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Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !

Publié le 13 mars 2024 par Sylvainrakotoarison

" Je veux le dire clairement : dans un moment aussi grave, dans une situation aussi complexe, il n'y a pas de place pour l'instrumentalisation ! " (Gabriel Attal, le 12 mars 2024 dans l'hémicycle).

Débat parlementaire l'Ukraine masques tombent France

Selon
Ce mardi 12 mars 2024 entre 16 heures 30 et 20 heure 30 a eu lieu en séance publique de l'Assemblée Nationale un débat parlementaire sur la situation en Ukraine ainsi qu'un vote (au titre de l'article 50 alinéa 1 de la Constitution). Le gouvernement a souhaité en effet consacrer une partie du temps parlementaire à ce sujet très grave de la guerre en Ukraine. Le sujet était également l'accord de sécurité signé par la France et l'Ukraine le 16 février 2024 à Paris. On regrettera cependant que la gravité n'ait pas été comprise par tous les députés si l'on en croit les rangées clairsemées de certains groupes politiques (notamment à gauche).
Jean-Louis Bourlanges, le très respecté président de la commission des affaires étrangères, ce n'était pourtant pas une obligation constitutionnelle que cet accord soit ratifié car il ne pouvait pas être considéré comme un traité international : " D'un strict point de vue juridique, le gouvernement n'était pas tenu de consulter le Parlement sur ce texte qui, ne comportant pas de dispositions juridiquement opposables, ne constitue pas à proprement parler un accord international au sens de l'article 53 de la Constitution. Il s'agit davantage d'un engagement politique que d'un accord bilatéral appelé à être formellement ratifié ou approuvé. Le choix de l'exécutif de demander au Parlement de se prononcer par un vote montre cependant l'importance capitale qu'il attache à ce texte. C'est la représentation nationale qui, par un vote que je souhaite aussi large que possible, va s'engager avec le gouvernement aux côtés de l'Ukraine. Le chef de l'État et le Premier Ministre ont eu raison de nous associer à ce grand choix national. (...) L'intérêt de cet accord bilatéral est aussi celui-là : en changeant de nature, en accédant à des domaines géopolitiques qui relèvent largement de la souveraineté des États et qui lui étaient relativement peu familiers, l'Union Européenne doit aussi changer son logiciel, ses méthodes de travail et ses procédures de décision. (...) Le soutien à l'Ukraine sur lequel nous nous prononçons s'inscrit dans une logique bilatérale, mais la coordination des efforts de chacun, qui a commencé dans le cadre de la réunion organisée par le chef de l'État, est assumée au sein du Conseil Européen. Les États décident, mais, comme à l'heure de la grande lutte contre le covid-19, la Commission est là, qui harmonise les volontés, contribue à la mutualisation des efforts, et, en l'espèce, organise la solidarité budgétaire et industrielle de nos peuples. Il faut, monsieur le Premier Ministre, que votre gouvernement avance rapidement dans cette voie et construise un modèle d'action qui assure à l'Union les moyens politiques, financiers et industriels de son accession aux responsabilités internationales majeures. ".
Le débat parlementaire, en présence de l'ambassadeur d'Ukraine en France, était structuré d'une intervention du Premier Ministre Gabriel Attal sur l'Ukraine, la politique du gouvernement et celle de la France, puis des interventions à la tribune d'un représentant de chaque groupe politique, ensuite, d'un débat plus informel entre députés et ministres, et enfin, d'une réponse globale du Premier Ministre sur les interventions entendues, avant un vote supervisé par la Présidente de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet (qui, pour l'occasion, ce qui est assez rare pour un président de séance, a pris part au vote).
Comme d'habitude, l'exposé de Gabriel Attal a été excellent, tant sur le fond que sur la forme. Il a expliqué les différentes raisons qui ont conduit le gouvernement à soutenir l'Ukraine, et, pour la première fois, c'est dit aussi ouvertement, à vouloir la défaite de la Russie de Vladimir Poutine en Ukraine. Il a du reste trouvé des arguments jusque-là encore jamais évoqués et qui pourraient être très parlants pour les Français.

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Le Premier Ministre a d'abord rappelé ce qu'étaient déjà les faits, terribles : " Il y a un peu plus de deux ans, dans une offensive cynique, brutale et destructrice, la Russie a attaqué l'Ukraine. Seule responsable du conflit, en violation de toutes les règles du droit international et de la Charte des Nations unies, elle s'en est prise froidement à une nation libre et démocratique qui ne la menaçait pas, ne l'attaquait pas. L'écrasante majorité d'entre nous partage ces constats, ces faits objectifs. (...) Il y a dix ans, en février 2014, un vent de liberté, parti de la place Maïdan, souffle sur l'Ukraine, qui tourne alors son regard vers l'Europe. Il ne s'agit pas pour l'Ukraine de se rapprocher de l'Otan, mais de signer un accord d'association avec l'Union Européenne. La Russie ne l'accepte pas et, dès le 28 février 2014, des troupes russes entrent en Crimée, l'occupent et l'annexent, en violation de toutes les règles internationales. Certains, y compris dans cet hémicycle, avaient alors nié cette annexion et accepté la parodie de référendum organisée par le Kremlin. Huit ans plus tard, le 24 février 2022, malgré les efforts sans précédent déployés par le Président de la République pour éviter la guerre, le Kremlin lance une prétendue opération spéciale contre l'Ukraine. Moscou misait sur une guerre éclair et pensait faire tomber Kiev en quelques jours. Il n'en a rien été. La résistance du peuple ukrainien a été et reste exceptionnelle. La détermination des armées et du peuple ukrainiens impressionne. Ils n'ont pas cédé. Ils se sont battus et se battent pour chaque village, chaque maison, chaque mètre carré de leur territoire. Ils ont refusé de céder à la loi du plus fort, refusé de plier face à la brutalité et au cynisme. ".
