L'information n'est certes pas toute fraîche mais je découvre aujourd'hui, grâce à sa sélection comme innovation du mois par Qorus, OpenInsur, lancé à partir de 2022 par AXA. Il ne s'agit pas, comme son nom le sous-entend, d'assurance ouverte à proprement parler, mais d'une nouvelle approche du réseau « physique » de distribution.
À travers un déploiement progressif au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Cameroun, au Gabon, l'initiative, qui porte, à ce stade, uniquement sur les contrats automobiles, vise le continent africain, où, la souscription d'une couverture en ligne n'est vraisemblablement pas encore entrée dans les mœurs et où l'interaction avec un intermédiaire humain reste donc primordiale… mais s'avère difficile à globaliser en raison d'une densité limitée des points de présence sur le territoire.
Plutôt que de chercher à développer ses implantations traditionnelles, lourdes et coûteuses à installer et à entretenir, AXA a préféré s'inspirer de la méthode qu'a employée en son temps Uber afin de chambouler l'activité historique des taxis, à savoir la mise au point d'une application mobile et le recrutement de mandataires indépendants. Toute personne intéressée par une source de revenus d'appoint (à base de commissions) est invitée à déposer sa candidature et, si cette dernière est acceptée, devra suivre une formation avant de commencer à vendre des produits.
L'objectif est d'amener l'assurance au plus près des clients (autant géographiquement que culturellement) sans investissement important, notamment immobilier. Les recrues exercent librement, en itinérance, sans locaux dédiés, puisque tout ce dont elles ont besoin est rassemblé sur leur téléphone : parcours de souscription, demande de renouvellement (via une photo de la carte grise du véhicule), délivrance d'attestation… Mais leur rattachement à un agent officiel évite les conflits concurrentiels.
Selon cette perspective, OpenInsur rappelle, plus encore qu'Uber, les principes du porte-monnaie mobile M-Pesa, qui remplit une fonction similaire dans le domaine bancaire. L'immense succès de ce dispositif peut donner espoir pour sa déclinaison dans l'assurance, bien que, à 15 ans d'écart, on puisse s'interroger sur la réelle nécessité de miser sur une relation face à face pour ces services (je ne suis d'ailleurs pas certain que le réseau d'opérateurs du système kenyan soit toujours aussi crucial).
Quoi qu'il en soit, la compagnie a des ambitions en vue de prolonger son concept. Outre la prise en charge d'actes supplémentaires, dont la déclaration de sinistre, elle envisage de l'adapter à d'autres segments, tels que la santé ou les garanties des PME, dans une démarche qui, au-delà de sa valeur commerciale, représente potentiellement un enjeu d'inclusion et de bien-être des populations, en particulier rurales.