Album - Issara - 222

Publié le 29 février 2024 par Concerts-Review

Née à Bangkok, Issara ('liberté' en thaï, c'est plus facile que Émilie Harnsongkram, son nom en vrai) grandit à Seattle de père thaïlandais et mère française; elle taille sa route aujourd'hui en Manche dont elle va gagner la 1ère (minimum).

Elle chante à l'église aux USA dès l'âge de 3 ans et s'emploie en chorale. Elle interprète sa première chanson, composée à 13 ans.
Puis elle collabore avec plusieurs producteurs et artistes : Jonny Durango, Emilio Santiago, le DJ berlinois Chymera, en 2012, sur l'album The Chase avec lequel elle co-écrit 'Death by misadventure' et chante 'Ben oui!' sur "Chapitre 7" de MC Solaar.
En 2019, elle publie l'EP "Rebirth".
Elle atteint aujourd'hui un niveau de première de la classe, en gospel et soul funk music, mâtinés de pop-rock, et ça pétille grave.

Elle fait les comptes de ce melting-pot et arrive à la somme de '222' qui intitule son album... toutoutout, non, il ne mord pas mais il a du chien, et caresse même dans le sens du poil pour qui aime le son Motown.

La pochette au look sixties vise sa musique, un peu rétro.
En haut, la production précise 'Stereo - New high fidelity recording'. '222 Issara' apparait en dessous, en esthétique arrondie de couleur blanche.
Puis 3 photos-maton qu'on mate, présentent l'artiste de face, profil et 3/4 portant des énormes boucles d'oreille roses, comme son chandail.

Quoi de mieux que de commencer par une cavalcade? ' Ride' en est une! Un piano électrique, en ébullition, soulève les premières notes liées.
Le rythme, particulièrement groovy, mélange hand-claps et grosse caisse, puis caisse claire à l'arrivée d'un orgue chaud et de quelques pointes de guitare.
La voix, haute, mélange fragilité, émotion et énergie. Sur le refrain, la mélodie, pleine d'entrain, bouillonne avec conviction... ça démarre fort!

Des coups sur le cercle marquent comme la grosse aiguille d'une horloge, derrière la voix douce, avant le départ d'un rythme invariable avec une entente parfaite grosse caisse et basse dodue.
On passe à'Rise up' après 'Ride', confirmation de cette intention d'élévation.
La guitare, aux accents très sixties, presque rockabilly, accentue l'effet joyeux porté par un chant rempli de grâce 'Let it shine, let it shine, let it shine'.

Cette fois, la guitare prend les devants avec un arpège accrocheur en guise d'intro à ' Phoenix' à nouveau porté vers l'ascension.
La rythmique procure une belle assise pour une guitare funky et l'orgue joue dans l'écho. La gratte n'hésite pas à aboyer par instants.
Quant à Issara, elle maitrise totalement la fragilité de son chant qui finalement diffuse beaucoup de tendresse.
Le refrain, catchy, incite aux secousses et déhanchements désinvoltes. Un titre brûlant, comme l'oiseau de feu, continuellement à la relance.

' Love' bouleverse par le vibrato et la modulation de la voix d'Issara.
La rythmique enfonce le clou en jouant simple et profond. La gratte écorche dans des élans dramatiques, l'orgue caresse. Un beau moment d'émotion partagée.

'I see you' propose une ballade mid-tempo, un peu west coast, des plus relaxantes.
L'instrumentation, en suspension, laisse le chant promener l'auditeur avec délicatesse.

La guitare, giflée vivement, lance ' Woman' sur des intonations soul, frisant le disco au moment du refrain, où guitare et orgue se lâchent et les chœurs soutiennent la chaleur du chant d'Issara..
La batterie maintient le cap à la grosse caisse, bien aidée par une basse bedonnante, et libère de discrets coups nourris sur la Charley. Une belle affirmation de féminité!

Voici venir le morceau le plus rock et pas seulement par son nom ' Rebel'. Il me fait penser au style des frenchy Little Odetta, tout aussi passionné.
Le riff à la guitare défie l'orgue aux couches magmatiques. La batterie libère des frappes puissantes et des roulements. La woman s'affirme donc rebelle.
Au bout, le solo de gratte et le chant s'enflamment, projetant le final sur un tapis de braises. Un brûlot!

Une ballade poignante, très sixties à nouveau, avec son piano électrique, atteint l'âme.
On a beau se dire qu'on connait ce type de composition, on se laisse totalement prendre par ' Sun & Moon' et son interprétation frissonnante.

Une guitare à effets gonfle l'intro de ' Universe' marqué par un rythme monolithique.
Lorsque le refrain se met à glisser sur l'orgue chaudement fluide et la guitare, au wah wha funky à souhait, l'euphorie nous gagne et nous fait danser.
Issara chante du bout de ses cordes en les faisant vibrer puis des choeurs gospel montent au firmament sur un son de gratte excitant.

' Home', au piano électrique larmoyant, commence comme une déchirure.
La modulation de la voix, si délicate, accapare toute notre attention.
Quelques finger-snaps rythment ensuite doucement l'instrumentation, totalement dépouillée, jusqu'à mi-morceau où la grosse basse gonfle les larmes.
En conclusion, une guitare acoustique lance des harmonies explosives invitant chorale en neige, orgue sonnant et rythmique coulante.

Une autre, une autre! Oui, il y a une bonus track ' Missed you', une autre chanson d'amour émouvante, portée par une voix aussi vibrante que troublante, accompagnée d'un piano tendrement percussif.
Une guitare, au loin, s'apitoie alors que le final touche au plus au point. Dis-moi le contraire!

On l'a désigné tout récemment disque du mois dans notre émission 'Space Monkey' tellement on aime tout tout tout de ce disque délicieusement rétro.
Issara dégage une personnalité attachante et même séduisante qu'on a envie de suivre.

1-Ride 03:57
2-Rise Up 04:01
3-Phoenix 04:11
4-Love 04:23
5-I See You 04:33
6-Woman 03:58
7-Rebel 03:33
8-Sun & Moon 03:33
9-Universe 04:24
10-Home 05:18
11-Missed You (Bonus Track) 04:40
Ecrit par Issara et co-écrit par Jack Bowman (1, 9, 10, 11)
Arrangements par Jack Bowman sauf 4 par Jack Bowman et Pierre Szabo et 7 Jack Bowman et Florent Lionnet

Nicolas Poirel Basse (sauf 11)
Gaël Cadoux Claviers (sauf 11)
Jack Bowman claviers et basse (11) + batterie
Eddy Leclerc Guitare (sauf 5 et 10)
Kevin Gervaise Guitare sur 5 et 10
Rémi Roux-Probel percussions (sur 3, 5, 6, 9)

Production et mixage Jack Bowman
Masterisation Robin Vandamme
Photographie Julia Grandperret