Premier constat. Plus qu'à l'Ukraine, Vladimir Poutine s'en est pris à nos valeurs, aux idées de liberté et de démocratie : " Depuis deux ans, la Russie pratique une politique de la terre brûlée, qu'elle avait étrennée précédemment en Syrie et en Tchétchénie. Des quartiers sont rasés quand ce ne sont pas des villes entières, comme Marioupol ou Marïnka, et aujourd'hui Bakhmout ou Avdiïvka. Depuis deux ans, les découvertes macabres se sont multipliées. À Boutcha, à Izioum, des massacres innommables ont eu lieu. La Russie a commis des crimes de guerre barbares et laissé derrière elle des charniers monstrueux. Elle devra en répondre. Nous en prenons l'engagement. Depuis deux ans, des exactions insoutenables sont commises en nombre. Elles visent les plus jeunes : plusieurs milliers d'enfants ukrainiens ont été enlevés et conduits dans des camps militaires pour, je cite, les "rééduquer". En Ukraine, la Russie a franchi toutes les limites. Pas une horreur ne l'arrête ; pas un massacre ne la rebute. Vladimir Poutine a attaqué l'Ukraine, mais c'est bien plus largement à toutes nos valeurs qu'il a déclaré la guerre. Avec son attaque, il a voulu changer l'ordre du monde pour imposer sa loi, la loi du plus fort, qui autoriserait n'importe quelle puissance en quête d'affirmation à soumettre une nation libre, soit par le chantage, soit par les armes. Avec son attaque, le Kremlin a voulu ébranler nos principes et montrer la faiblesse des démocraties. Ne nous y trompons pas : ce sont bien la liberté et le pluralisme qu'il remet en cause, nos modes de vie et nos valeurs qu'il agresse et veut faire tomber. Tourner le dos à l'Ukraine serait tourner le dos à nos valeurs, trahir la confiance de nos alliés et faire acte de faiblesse. Ce ne serait certainement pas aller vers la paix ; ce serait ouvrir la porte à de nouveaux conflits, à de nouvelles blessures, à de nouvelles guerres. Alors, je le dis clairement et fermement, depuis la première seconde, avec le Président de la République, nous sommes aux côtés de l'Ukraine et nous l'aiderons autant qu'il le faudra. En lançant son offensive, Vladimir Poutine pensait diviser l'Europe. Il avait tort. Dès les premières heures du conflit, notamment sous l'impulsion du Président de la République, elle a réagi. Elle a fait front et pris des sanctions fortes en un temps record. Depuis, malgré nos différences, malgré le chantage russe à l'énergie et à la sécurité alimentaire, malgré la désinformation et les menaces, le Kremlin n'est pas parvenu à faire plier l'Union Européenne. Il n'est pas parvenu à diviser l'Europe. C'est même le contraire qui s'est produit : à l'épreuve de cette guerre, l'Europe s'est transformée et renforcée. ".
Deuxième constat. Il faut une souveraineté européenne qui soit réelle : " Le conflit a fait comprendre à chacun que notre destin collectif pouvait vaciller d'un instant à l'autre, que nous devions compter sur nous-mêmes et que nous ne pouvions pas nous en remettre au bon vouloir d'autres puissances. En deux ans, sur la base des engagements pris lors du Sommet de Versailles de mars 2022, la souveraineté de l'Europe a fait des pas de géant. Souveraineté industrielle, avec un engagement sans précédent de l'Union européenne à sortir de toutes ses vulnérabilités stratégiques, je pense aux semi-conducteurs ou aux matières premières critiques. Souveraineté énergétique, avec la fin de la dépendance de certains pays d'Europe au gaz russe. Souveraineté stratégique, avec l'adoption de la boussole commune que constitue le premier Livre blanc de la défense européenne. Le résultat est clair : nous sommes plus unis, plus forts, plus indépendants qu'avant. L'Europe puissance se construit et avance ; elle protège la France et les Français. Vladimir Poutine n'y croyait pas ; nous lui apportons la démonstration qu'il se trompait. En lançant sa guerre, Vladimir Poutine pensait aussi diviser l'OTAN. Une fois de plus, il avait tort. L'Alliance atlantique s'est renforcée et des pays dont l'adhésion était impensable il y a encore deux ans, la Suède et la Finlande, l'ont depuis rejointe. ".
Ensuite, Gabriel Attal a énuméré toutes les aides, politiques, militaires et humanitaires que la France et l'Europe ont apportées à l'Ukraine ( " Au total, les Vingt-Sept ont apporté jusqu'à présent plus de 85 milliards d'euros d'aide à l'Ukraine. "), et est revenu sur le mensonge d'un élu du RN à propos d'un contrat avec la Russie : " Je veux dire un mot de ceux qui diffusent de fausses informations sur nos livraisons d'armes. Une vente de porte-hélicoptères Mistral à la Russie avait été annulée par le Président François Hollande en 2015, décision d'ailleurs dénoncée à l'époque par l'extrême droite, mais confirmée ensuite par le Président de la République. Dire l'inverse, c'est un mensonge éhonté ; c'est de la désinformation ; c'est une diversion grossière, qui en dit long sur les intentions de ses auteurs. ".
Troisième constat. La Russie de Vladimir Poutine est une menace directe pour nous, Français et Européens : " Soutenir l'Ukraine, c'est reconnaître qu'elle se bat tous les jours pour nos valeurs et qu'elle fait partie de la famille européenne. Mesdames et messieurs les députés, si nous avons tenu à ce que ce débat et ce vote puissent se tenir aujourd'hui, c'est parce que nous sommes à un moment de bascule dans ce conflit. Nous le savons, cette guerre s'inscrit dans la durée : une guerre de positions se joue désormais. Pour la Russie, le temps est désormais un allié. Elle compte sur la lassitude des alliés de l'Ukraine. Elle compte sur des échéances électorales prochaines, aux États-Unis comme en Europe. Elle compte sur l'efficacité à long terme de son travail de sape et de désinformation. Dans le même temps, la Russie durcit sa position. Elle la durcit sur son territoire national, en renforçant plus encore la chape de plomb qui pèse sur la société russe. À quelques jours de l'élection présidentielle en Russie, si je peux parler d'élection, je voudrais avoir ici une pensée pour Alexeï Navalny. Avec la mort tragique de cet opposant en prison, qui porte la marque de la responsabilité du Kremlin, avec l'interdiction faite à tout candidat des oppositions de participer à la prochaine élection présidentielle, je crois que le message est clair et s'impose à tous : le régime russe est un régime autoritaire, déterminé à combattre nos valeurs et nos intérêts. (...) La Russie durcit également sa position en devenant un acteur méthodique de la déstabilisation du monde, en Syrie, dans le Caucase, en Asie centrale ou en Afrique, notamment grâce à ses faux nez et à ses mercenaires, nous ne l'avons que trop vu au Sahel. Elle durcit aussi ses attaques dans le champ de l'information, n'hésitant pas à propager de fausses nouvelles pour tenter de diviser les peuples. La France n'y fait pas exception : elle est une cible de choix pour la Russie, qui n'hésite pas à intervenir dans notre pays pour tenter de semer la discorde. La Russie durcit sa position dans le cyberespace, en multipliant les cyberattaques. Elle durcit sa position en se lançant dans une militarisation de l'espace qui peut mettre en danger nos satellites, en dépit de toutes les règles et de toutes les conventions internationales. Nous sommes donc dans un moment décisif. La Russie est une menace, non seulement pour l'Ukraine, mais aussi, directement, pour nous : pour l'Europe, pour la France, pour le peuple français. Face à une puissance impérialiste, révisionniste, qui menace et ne croit qu'à la force, il n'y a pas de raccourci. Il n'y a que la détermination politique et la posture stratégique qui comptent, pour la tenir en respect. Et la première ligne de défense, c'est en Ukraine qu'elle se situe. Le reste, ce sont des mots : les mots légers de ceux qui ne veulent pas voir leurs responsabilités et croient que les choses rentreront dans l'ordre toutes seules, sans effort ; les mots coupables de ceux qu'aveuglent des affinités anciennes avec une Russie agressive et régressive. ".
