie jamais de lire tes expressions. Tu mérites un amour qui t’écoute quand tu chantes, qui te soutiens lorsque tu es ridicule, qui respecte ta liberté, qui t’accompagne dans ton vol, qui n’a pas peur de tomber. Tu mérites un amour qui balaierait les mensonges et t’apporterait le rêve, le café et la poésie.Hélène Noguerra lit, et chante aussi. D'une vois très jolie, qui ne craint pas les sanglots. Et l'accompagnement en direct à la guitare par Laurent Guillet ajoute au charme qui se dégage de ce moment.
Du 4 mars au 23 juin 2024
A La Scala Paris - 13, boulevard de Strasbourg - 75010 ParisLe dimanche à 19 h 30, le lundi à 19 h
La photo qui n'est pas logotypée A bride abattue est de Thomas O'Brien