Surinformation ?

Publié le 22 août 2008 par Francois Jeanne-Beylot

Un sondage réalisé au Québec par Léger Marketing pour le compte de l'éditeur de logiciels de business intelligence SAS, rapporte que la majorité (59 %) des dirigeants d’entreprise québécois sont accablés par la quantité d’informations qu'il reçoivent quotidiennement.

78 % des dirigeants québécois pensent que leur personnel pourrait partager l'information de façon plus efficace, et 72 % disent qu'ils pourraient mieux informer leurs salariés de leurs décisions s'ils avaient les bons outils en place pour analyser l'information plus efficacement (N'oublions pas que ce sondage est commandé par un éditeur de logiciel !).

Seulement 25 % d'entre eux considèrent les informations qu’ils reçoivent comme pertinentes, 10 % pensent que ces informations sont justes et appropriées.

78% des dirigeants interrogés estiment que pour remédier à la situation, il conviendrait de veiller à ce que le personnel filtre l’information qui doit être envoyée au dirigeant, pour ne lui communiquer que ce qui est vraiment important.

Enfin, l'étude montre que seulement la moitié des dirigeants québécois (49%) reconnaissent utiliser des méthodes et outils d’intelligence économique.

Je pense que si cette étude avait été réalisée dans l'Hexagone les résultats auraient été assez similaires, à part peut être la volonté des dirigeants de n'être informés que des informations importantes. Il apparaît des différentes missions que je peux effectuer en entreprises pour les accompagner dans la gestion de l'information ou d'éventuels processus d'intelligence économique que les dirigeants français sont plutôt boulimiques en matière d'information. Je m'amusait récemment à comptabiliser le nombre d'abonnements à des revues professionnelles identiques au sein d'une même entreprise. Je m'étonnais alors de voir qu'un grand nombre de responsables d'un même service étaient abonnés individuellement à la même revue plutôt que de partager un abonnement et donc les informations qui s'y trouvent ... La peur de passer à coté d'une info sans doute ! Ou bien que quelqu'un vienne vous apprendre une information que 'vous devriez savoir' ...

Il est je trouve intéressant de noter que dans notre société "dite de l'information", un des flux les plus mal géré en entreprise est justement le flux informationnel. Si d'autres flux (personnel, financier, stock, etc.) ont été théorisés et appliqués, les flux d'information souffrent en effet souvent d'un désordre le plus total. L'usage de la messagerie électronique en est un exemple frappant. Combien d'entre nous en ces retours de vacances vont-ils retrouver leur(s) boite(s) boites au lettres saturée(s) de message de "très haute importance ", sans parler des spams.

La gestion des flux d'information est toutefois une mécanique complexe qui touche à plusieurs disciplines et où le facteur humain est au coeur du processus. Souvent une réorganisation des flux d'information implique de nombreux autres changements (communication, prise de décision, ressources humaines, organisation de la hiérarchie, management, etc.) et c'est sans doute cela rend l'exercice passionnant.

François JEANNE-BEYLOT