Quatrième constat. Les Français seraient directement impactés par une victoire de Vladimir Poutine en Ukraine : " Je le répète, la Russie ne peut ni ne doit gagner. Que voudrait dire concrètement, pour les Français, une victoire de la Russie ? Je ne parle pas ici seulement d'arguments moraux, de l'abandon d'une démocratie, de la trahison de nos valeurs. Je parle de conséquences concrètes, qui pèseraient sur la vie des Français. Une victoire de la Russie, je le dis clairement, c'est la fin d'un ordre international fondé sur le droit et un blanc-seing donné à toutes les puissances animées d'instincts révisionnistes. Une victoire de la Russie, c'est le signal qu'attendent les régimes autoritaires pour sonner la fin de l'histoire des démocraties libérales. Une victoire de la Russie, c'est le danger constant des appétits insatiables, une sécurité européenne affaiblie, des cyberattaques qui se multiplient plus encore, jusqu'à empêcher nos services publics de fonctionner. Une victoire de la Russie, c'est le risque de nouveaux conflits, plus proches encore, plus menaçants encore, et de la prolifération à quelques centaines de kilomètres de nos frontières. Une victoire de la Russie, c'est la plus grande vague migratoire de l'histoire sur le continent européen : des millions de réfugiés de l'Ukraine et des pays voisins, craignant pour leur propre sécurité, se déplaceraient sur le continent européen. Une victoire de la Russie, c'est un danger direct pour notre sécurité alimentaire. La Russie et l'Ukraine sont les deux plus grands producteurs de céréales au monde. Si la Russie prenait le contrôle des céréales ukrainiennes, elle serait libre de faire monter les prix comme bon lui semble, en réponse à nos sanctions, menaçant directement nos agriculteurs et le pouvoir d'achat des Français. Une victoire de la Russie, c'est aussi le risque de la panne énergétique généralisée. Nous avons réussi à tenir face au chantage gazier de la Russie, mais si elle se trouvait en position de force après l'avoir emporté sur l'Ukraine, elle serait en mesure de déstabiliser davantage encore le marché, avec, à la clé, des factures d'énergie et des prix à la pompe qui exploseraient plus encore pour les Français. Je le dis clairement, la guerre a évidemment déjà un impact dans la vie quotidienne des Français, mais une victoire de la Russie, ce serait un cataclysme pour le pouvoir d'achat des Français : une inflation alimentaire puissance dix ; une explosion des prix de l'énergie, puissance dix. La liste est encore longue. Je pourrais continuer longtemps à énumérer, un à un, les risques concrets, tangibles, directs d'une victoire de la Russie pour la vie quotidienne des Français. Dans un monde où la Russie gagnerait, les Français vivraient moins bien, avec des aliments plus chers, de l'énergie plus coûteuse, une insécurité croissante. Je le dis de nouveau, cette guerre a évidemment un coût dans la vie quotidienne, mais ce coût serait décuplé, sans commune mesure, si la Russie l'emportait sur l'Ukraine. Le succès de l'Ukraine, c'est aussi l'intérêt des Français. ".
J'insiste donc sur cet argument nouveau et très important : la victoire de la Russie en Ukraine entraînerait une perte de pouvoir d'achat. C'est un élément crucial et pourtant nouveau dans le discours politique, même si les notions mathématiques du Premier Ministre donnent des expressions maladroites (l'expression répétée de " puissance dix " ne signifiant pas grand-chose mathématiquement sinon que l'explosion serait brutale et insupportable). Tout, même dans l'intérêt simplement de la vie quotidienne des Français, incite à penser que l'intérêt de la France et de l'Europe va vers une victoire de l'Ukraine, tant sur le plan moral, politique et géopolitique que sur le plan économique (et donc social). Et Gabriel Attal, à la fin du débat, a repris cet argument en observant qu'il n'a pas été contredit par l'opposition (et donc qu'il a été approuvé).
Un autre argument est aussi que la poursuite de l'agression russe en Ukraine entraîne un fort mouvement migratoire vers les pays de l'Union Européenne, et encore plus en cas de victoire de la Russie en Ukraine.
Cinquième constat. Emmanuel Macron a voulu réveiller l'Europe qui ne semblait pas, dans ses réactions, consciente de la gravité du moment actuel : " Nous devons réagir. C'est pourquoi le Président de la République a appelé ces dernières semaines à un sursaut collectif pour aider l'Ukraine et pour éviter le scénario du pire. La Russie ne peut ni ne doit gagner la guerre. Dans un esprit de lucidité et en veillant à refuser toute escalade, nous prenons nos responsabilités. C'est le sens de l'accord de sécurité conclu entre le Président de la République et le Président Zelensky, à Paris, le 16 février dernier. (...) Quel est l'engagement des pays signataires d'un accord de ce type ? En cas de nouvelle agression russe contre l'Ukraine, il s'agit de lui fournir une assistance rapide, notamment en matière de sécurité, d'équipements militaires et d'assistance économique. (...) Par votre vote, nous vous demandons d'affirmer que la France est un partenaire militaire fiable de l'Ukraine, un partenaire capable de prendre l'initiative (...), un partenaire capable de livrer des capacités qui font la différence sur le terrain, je pense notamment à nos canons Caesar et aux missiles à longue portée Scalp. En contrepartie de ces engagements financiers importants, l'Ukraine s'engage pour sa part à poursuivre sa trajectoire ambitieuse de réformes. Cela implique la poursuite des efforts importants engagés par les autorités ukrainiennes en matière de lutte anticorruption, de réforme judiciaire, de consolidation de l'État de droit, de décentralisation, de modernisation de son secteur de la défense ou encore de transformation de son agriculture vers les standards européens. Cet accord est un acte fort. Il réaffirme le soutien de la France à l'Ukraine dans la durée. S'il n'est juridiquement pas soumis à la ratification du Parlement, le Président de la République a souhaité qu'il vous soit présenté, que vous puissiez en débattre et que vous puissiez voter. ".
Par ce vote, non obligatoire, que chacun prenne donc ses responsabilités : " Ce n'est pas seulement l'avenir de l'Ukraine qui est en jeu ; c'est aussi la défense de nos intérêts et de notre sécurité. Cet accord les défend, les protège. J'en appelle à l'esprit de responsabilité de chacun au moment de voter. Au-delà de cet accord, qui fera l'objet de votre vote, la France prend aussi ses responsabilités en mobilisant la communauté internationale. Lors de la réunion qui s'est tenue à Paris le 26 février, avec les chefs d'État et de gouvernement des vingt-sept États et de leurs représentants, de nouveaux engagements ont été pris. (...) Grâce à la volonté du Président de la République et à l'engagement de mon gouvernement, la France est à l'initiative, elle est un moteur. Nos travaux ont poussé nos partenaires à se poser les bonnes questions, à prendre la mesure de la menace, à avancer ensemble. Nous avons posé toutes les options sur la table, sans logique d'escalade et sans faux-semblants. Cela a permis un électrochoc salutaire qui a donné un coup d'accélérateur à la réaction internationale. Nous avons assumé notre rôle. Les travaux sont lancés. Nous proposons et nos partenaires sont libres de participer, d'avancer et de contribuer. ".
