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Dis donc, ça faisait longtemps déjà qu'on n'avait pas traîné nos guêtres dans une salle de concert. Celui de Bertrand Lacombe, alias Dombrance était l'occasion rêvée de renouer avec ce petit plaisir personnel. Dombrance, c'est notre Kraftwerk à nous, toute proportion gardée. Les allemands ont abordé différents thèmes lors de leurs albums respectifs - souvent liés au progrès au sens large - mais jamais la politique et encore moins la 5eme république française, ce qu'on peut aisément comprendre. Le sujet n'est pas le genre à déchaîner les foules. Pourtant, il suffit d'y adjoindre une mélodie électro un peu dansante, quelques images d'archives savamment choisies et une bonne dose d'humour pince sans rire pour embarquer une salle parisienne un poil feutrée comme Le Trianon. L'artiste fait même ça en famille invitant une de ses filles à chanter sur "Nicolas Sarkozy" affublée d'une moustache, signe distinctif familial - on imagine déjà plus tard le traumatisme de devoir assumer pareille expérience - puis ses deux filles à danser sous le regard vigilant de qui on imagine être sa femme. Les parents sont également de la partie, ayant leurs sièges réservés dans la salle "papa et maman de Dombrance". On devine aussi beaucoup d'amis présents, venus fêter le succès de leur musicien fétiche, dans une salle de plusieurs centaines de places.
L'album "République électronique" est joué en intégralité, costume bleu suivi de nouvelles chansons et d'autres plus anciennes sur différentes personnalités politiques (Raffarin, Poutou, Taubira et un sublime film animé avec Copé et Bayrou en punks à chiens), costume rouge. Le public patiente habilement pendant le changement de costume avec une vidéo montrant justement Dombrance changeant de costume en vitesse accélérée. Bref, on sent un réel plaisir d'être là, de partager avec son public un set brillamment préparé, compensant la légère déception d'entendre un concert en grande partie déjà enregistré sur les machines présentes sur scène.