(Photo LOF - Charantais brodé : le melon français, variété moderne, presque toujours parfaite)
Si le prix Nobel du service rendu à l’humanité existait il aurait été donné à la longue série des améliorateurs de la variété cantaloup, français pour la plupart, qui sont arrivés à ces brodés presque toujours parfaits (du moins sous le soleil du sud) beaucoup moins sensibles à l’oïdium que leurs aînés.
Car il a toujours été difficile de trouver de bons melons à Paris
A tel point qu’on donnait cher pour trouver une merveille.
Du XVII° au début XX° ce fut le temps des cantaloups – Cantalupo -, en particulier le fameux Prescott que LOF cultive, par pure nostalgie, espérant produire un de ces plaisirs absolus qui faisait pâmer Marie Antoinette.
C’étaient à l'époque des melons de serre
L'épicurien français de 1807 rapporte
« qu’on servit chez Mlle Arnould un melon.
« Il est bien pale » dit un convive
« c’est qu’il relève de couche » dit Mlle Arnould qui s’y connaissait
Même cultivée sous un soleil puissant, si la chair de Prescott est bien fondante, hélas la variété n’a pas encore produit l’être rare qu’on oublie jamais.
(Photo LOF – « Le Melon Prescott à fond blanc, fig. 94, gros, très déprimé, à larges côtes séparées par des sinus étroits et profonds, irrégulièrement bossuées, panachées de vert foncé et de vert pale sur fond blanc ; à chair rouge orangé, juteuse, fondante. L’écorce en est épaisse. Ce melon et ses sous-variétés à fonds blanc argenté, et cantaloup parisien, sont les trois Cantaloups les plus cultivés dans la région parisienne ; leur fruit pèse 3 à 4 kilogrammes » Désiré Bois 1927)
Louis Noisette décrit en 1835 dans son Manuel complet du jardinier 3 variétés de Prescott consommées au début du XIX°
« Le petit Prescott hâtif noirâtre ou brun et le gros Prescott dont il existe deux sous-variétés, l'une à écorce noirâtre, ...l’autre blanchâtre presque aussi hâtive et aussi bonnes.
Il semble qu’il ait existé un Prescott gris.
Les bons cantaloups auquel on s'attache sont rares depuis longtemps.
« Les amis à l'heure présente
« Ont le naturel du melon
« II faut en éprouver cinquante
« Avant que d'en trouver un bon
aurait dit l’académicien Etienne Pavillon (et non Nicolas son oncle) si ce n’est Claude Mermet poète et notaire, parisien lui aussi.
Pour masquer l’indigence d’un fantasme jamais réalisé, les Prescott du jardin sont servis ici après avoir mariné quelques heures avec 4 gros zestes de cédrat diamonte, quelques giclées de Vodka, le tout arrosé d’une décoction corsée de bissap ou karkadé - sans sucre, c’est bien meilleur.
Le parfum de cédrat est étonnamment complémentaire à la texture et au côté douçâtre du vieux Prescott