Gabriel Attal est revenu aussi sur les déclarations du Président de la République lors de sa conférence de presse du 26 février 2024 : " Le message du Président de la République a été très clair : nous n'abandonnerons pas l'Ukraine et nous n'excluons par principe aucune option. Nous nous inscrivons dans un cadre réfléchi pour réaffirmer notre soutien à l'Ukraine, mais sans faire la guerre à la Russie et en refusant toute logique d'escalade. Nous ne nous fixons pas de limites face à une Russie qui, elle, n'en fixe aucune. Nous continuerons, comme nous le faisons depuis le début du conflit, à faire évoluer notre soutien pour l'adapter aux besoins des Ukrainiens. En deux ans, beaucoup d'évolutions que l'on croyait impensables ont eu lieu. La Suède et la Finlande qui rejoignent l'OTAN ? Impensable ! Et pourtant, c'est fait. L'Europe capable de prendre des sanctions fortes en quelques heures ? Impensable ! Et pourtant, c'est fait. L'Europe qui se mobilise, qui fournit des armes ? Impensable ! Et pourtant, c'est fait. Il y a une différence entre le soutien militaire et la cobelligérance. Nous pratiquons cette différence tous les jours, avec nos partenaires et nos alliés. Une dynamique est en train de se lancer depuis les chantiers ouverts à Paris afin de faire plus, mieux et, si besoin, différemment pour soutenir l'Ukraine dans la durée. Ces propos sont fermes, je le sais. Mais je veux rappeler qu'aucun pays n'a œuvré plus que la France au dialogue avec la Russie pour ramener ses dirigeants à la raison. Que ce soit dans les négociations au format Normandie, avec la Russie, l'Ukraine, la France et l'Allemagne, entamées dès 2014 sous l'égide du Président François Hollande et reprises par le Président Macron ; que ce soit par les initiatives françaises de ces dernières années, lors des rencontres entre le Président de la République et le Président Poutine à Versailles, à Saint-Pétersbourg, à Osaka et à Brégançon ; que ce soit par l'organisation, à l'initiative du Président de la République, de ce qui s'est avéré être la seule rencontre entre les Présidents Zelensky et Poutine, qui a eu lieu en décembre 2019, en France, à l'Élysée ; que ce soit dans les mois, les semaines, les jours qui ont précédé l'éclatement du conflit, durant lesquels le Président de la République a tout tenté, jusqu'à se rendre à Moscou pour éviter la guerre ; à toutes les étapes, notre engagement a été constant en faveur de la souveraineté et du respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, sans volonté d'ostraciser la Russie. C'est la raison pour laquelle la position de la France en faveur de la paix est inchangée. Notre objectif reste celui d'une solution négociée qui respecte les droits de l'Ukraine et nos intérêts de sécurité. C'est la seule solution qui permette d'obtenir des garanties crédibles de la part de la Russie, pour s'assurer qu'elle ne retournera à l'assaut ni de l'Ukraine, ni d'un autre pays européen. ".
Enfin, le Premier Ministre a terminé par l'importance du vote de ce mardi 12 mars 2024 : " Mesdames et messieurs les députés, dans quelques instants, vous voterez. Vous voterez sur notre accord de sécurité bilatéral avec l'Ukraine. Vous voterez sur notre soutien à l'Ukraine. Vous voterez sur notre capacité à défendre nos intérêts et nos valeurs. (...) La Russie nous regarde, elle qui veut imposer la loi du plus fort, elle qui veut nous diviser, elle qui veut mettre à bas nos principes et nos valeurs. Ce vote est important. (...) Voter contre, c'est donner à Vladimir Poutine tous les arguments dont il a besoin, c'est lui envoyer un signal qu'il espère et qu'il attend. Voter contre, c'est affirmer que les règles internationales peuvent être bafouées sans conséquence ou réponse claire de notre part. Voter contre, c'est signifier à nos alliés que la France tourne le dos à son engagement et à son histoire. Je le dis également : s'abstenir, c'est fuir. Fuir ses responsabilités devant l'histoire et trahir ce qui nous est de plus cher depuis le 18 juin 1940 : l'esprit français de résistance. Je vous appelle à dire que nous soutenons l'Ukraine, sans "mais" et avec détermination. Si l'Ukraine perd, nous perdons, nous aussi. Nous ne laisserons pas la Russie gagner. La France ne peut s'effacer devant ses responsabilités. En tant que Premier Ministre de la France, au nom du gouvernement de la France, à la tribune de l'Assemblée Nationale de la France, je le dis du plus profond de mon cœur qui résonne et qui bat pour la liberté des peuples, je le dis du plus profond de mes tripes qui se nouent autour de l'intérêt des Français : Slava Oukraïni ! ".
Après ce discours déterminé et clair, tant sur les intentions présidentielles que sur l'historique des dix dernières années, les groupes politiques ont pris part au débat. Je n'évoquerai que quelques-unes des interventions remarquables.
Celle du président du groupe socialiste Boris Vallaud était intéressante. En effet, comme les autres socialistes, il fait partie des parlementaires qui veulent sanctionner le plus sévèrement possible Vladimir Poutine et approuvent donc la fermeté du gouvernement actuel. En revanche, ils souhaitent que ce type de débat soit régulièrement organisé pour que la représentation nationale soit tenue au courant de l'évolution de la situation en Ukraine. Par ailleurs, Boris Vallaud a été particulièrement dur contre le RN (et bizarrement, rien contre leur partenaire FI) : " Il y a dix ans, en 2014, alors que le peuple ukrainien, déjà, portait son regard vers l'Ouest et rêvait d'un destin européen, dans ces journées folles de courage et d'espoir de la révolution de Maïdan, la Russie commençait son invasion méthodique et cruelle de l'Ukraine dans le Donbass et en Crimée et rien n'arrêterait plus, jusqu'à ce jour, l'impétuosité de ses désirs de conquête. Aucune négociation ne le ferait, aucune solution diplomatique, aucun accord, aucun traité ; ni la Charte des Nations unies, ni l'Acte final d'Helsinki, ni la Charte de Paris, ni le Mémorandum de Budapest, ni les Accords de Minsk. C'était l'époque où d'aucuns, à l'extrême droite de ces bancs, cultivaient la compromission en se faisant photographier avec leur bailleur de fonds, Poutine. Voilà le vrai visage du Rassemblement national, il n'a pas changé. De notre côté, c'est l'époque où les socialistes annulaient la livraison des Mistral à la Russie. La communauté internationale pensait sauver la paix. La Russie préparait la guerre. Nous ne serons plus dupes des pauses tactiques sous prétexte de cessez-le-feu. ".
Le président du groupe Horizons, Laurent Marcangeli, évoquait, lui, la position de De Gaulle : " À ceux qui voudraient aujourd'hui faire preuve de souplesse, voire de mollesse, nous ne pouvons que rappeler la réponse du Général De Gaulle au lendemain de la crise de Berlin en 1961. " À un certain point de menace de la part d'un impérialisme ambitieux, tout recul a pour effet de surexciter l'agresseur, de le pousser à redoubler sa pression, et finalement, facilite et hâte son assaut. Au total, actuellement, les puissances occidentales n'ont pas de meilleur moyen de servir la paix du monde que de rester droites et fermes" . Certains appellent de leurs vœux une conférence pour la paix. Nul ne sait sur quel sujet elle porterait, alors que ni l'Ukraine ni la Russie ne sont prêtes à discuter. Une chose est sûre cependant, dans ce conflit : il y a un agresseur et un agressé. On ne peut se satisfaire d'une paix au prix de la disparition de l'État souverain ukrainien et de l'oppression de son peuple. ".

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Le président du groupe Renaissance, Sylvain Maillard, s'est attaché à observer les oppositions :
À la mesure de ces déclarations, on peut jauger celles de Fabien Roussel, secrétaire nationale du PCF, particulièrement en colère contre Emmanuel Macron : " Les déclarations va-t-en-guerre du Président de la République au sujet de l'envoi de troupes françaises en Ukraine, qui ne mettent aucune limite au soutien à ce pays en guerre et qui ont été confirmées lors de la réunion des chefs de parti au Palais de l'Élysée, ont fortement choqué nos compatriotes. La perspective de la guerre et son cortège de souffrances sont brutalement entrés dans chaque foyer de France, dans chaque famille. Je l'affirme avec gravité : la France doit porter une autre voix que celle de la guerre, qui a déjà provoqué la mort d'un demi-million de personnes et semé le chaos aux portes de l'Europe. C'est une véritable boucherie et au nom de l'humanité, nous devons tout mettre en œuvre pour qu'elle s'arrête au plus vite. (...) Rien ne justifie que nous lancions notre jeunesse dans une nouvelle folie meurtrière, de surcroît placée sous la menace du feu nucléaire. Voulons-nous la destruction de notre civilisation ? C'est pourtant bien ce qui en jeu quand nous entrons dans une escalade guerrière dont nul ne saurait deviner l'issue. Tout doit être fait pour éviter une telle escalade, mais ce n'est pas l'accord que vous avez signé le 16 février avec l'Ukraine qui nous conduira vers l'apaisement. Au contraire, il risque de nous entraîner plus avant encore dans le conflit. Il prévoit d'intégrer l'Ukraine dans l'Union Européenne et dans l'OTAN, ce à quoi nous sommes d'autant plus opposés que ces intégrations seront au cœur des négociations à venir entre les belligérants. J'ajoute que l'intégration de l'Ukraine dans l'Union Européenne mettra à mal notre agriculture et notre industrie, en provoquant un dumping social que les Français rejettent massivement. Comme eux, nous rejetons aussi cette idée. (...) Toutes les voies diplomatiques n'ont pas été explorées, loin de là. Le Brésil, l'Inde, la Chine ou encore l'Afrique du Sud ont fait des propositions et vendredi, le Président Erdogan indiquait que la Turquie était disposée à accueillir un sommet Russie-Ukraine. La Russie elle-même ne s'est-elle pas déclarée prête à signer un accord de cessez-le-feu, comme nous l'a indiqué le Président de la République ? La diplomatie, ce n'est pas uniquement savoir discuter avec ses amis, c'est aussi avoir le courage de chercher des solutions politiques plutôt que de bomber le torse et d'endosser ses habits militaires ! Œuvrer à une issue diplomatique et rapide à la guerre, ce n'est pas faire injure à l'Ukraine, dont le peuple, courageux et résistant, aspire lui aussi à la paix et à la sécurité. ".
" Malgré tout cela [malgré tous les massacres], certains, dans cet hémicycle, choisissent de renvoyer dos à dos les deux pays. Ils prônent même la sortie de l'OTAN pour "donner des garanties de sécurité à la Russie". La Russie nous donne-t-elle de ces garanties lorsqu'elle viole la souveraineté des États et des peuples, lorsqu'elle provoque une crise alimentaire en retenant les bateaux en mer Noire, lorsqu'elle entretient une crise énergétique au niveau mondial, lorsqu'elle nous cible, à coup de campagnes de désinformation et d'attaques cyber ? Collègues d'extrême gauche, votre pacifisme de façade conduirait à se soumettre aux pires dictatures, qui, certes, vous fascinent depuis longtemps. Quant à vous, à l'extrême droite, vous ne dupez plus personne. Cet appel à la conciliation à tout prix avec la Russie, ce n'est qu'un remboursement anticipé de votre crédit. (...) Voter pour cet accord de sécurité signé par le Président de la République et le président ukrainien, ce n'est pas valider une escalade de la guerre. C'est réaffirmer notre engagement constant aux côtés du peuple ukrainien. Et c'est dire à la Russie que l'Europe ne cédera plus jamais aux menaces ou à la peur. ".

Débat parlementaire l'Ukraine masques tombent France

Très attendue, Arnaud Le Gall, orateur du groupe FI, était beaucoup plus vindicatif :
Marine Le Pen, présidente du groupe RN (appelée " porte-parole de Poutine " par le député Renaissance François Cormier-Bouligeon), a lu, sans grand charisme, son texte mollement, comme sa position sur le sujet : " Certaines sanctions ont passablement affaibli nos économies et ont touché de plein fouet les ménages français. On ne mène pas une guerre énergétique quand on n'a pas ou peu d'énergie. (...) Au-delà de nos devoirs vis-à-vis du peuple ukrainien martyrisé, nous avons des devoirs envers le peuple français et, à ce titre, c'est à lui, monsieur le Premier Ministre, que nous devons la transparence démocratique et la vérité qu'exigent de nous ces terribles circonstances. Cette vérité, nous la devons d'autant plus à nos compatriotes que c'est bien de la vie de nos jeunes soldats qu'il sera question si, par malheur, les annonces guerrières d'Emmanuel Macron étaient mises en œuvre. Heureusement, elles ont été unanimement rejetées par la communauté internationale, de Washington à Berlin, d'Oslo à Madrid... J'en profite pour rappeler à toutes fins utiles à ceux de nos responsables qui confondent verbiage et fermeté, que la meilleure ambiguïté stratégique, c'est le silence, qui plonge l'adversaire dans l'incertitude. Cette sage ligne de conduite semble malheureusement avoir été oubliée. En suscitant, au sujet de l'envoi de troupes au sol, les dénégations de nombreuses capitales, Emmanuel Macron a finalement, et malheureusement, rassuré Vladimir Poutine. (...) Alors que les rapports parlementaires soulignent, depuis des années, le caractère échantillonnaire de nos forces et l'insuffisance de leurs stocks de munitions, vous vous apprêtez à inscrire la possibilité d'un droit de tirage opaque sur les armes dont nos soldats disposent. Que ferez-vous demain si, faute de moyens adéquats, nos troupes se trouvaient incapables de répondre à une crise de haute intensité, crise dont vous semblez précisément juger la survenue plausible dans les années à venir ? La preuve de ce que j'avance, c'est l'incapacité déjà visible du ministère des armées et de la direction générale de l'armement (DGA) à maintenir nos industries de défense et à payer les programmes de la LPM. À peine votée, cette dernière apparaît déjà tragiquement sous-financée et menacée de toute part. ". " Le texte de l'accord lui-même n'a plus de sens depuis que le Président de la République a évoqué la possibilité d'envoyer des troupes au sol en Ukraine. Ce faisant, il nous a fait passer dans une nouvelle dimension. Ce n'est pas un hasard si vous avez annoncé ce débat, non pas après la signature de l'accord, mais après les propos tenus par le Président de la République le 26 février. Oui ou non, acceptons-nous que la France, puissance nucléaire, se place en situation de guerre face à la Russie, puissance nucléaire ? Voilà la question qui nous est posée. La déclaration irresponsable du Président de la République a ouvert la voie à une escalade que nous ne pouvons cautionner. Comment croire qu'il a créé une "ambiguïté stratégique" ? La succession humiliante de communiqués des principaux alliés de la France se désolidarisant de cette déclaration a, au contraire, amené tout le monde à afficher ses limites. Poutine n'en demandait pas tant ! L'ambiguïté stratégique est incompatible avec l'agitation verbale. Mais le chef de l'État a persisté et signé. À Prague, le 5 mars, il a assimilé la prudence de rigueur à de la lâcheté, aggravant encore l'isolement de la France. Puis, aux responsables des partis politiques reçus à l'Élysée le 7 mars, il a déclaré qu'il n'y avait "aucune ligne rouge", "aucune limite" au soutien de la France à l'Ukraine. (...) Vous évoquez désormais le passage à une économie de guerre, sans avouer aux Français les graves implications sociales et militaires d'un tel choix. Notre devoir est de dire stop. Stop à cette agitation verbale incompatible avec une action concrète s'inscrivant dans une stratégie cohérente. Stop à l'idée même d'entrer en guerre face à une puissance nucléaire, dès lors que nos intérêts vitaux ne sont pas en jeu. (...) La France doit être une puissance facilitatrice de la paix, et non un boutefeu. (...) La France n'a pas à s'enfermer dans un camp, occidental, atlantiste ou autre. Cette attitude nous isole et ternit l'aura internationale de notre patrie. ".
Visiblement, l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a mal lu ses dossiers budgétaires. Elle a continué de manière polémique : " Peut-être (...) était-ce l'objectif, monsieur le Premier Ministre ? Vous parer du lin blanc du camp du bien, et rejeter l'ensemble des oppositions, donc les millions de Français qu'elles représentent, dans le camp du mal ? Les astreindre au choix indigne que vous semblez vouloir imposer : soit on est pro-Macron, soit on est accusé d'être pro-Poutine ? ". Et la leader de l'extrême droite d'annoncer que son groupe s'abstiendrait courageusement lors de ce vote.

Olivier Marleix, président du groupe LR, a rejoint le gouvernement sur l'Ukraine malgré des réticences rhétoriques et des erreurs factuelles sur notre industrie militaire : " La Russie de Poutine, humiliée, revancharde, cherchait, cela ne faisait aucun doute, à retrouver sa puissance perdue. C'est pourquoi, si l'Europe n'était pas prête, les forces ukrainiennes l'étaient. Le déferlement de violence de l'armée russe, supérieure en nombre, n'emporta pas la victoire rapide espérée. Ainsi, progressivement, le front s'est gelé, car si la Russie n'a pas gagné, elle n'a ni fléchi ni renoncé à ses ambitions stratégiques. Réaffirmons-le haut et fort et prenons-en la mesure : cette agression est inédite depuis la fin de la seconde guerre mondiale. C'est la négation la plus fondamentale du droit international. (...) Ce dont l'Ukraine a besoin pour se défendre, ce n'est pas de mots, les mots aventureux du Président de la République, c'est d'obus ! Le décalage entre les mots et la vérité n'est pas à l'honneur de la France. (...) Il est (...) fondamental de parvenir à expliquer l'importance de notre engagement en Ukraine, pour la sécurité du continent et pour notre propre sécurité face à une Russie qui, en Afrique ou sur le net, s'en prend directement à la France. D'autre part, il est impératif que le poids de la guerre ne soit pas assumé par des catégories professionnelles déjà fragilisées, je pense, monsieur le Premier Ministre, aux agriculteurs. Je vous le dis très clairement, la libéralisation complète des importations d'œufs, de poulets, de sucre, de maïs et de blé, sans quotas ni droits de douane, est insupportable pour nos propres filières. S'agissant du maïs et du sucre, il est inacceptable de les importer sans contrôler l'équivalence des réglementations phytosanitaires. Pour le blé, les volailles et le sucre, vous devez exiger de l'Europe une clause de sauvegarde sur les volumes. (...) La surenchère permanente n'est définitivement pas une option. Notre responsabilité est de soutenir l'effort de guerre ukrainien sans hésitation et d'empêcher la Russie de gagner cette guerre ; ce n'est pas de susciter l'escalade. ".

Débat parlementaire l'Ukraine masques tombent France

Parlant pour son groupe MoDem, Jean-Louis Bourlanges estimait que la situation préoccupante méritait ce débat parlementaire : La deuxième, c'est tout simplement l'absence d'alternative : Avec deux offensives verbales du Premier Ministre. L'une contre Fabien Roussel : Enfin : L'issue de ce débat parlementaire sur l'Ukraine a été sans appel, l'Assemblée a soutenu très largement le peuple ukrainien, bravo à elle ! Le vote a en effet donné 372 voix pour l'approbation, 99 contre sur 572 votants. L'analyse du scrutin (n°3461) montre un très net clivage des différents groupes : tout les députés ont voté favorablement sauf le groupe RN qui s'est courageusement abstenu (montrant qu'il n'était pas encore à l'aise dans ses relations avec Vladimir Poutine), les groupes FI et PCF qui ont voté contre et le groupe LR partagé entre 49 voix favorables et 11 abstentions (sur 62). Parmi les non-inscrits, Emmanuelle Ménard a voté pour et
" Il y a, aujourd'hui, en Ukraine, en Europe et dans l'Occident tout entier, péril en la demeure. Péril aux frontières de notre Europe, ce petit cap de l'Asie si vulnérable et si ténu que décrivait Valéry, qui subit la plus violente tentative de forcement et de débordement de l'après-guerre ; péril pour nos valeurs humanistes, universalistes et démocratiques, chahutées comme elles ne l'ont jamais été depuis l'effondrement des dictatures nazie et stalinienne ; péril, enfin, pour l'unité de l'Europe et des démocraties occidentales, travaillées de part et d'autre de l'Atlantique par des forces de fragmentation et de renoncement, qui placent nos libres sociétés dans un état de déséquilibre et de fragilité, intérieure et extérieure, que nous n'avons jamais connu depuis la seconde guerre mondiale. (...) Aujourd'hui, c'est le retour au cœur de l'Europe d'une barbarie que nous n'avons pas su voir venir et qui nous déconcerte. Je vous laisse imaginer les possibilités d'intervention des forces russes, en Moldavie et dans les pays baltes pour commencer, dans l'hypothèse où elles seraient enfin débarrassées, par la victoire, de la vaillante armée ukrainienne. De quel poids pèserait alors, dans la balance, une Europe déconsidérée, impuissante, humiliée, et de surcroît divisée ? Je rappelle à cette assemblée que la distance entre Kiev et Paris n'est même pas celle d'un aller-retour Paris-Rome. Pour nous autres, Européens, les Ukrainiens ne sont pas seulement des amis : ce sont nos proches, nos voisins, une partie de nous-mêmes. Les déclarations du Président de la République ont eu le mérite de donner à chacun conscience de la gravité des enjeux. Dans cette terrible épreuve, nous jouons l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants, et nous avons le devoir de leur offrir autre chose que la hideuse grimace de l'ordre poutinien ! ".
Et, avec sa part d'érudition bien connue, de demander la vigilance quand on réclame la paix : " Ma deuxième conviction, après avoir écouté les interventions de celles et ceux qui sont le plus hostiles à cet accord bilatéral, est qu'ils n'ont pas semblé très fiers de leurs positions et qu'ils ont été incapables de proposer une solution alternative au soutien à l'Ukraine. J'ai entendu soit de la diversion, soit de faux arguments. J'ai entendu M. Roussel, l'orateur de La France insoumise, et Mme Le Pen affirmer qu'ils n'étaient pas favorables à cet accord car ils étaient pour la négociation et la paix. Mais comment voulez-vous que les Ukrainiens puissent négocier leur sécurité si leurs alliés leur font savoir qu'ils les désarment en cessant de les soutenir ? Il n'y a pas de négociation possible aujourd'hui, puisque les Russes expriment clairement que la seule négociation à leurs yeux consiste à envahir intégralement l'Ukraine et à lui retirer sa souveraineté ! Si nous voulons qu'une négociation puisse être engagée et que l'Ukraine puisse sortir de cette guerre par la diplomatie, madame Le Pen, il faut que les Ukrainiens soient en position de négocier, ce qui suppose qu'ils soient soutenus par leurs alliés ! Vous proposez exactement l'inverse ! Je dis la même chose à M. Roussel : vous vous êtes opposé à cet accord bilatéral car vous considérez qu'il faut parvenir, par la négociation, à un accord qui permettrait aux Ukrainiens de s'en sortir, mais vous n'avez dégagé aucune proposition qui leur assurerait une position de force pour le faire. ". " La lucidité commande la vaillance. "Celui qui ne se rend pas a raison contre celui qui se rend", avait écrit Péguy, cité par Edmond Michelet dans les tracts qu'il distribuait à Brive, le 17 juin 1940. J'entends bien la petite chanson des trotte-menu du renoncement : la vaillance, c'est la guerre ; il faut en finir avec cette horreur ; il faut négocier, pactiser, refuser la confrontation, au risque de perdre l'honneur. Pourtant, rien ne peut nous autoriser à penser que le président russe ait la moindre intention d'obtenir en Ukraine autre chose que la réalisation de ses buts de guerre ! Il poursuit trois objectifs, inlassablement répétés : d'abord, la partition du territoire ukrainien par l'intégration à la fédération de Russie, non seulement du Donbass, mais aussi d'Odessa, clef de la mer Noire ; ensuite, ce qu'il appelle la "dénazification", entendez la remise en cause de la révolution démocratique de Maïdan, et l'instauration à Kiev d'un gouvernement soumis au Kremlin ; enfin, la destruction de la souveraineté de l'Ukraine, celle-ci se voyant à la fois interdite d'adhésion à l'Union Européenne et à l'OTAN, et condamnée à une neutralité garantie par les forces armées russes. S'il n'atteint pas ses objectifs, Poutine perd la face aux yeux du monde et de son peuple. Il continue donc, et continuera, s'il en a les moyens, jusqu'à ce qui serait la capitulation de fait de l'Ukraine, de l'Union Européenne et de la communauté atlantique. ".
" Vous avez même ajouté qu'il fallait arrêter de bomber le torse ! Je vous le dis clairement, monsieur Roussel : je préfère bomber le torse que me mettre à plat ventre devant la Russie qui agresse. ". L'autre contre Marine Le Pen : " Je vous ai entendu vous réclamer du Général De Gaulle et du gaullisme, madame Le Pen. En réponse, je dirai simplement que toutes les positions que vous avez tenues sur la Russie depuis une dizaine d'années sont autant d'appels du 18 juin inversés. ".
Les objectifs de Vladimir Poutine ne sont pas les intérêts de la France ni de l'Europe : " La troisième leçon que je tire de ces débats, c'est qu'aucun des intervenants, y compris ceux qui s'opposent à cet accord bilatéral, n'a remis en cause le fait que la victoire de la Russie sur l'Ukraine serait un cataclysme pour le pouvoir d'achat des Français, en ce qu'elle entraînerait une explosion supplémentaire des prix des céréales, qui seraient intégralement contrôlés par la Russie, ainsi qu'une nouvelle explosion des prix de l'énergie, qui donnerait lieu à des vagues migratoires massives sur le continent européen. J'en déduis que le meilleur moyen de protéger les Français est d'aider les Ukrainiens à tenir dans cette guerre ; vous en avez fait la démonstration sans l'assumer. C'est la ligne de ce gouvernement, du Président de la République et de cette majorité, et c'est une très grande fierté pour nos concitoyens. ". " Vladimir Poutine poursuit un programme en trois ans, passant par une triple rupture : la rupture, dès que possible, du front de défense ukrainien, qui peut intervenir à tout moment si nous n'y veillons pas ; la rupture de l'engagement américain aux côtés de l'Ukraine et des Européens, qui résulterait de l'élection de Donald Trump ; enfin, sachons voir la réalité, la rupture de l'Union Européenne qui découlerait de l'installation du Rassemblement national aux commandes de notre pays et du Frexit en pièces détachées qu'il porte en lui. Le maître du Kremlin n'a aucune raison de ne pas attendre son heure tant qu'il n'est pas gravement mis en échec. La patience est le privilège de ceux que la souffrance des peuples ne peut menacer. Il est impératif, pour nous, de faire échouer ce sinistre plan. La paix ne s'imposera que le jour où le président russe sera contraint de reconnaître que la guerre est une impasse. Il dépend des peuples et des États européens qu'il en soit ainsi, et peut-être, demain, d'eux seuls, si les États-Unis venaient à nous manquer. Je rappellerai que les grandes forces politiques qui ont géré les affrontements de la guerre froide n'ont jamais envisagé de pactiser avec la Russie, dès lors qu'elle nous menaçait, nous et nos alliés. François Mitterrand avait déclaré : "le nationalisme, c'est la guerre". Son attitude exemplaire pendant la dernière crise de la guerre froide aurait pu lui faire ajouter que le pacifisme aussi, c'est la guerre. Il savait que le national-pacifisme est à la fois un encouragement à l'agression et une promesse de défaite pour les agressés. ".
Nicolas Dupont-Aignan a voté contre (le seul "de droite" à joindre sa voix à celle des insoumis et des communistes, même le RN n'a pas osé un tel vote !). Un débat identique est organisé sur l'Ukraine le mercredi 13 mars 2024 au Sénat.
Jean-Louis Bourlanges, très apprécié de nombreux bancs de l'Assemblée (il a été ovationné par la plupart des députés à la fin de son intervention) a ainsi annoncé l'approbation (sans surprise) de son groupe : " Nous voterons en faveur de votre déclaration, monsieur le Premier Ministre, parce que nous refusons ce que Jean-François Revel nommait "la capitulation prophylactique". Nous voulons une Europe qui sache être forte, unie et consciente de ses responsabilités. Nous sommes et demeurerons fermement aux côtés de l'Ukraine, parce qu'il est essentiel que la victoire appartienne à ceux qui n'ont pas voulu la guerre ! ".
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Intervenant dans ce débat après la position des groupes, la députée Renaissance Anne Genetet attaquait les extrémistes de cette assemblée : " Soutenir la résistance ukrainienne, c'est (...), comme toutes les têtes de liste aux élections européennes viennent de le reconnaître à l'exception des extrêmes, l'information figure dans le dernier numéro du "Point", défendre les intérêts de la France et des Français. (...) Boutcha, Idlib, la Tchétchénie, et j'en passe : chaque fois, les prétendus souverainistes d'extrême gauche et d'extrême droite préfèrent le bourreau aux victimes :! Et les intérêts de la France et des Français dans tout cela, qu'en faites-vous ? Laissez-moi en venir à la vérité qu'il faut rappeler à ces athlètes de la mémoire qui flanche : contrairement à vos interprétations farfelues de l'histoire, la France, de droite comme de gauche, n'a jamais contesté son appartenance à l'alliance protectrice qu'est l'OTAN. Le Général De Gaulle, que certains font parler à tort et à travers, n'a jamais eu la moindre ambiguïté au sujet du camp de la France : celui de la souveraineté, des démocraties libérales et de l'Alliance atlantique. (...) Chers collègues, alors que Poutine se présente en protecteur du rousski mir, le monde russe, qu'il cherche à nous déstabiliser, que ses laquais nous menacent de frappes nucléaires, ouvrez les yeux sur son projet impérialiste et sur son économie de guerre, qui est en marche ! Le temps est à imposer la seule chose que le Kremlin comprenne : le rapport de force. Le temps n'est pas à la lassitude, ni au pacifisme béat : il est à soutenir l'héroïque résistance ukrainienne ! Bien sûr, la France doit soutenir le camp de la paix, mais cela ne s'entend qu'en modifiant le rapport de force sur le terrain en faveur des Ukrainiens, c'est-à-dire en leur apportant l'aide militaire et civile qu'ils attendent. ".
Benjamin Haddad, un autre député Renaissance, a évoqué un autre triste épisode de l'histoire européenne, la guerre civile en Espagne : " La guerre est à nos frontières. Dans un contexte de divisions partisanes, les députés débattent de la réaction à opposer à cette situation. Nous sommes le 31 juillet 1936 à la Chambre des députés, lors d'un débat sur la guerre d'Espagne : faut-il armer la jeune République espagnole en proie à un putsch des militaires, soutenus par les régimes fascistes en Italie et en Allemagne ? Alors que la menace est à nos portes, les calculs politiciens court-termistes, les divisions et les renoncements l'emportent, déjà la lâcheté des uns, déjà la fascination pour les hommes forts étrangers chez les autres. Bernanos, témoin des massacres dont sont victimes les Républicains espagnols, dénonce les bien-pensants et l'esprit de résignation qui domine à Paris. Cette guerre paraît lointaine, compliquée. Qui se rappelle aujourd'hui les combines tactiques au sein de la coalition du Front populaire ? La semaine suivante, Léon Blum propose un pacte de non-intervention, signé par les pays européens qui, tous, s'engagent à ne pas livrer d'armes et à rester en dehors du conflit. La belle affaire ! Comme d'habitude, la non-intervention est seulement respectée par les démocraties, soucieuses du droit, mais violée par les régimes totalitaires qui livrent des armes aux militaires. L'Espagne républicaine s'effondre, un avant-goût des années sombres à venir. "Les grandes manœuvres sanglantes du monde étaient commencées", conclut Malraux. L'appétit de conquête des régimes fascistes se creuse. Les démocraties ont montré leur faiblesse. D'autres renoncements suivront : après la Catalogne, les Sudètes, puis Varsovie, et finalement Paris. Toutes les époques sont différentes. Mais l'histoire porte toujours en elle un avertissement : celui d'une nature humaine violente et dangereuse, que les traités et les institutions ne domptent pas toujours ; celui du risque de l'effondrement quand on baisse la garde. L'Ukraine, c'est la guerre d'Espagne de notre génération, celle dont l'issue déterminera la guerre ou la paix de demain, celle où nous devons défaire l'agresseur dès maintenant. La faiblesse et la lâcheté nourriront l'engrenage. Aujourd'hui Guernica est à Bakhmout ; les grands cimetières sous la lune évoqués par Bernanos sont à Boutcha, à Kherson, à Kharkiv. Certains expliquent qu'il faut faire la paix. Mais avec qui ? Avec le régime de Poutine qui a violé tous ses engagements, qui verrait la négociation comme une capitulation, qui utiliserait un cessez-le-feu pour se réarmer et préparer la prochaine guerre ? S'est-il arrêté après la Tchétchénie, la Géorgie, la Crimée, la Syrie, le Sahel ? Comment mettre fin à la guerre si l'on ne crée par les conditions d'un rapport de force, si l'on ne montre pas à Poutine que le temps joue contre lui et que sa défaite est inéluctable ? "Les peuples qui ne veulent pas périr et qui veulent la paix doivent comprendre que ni l'une ni l'autre de ces fins ne peuvent s'obtenir sans que le risque de la guerre soit clairement envisagé", notait Marc Bloch en constatant l'étrange défaite de 1940. Les pacifistes avaient tort alors, comme ils ont tort aujourd'hui. Les bons sentiments ne repousseront pas les tanks ! (...) Jamais nous ne céderons à l'esprit de défaite ! Disons-le clairement !: face à l'agression, il n'y a pas de dérobade, pas d'abstention possible. L'abstention, c'est la soumission. L'abstention des braves n'existe pas. ".
De ce débat, Gabriel Attal, qui a repris la parole, a tiré trois conclusions. La première en s'adressant au RN qui parlait d'instrumentalisation : " On peut être dans l'opposition au gouvernement et au Président de la République, tout en assumant un soutien clair, net, sans remise en question, à l'Ukraine. De nombreuses interventions ont permis de démontrer, madame Le Pen, l'exact contraire de ce que vous avanciez en prétendant qu'il ressortait de notre discours qu'être contre le Président de la République revenait à être pro-Poutine. Les discours de plusieurs présidents de groupes de l'opposition ont montré que l'on pouvait être dans l'opposition, contre le Président de la République, et contre Poutine ! Être pro-Poutine, ce n'est pas être anti-Macron : c'est être pro-Poutine, tout simplement, comme vous l'avez été ces dernières années dans toutes vos prises de position. ".
L'Europe face à Poutine.
Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
François Fillon et ses relations avec la Russie.
Sylvain Rakotoarison (12 mars 2024)
http://www.rakotoarison.euConférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
Pour aller plus loin :
Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
La France Unie soutient l'Ukraine !
Sergueï Kirienko.
L'effondrement du pouvoir de Poutine. Victoria Amelina. Condoléances cyniques.
Mort d'Evgueni Prigojine. Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
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Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
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Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
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Les massacres de Boutcha.
Le naufrage du croiseur russe Moskva.
L'assassinat de Daria Douguina.
Kiev le 16 juin 2022 : une journée d'unité européenne historique !
L'avis de François Hollande.
Volodymyr Zelensky.
Poutine paiera pour les morts et la destruction de l'Ukraine.
Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
Robert Ménard, l'immigration et l'émotion humanitaire.
Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !

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